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Jacques LE GOFF, « CAPÉTIENS (987-1498) », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 25 septembre 2021. URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/capetiens/


EXTRAIT


Plus que du changement de branche dynastique en 1328, c’est de la mort de Philippe le Bel que datent aussi bien les signes manifestes de crise de la monarchie que les efforts d’adaptation du gouvernement royal à la gestion d’un État moderne. Alimenter régulièrement les finances par la levée d’impôts permanents, organiser le gouvernement et l’administration (notamment, en matière de justice, par la consolidation du Parlement), défendre le royaume grâce à une armée régulière, associer l’élite sociale du pays à l’action de la Couronne, surtout en période de difficultés, tel fut le programme de plus en plus conscient et systématique des rois capétiens et de leurs conseillers.

Mais ils se heurtèrent à une triple série de difficultés. La crise économique du xive siècle et les conséquences de la Grande Peste affaiblirent le potentiel matériel et démographique du royaume. Les luttes sociales (réaction seigneuriale, jacquerie, émeutes urbaines) entravèrent l’établissement de l’absolutisme royal. La guerre réveillée avec l’Angleterre prit la forme d’un duel engageant l’existence de la dynastie et l’indépendance de la couronne de France.

Ce n’est que dans la seconde moitié du xve siècle que la dynastie put surmonter ces épreuves : liquider à son profit la guerre de Cent Ans, vaincre les dernières résistances intérieures, favoriser la reprise économique et démographique et même, en se lançant dans l’aventure des guerres d’Italie, pénétrer du même coup dans le monde de la Renaissance.


L’action de la monarchie

Le premier problème qui se pose de façon urgente aux Capétiens après 1314, c’est celui de trouver de l’argent pour subvenir à un train royal de plus en plus fastueux, pour rémunérer fonctionnaires et soldats, de plus en plus nombreux. Entre 1332 et 1344, les recettes royales augmentent de 158 000 livres et les dépenses de 440 000 livres. Pour faire face à cet accroissement, pour financer la guerr […]


Écrit par :
Jacques LE GOFF : directeur d’études à l’École pratique des hautes études

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