Par Michel foucher, auteur et coordonnateur de l’ouvrage collectif «Atlas de l’influence française au XXIe siècle»

« Être influent aujourd’hui, c’est agir comme décideur et être perçu comme tel, avec quelques autres. C’est donc produire des idées qui intéressent les autres. Ne pas cesser de penser le monde. En lançant des entreprises qui nous dépassent »

« En fait, on fait une confusion entre présence dans le monde et influence sur la scène internationale. La présence française est comme chacun sait, ancienne, multiforme, évolutive, et tente aujourd’hui de s’adapter. L’influence, elle, a quelque chose de plus. C’est la transformation de certains éléments de la présence en véritables références universelles ou nationales pour les pays étrangers. Par exemple, à titre de comparaison, on peut être présent dans un Etat, y vendre des produits et repartir. Etre influent, c’est venir avec une valise pleine d’idées et laisser la valise sur place.

Le cas du Brésil est de ce point de vue très parlant. Sur le drapeau national, la devise est «ordre et progrès». Or, cela vient d’Auguste Comte (philosophe, père du positivisme, NDLR). Cela signifie que les élites brésiliennes depuis plus d’un siècle ont installé dans leurs systèmes de formation des références françaises dans toute une série de domaines. Il y a quelques semaines, la présidente Dilma Rousseff a demandé à François Hollande d’organiser la visite en France de 10.000 étudiants brésiliens pour un long séjour de travail. En fait, tout cela est la condition même de la poursuite de notre collaboration industrielle et technique.

Ce qu’on attend de la France, c’est donc aussi de continuer d’avoir des idées dans ses valises de voyageur, de proposer des idées qui intéressent les autres et de collaborer avec eux pour les mettre en œuvre. La France a une image de lieu où l’on pense ».


Michel Foucher, géographe et diplomate, va à l’encontre de bien des idées reçues, en particulier celle toujours rebattue que la France serait en forte perte de vitesse dans le monde. Pour l’auteur de l’«Atlas de l’influence française au XXIe siècle» (et tous les collaborateurs de cet ouvrage collectif), le problème serait plutôt que le pays ignore, ou pour le moins exploite mal, ses atouts.