Du 10 mai au 25 juin 1940, l’armée allemande déplore 212 000 soldats hors de combat (49 000 tués et 163 000 blessés), 1800 chars détruits ou endommagés sur 3 039 engagés, sans oublier 1 559 avions abattus ou endommagés sur 3 900 engagés

La Bataille de France jour après jour (Dominique LORMIER, 2010).
Éditeur ‏ : ‎ Cherche Midi (22 avril 2010)
Langue ‏ : ‎ Français
Broché ‏ : ‎ 624 pages

Quatrième de couverture

Cet ouvrage passionnant, richement documenté d’archives et de témoignages souvent inédits, balaie toutes les idées reçues sur cette bataille, souvent présentée comme une simple promenade militaire pour l’armée allemande. C’est oublier que durant ces six semaines de campagne les pertes militaires allemandes ont été proportionnellement plus élevées que les six premiers mois de guerre sur le front russe en 1941 et que les trois mois de la bataille de Normandie en 1944. On découvre ainsi une suite de combats méconnus, soulignant la résistance héroïque des troupes françaises.

Dominique Lormier met en évidence, chiffres et preuves à l’appui, que le sacrifice de l’armée française en mai-juin 1940 a en grande partie sauvegardé la Grande-Bretagne de l’invasion allemande, comme l’a reconnu Winston Churchill. À la fin de juin 1940, la Luftwaffe ne possède plus que 841 bombardiers opérationnels et un peu plus de 700 chasseurs. Près de 1 600 avions allemands ont été détruits ou endommagés du 10 mai au 25 juin 1940


INTRODUCTION

A en croire  certains « historiens » anglo-américains, la campagne de 1940 n’aurait été qu’une simple promenade de santé pour l’armée allemande.

La bataille de France de   mai-juin 1940 est l’un des sujets les plus méconnus de la Seconde Guerre mondiale. La mémoire collective n’a retenu de cet événement tragique que l’image d’une débâcle générale, marquée par l’effondrement de l’armée française en quelques jours. Les clichés ne manquent pas pour fustiger la prétendue couardise du soldat français en 1940. De fait, le sujet est souvent tabou, comme s’il s’agissait d’un secret de famille honteux. Pour beaucoup, cette bataille de  six semaines  évoque  uniquement l’exode  et la défaite.  A en croire  certains « historiens » anglo-américains, la campagne de 1940 n’aurait été qu’une simple promenade de santé pour l’armée allemande.

Cet ouvrage, reposant  en  grande  partie sur des archives  et des témoignages  souvent inédits des deux camps, balaye toutes les idées reçues sur  cette  bataille.  On  découvre  que, durant les six semaines de combat de mai-juin 1940, les pertes militaires allemandes ont été proportionnellement  plus élevées  que les six  premiers mois de guerre sur le front  russe en  1941 : 4 711 soldats allemands sont tués ou blessés par jour en mai-juin 1940 contre 4 222 en juin­ novembre 1941. L’ensemble des pertes militaires  alliées  et  germano-italiennes  en  mai-juin  1940 sont également plus lourdes que les trois mois de la bataille  de  Normandie  en juin-août  1944  : 610 500 soldats alliés et germano-italiens hors de combat (tués ou blessés) en mai-juin 1940, contre  466  000 victimes militaires allemandes  et alliées  (tués ou  blessés) en juin-août  1944.

Fait totalement méconnu, l’hécatombe de mai-j uin 1940 est proportionnellement supérieure à la bataille de Verdun en 1916 et à celle de Stalingrad en 1942-1943 : 13 566 soldats axistes et alliés sont tués ou blessés par jour en mai-juin 1940, contre 3 000 à Verdun en février­ décembre 1916 et 8 600 à Stalingrad en septembre 1942-février 1943 ! Le général allemand Heinz Guderian écrit que « la bataille de France de mai-juin 1940 a été marquée par une suite ininterrompue de combats particulièrement sanglants ». Du 10 mai au 25 juin 1940, l’armée allemande déplore 212 000 soldats hors de combat (49 000 tués et 163 000 blessés), 1800 chars détruits ou endommagés sur 3 039 engagés, sans oublier 1 559 avions abattus ou endommagés sur 3 900 engagés. L’armée française compte de son côté 342 000 soldats hors de combat (92 000 tués et 250 000 blessés), 1 900 chars perdus sur 2 262 engagés et 892 avions hors de combat sur 1 300 engagés. Durant cette même campagne, les pertes militaires britanniques, belges et hollandaises réunies atteignent 50 300 soldats hors de combat (13 900 tués et 36 400 blessés). Il convient d’y ajouter 6 200 soldats italiens tués ou blessés.

En consultant les archives militaires allemandes, on découvre une autre image de cette bataille. Les journaux de guerre des unités de la Wehrmacht soulignent l’ampleur des pertes dans leurs rangs, la résistance héroïque des troupes françaises, la violence inouïe des combats.

En consultant les archives militaires allemandes, on découvre une autre image de cette bataille. Les journaux de guerre des unités de la Wehrmacht soulignent l’ampleur des pertes dans leurs rangs, la résistance héroïque des troupes françaises, la violence inouïe des combats.

Le général Erwin Rommel rend lui-même hommage à la bravoure des soldats français de 1940 : « Sur les flancs de la Meuse, dans les fortifications de campagne et dans les maisons fortifiées, les soldats français ont combattu avec une extraordinaire habileté et opiniâtrement, et ils ont causé des pertes élevées à nos troupes. Les attaques de chars français et d’infanterie sur la rive ouest de la Meuse n’ont été repoussées qu’avec peine. Au sud de la Somme, les troupes coloniales françaises , en grande partie noire, ont combattu  avec un acharnement extraordinaire. Les unités antichars françaises et les équipages de chars français se sont partout battus avec courage et ont causé des pertes élevées à nos troupes. »

De son  côté, le  général  Heinz  Guderian souligne  qu’en  « dépit  d’énormes  erreurs tactiques du commandement allié, les soldats français de 1940 ont opposé une résistance extrêmement coriace, avec un esprit de sacrifice extraordinaire, digne des poilus de Verdun en 1916 ».

Des chiffres et des faits ? Du 12 au  15 mai 1940, le 16e corps d’armée du général allemand Hoepner, engagée contre l’armée française en Belgique, déplore la perte de 226 chars sur 664 disponibles. Le 1er bataillon allemand du 12e régiment de chasseurs, fort au début de 900 hommes, est réduit à 35 survivants en deux jours de combat. Le 15 mai au soir, la 4e panzerdivision, composée à l’origine de 323 chars, ne compte plus que 137 chars opérationnels. On pourrait multiplier les exemples.

On a affirmé que 70 000 soldats français se seraient débandés dans le secteur de Sedan en  mai  1940  alors que les  études  sérieuses et  récentes  réduisent  ce  chiffre  à  un millier d’hommes, principalement artilleurs, traumatisés et assommés par les attaques des bombardiers allemands. Pendant ce temps, des dizaines de milliers de soldats français faisaient leur devoir en luttant avec rage sur la ligne de front de Sedan et ses environs. Des défaillances il y en a eu, mais beaucoup moins que certaines affirmations tonitruantes et douteuses. De même que des unités allemandes se sont débandées lors de l’apparition des puissants chars lourds français B1 bis, à Stonne et Abbeville en mai 1940. La peur appartient à tout le monde.

Des auteurs et historiens sérieux ont eu le courage de remettre en cause les clichés véhiculés depuis des années sur la bataille de France de 1940. Ils méritent d’être cités dans cette introduction : Roger Bruge, Patrick de Gmeline, François Vauvillier, Gérard Saint-Martin, Jean­ Paul Pallud, Yves Buffetaut, Henry de Wailly, Marc-André Fabre, Jean Delmas, Paul Devautour, Étienne Plan, Erik Barbanson, Régis Potié, Bernard Horen, Michel Baudier, Stéphane Bonnaud, Jean-Yves Mary, Alain Hohnadel, Jean-Robert Gorce, Jacques Riboud, Pierre Vasselle, Claude Paillat, Jean-Pierre Richardot, Jean-Paul Autant, Jean-Pierre Levieux, Jean-Louis Crémieux­ Brilhac,Jacques Belle et quelques autres.

« L’effondrement de l’armée française n’est pas à imputer aux soldats, mais à leur commandement. Quand on les a engagés à bon escient, en effet, ces hommes ont toujours donné des exemples étonnants de bravoure. »

L’historien allemand Karl-Heinz Frieser écrit : « L’effondrement de l’armée française n’est pas à imputer aux soldats, mais à leur commandement. Quand on les a engagés à bon escient, en effet, ces hommes ont toujours donné des exemples étonnants de bravoure. »

Cependant, nombreux sont les « historiens », largement médiatisés, qui n’ont fait que reprendre les imageries officielles d’une défaite honteuse pour l’armée française, qui se déroule comme un film de propagande hitlérienne, montrant uniquement la percée foudroyante des panzerdivisions dans les Ardennes , l’exode des populations civiles fuyant l’invasion allemande, le repli des unités alliées, l’omniprésence de la Luftwaffe dans le ciel, les importantes colonnes de prisonniers français fin juin, le défilé de la Wehrmacht sur les Champs-Élysées, la signature de l’armistice à Rethondes.

L’historiographie abonde également en qualificatifs sans aucune nuance : « débandade générale », « défaite historique », « catastrophe sans précédent », « sévère déculottée », « décomposition de toute l’armée », « défaitisme et couardise du soldat français », « troupeau de fuyards apeurés », « sauve-qui-peut général », « promenade militaire de la Wehrmacht »…

William Langer souligne « qu’en moins de six semaines, l’une des principales puissances du monde disparut de la scène internationales ». Henri Amouroux, pourtant mesuré et nuancé sur cette période, parle de « peuple du désastre » et écrit que, dès « les premiers coups frappés, l’armée française n’est plus qu’un grand corps brisé,tronçonné,qui réagit par soubresauts ».

Les auteurs anglo-américains se sont spécialisés dans une approche réductionniste, dont l’historien Robert Paxton, qui s’interroge sur la « funeste panique » de l’armée française. Sir Basil Liddell Hart ironise sur « l’effondrement rapide de la première armée du monde » et s’attarde longuement sur le sauvetage de l’armée britannique à Dunkerque. L’Allemand August von Kageneck, qui n’a pourtant pas participé à la campagne de 1940, mais que l’on cite abondamment comme témoin de référence de la Wehrmacht sur cette période, véhicule également l’image d’une débandade générale de l’armée française et d’un triomphe facile de la Wehrmacht. Un livre entier ne suffirait pas à relever les citations frappant d’infamie l’armée française de 1940 depuis soixante-dix ans.

Les manuels scolaires, même les plus récents, ne sont pas plus objectifs  : la résistance, les combats et le sacrifice de l’armée française passent aux oubliettes, la débâcle et l’armistice occupent l’essentiel de la période de mai-juin 1940.

À en croire les principaux ouvrages publiés sur la Seconde Guerre mondiale, l’armée française se serait effondrée en quelques jours, la Wehrmacht n’aurait rencontré qu’une très faible résistance, l’armée britannique rembarquant ensuite à Dunkerque et les Allemands entrant dans Paris peu après. Les pertes allemandes seraient ridiculement faibles. En bref, l’armée française aurait rapidement capitulé sans avoir réellement combattu.

Lors de la crise irakienne de 2003, les médias et les politiques américains, comme Donald Rumsfeld, ont fustigé l’attitude pacifique de la France, en mettant en avant « la lâcheté historique des paniquards de 1940 ». La légende a la vie dure… Les blagues de l’administration américaine ne font pas non plus dans la dentelle : « Savez-vous pourquoi l’Allemagne a mis trois jours pour envahir la France ? Parce qu’il y avait du brouillard », ou plus féroce encore : « Quelle est la principale compétence d’un officier qui sort de Saint-Cyr ? Savoir dire « je me rends » en au moins dix-sept langues9. »

Les civils, témoins des semaines terribles de mai-juin 1940, n’ont vu de cette campagne que son aspect le plus pénible et parfois le plus dégradant : replis de certaines troupes décimées et démoralisées, omniprésence de l’aviation et des colonnes motorisées allemandes… La légende d’une débâcle générale de l’armée française a, en partie, trouvé là son terreau.

Certains hommes politiques français de la Ille République, ayant publié leurs souvenirs, ont souvent cherché à minimiser leurs responsabilités dans la défaite de 1940, en mettant en avant « la débandade et l’incompétence de l’armée ». Même attitude chez certains généraux français de premier plan qui, comme le commandant en chef Maurice Gamelin, se déchargent sur la troupe,fustigent « la défaillance des soldats ».

Certains « historiens » vont même jusqu’à affirmer que les Alliés disposaient d’une écrasante supériorité numérique en mai 1940, afin de mettre plus en évidence l’impardonnable défaite militaire française.

Pour mieux souligner la lâcheté de l’armée française de 1940, certains auteurs mettent en avant le nombre des prisonniers français capturés par la Werhmacht lors de cette bataille. Du 15 au 25 juin 1940, les troupes françaises, dépourvues le plus souvent de véhicules et de munitions, doivent se replier dans des conditions extrêmement difficiles, livrées le plus souvent à elles­ mêmes. Beaucoup d’entre elles sont capturées par des unités motorisées allemandes plus rapides. Le plus grave vient du maréchal Pétain lui-même qui, le 17 juin, annonce à la  radio « qu’il faut cesser le combat » alors que l’armistice n’a même pas été signé et ne prendra réellement effet que le 25 juin. C’est un véritable coup de poignard dans le dos !

« Cette phrase malheureuse fut aggravée, écrit Bernard Horen, ce que beaucoup ignorent, par la dépêche du même jour du général Colson, ministre de la Guerre du nouveau gouvernement Pétain, interdisant tout repli des autorités civiles et militaires en cas d’arrivée de l’ennemi. Et c’est pourquoi des troupes seront encasernées , en attendant l’arrivée de l’ennemi (quelquefois un simple motard allemand) avec les armes cadenassées aux râteliers, comme si on craignait de leur part un dernier sursaut… »

Le 18 juin 1940, le gouvernement Pétain ne trouve rien de mieux que d’ordonner à la troupe française d’éviter de faire sauter les ponts et de ne pas défendre les villes de plus de 20 000 habitants, permettant ainsi à la Wehrmacht de progresser plus rapidement et de faire de nombreux prisonniers français. C’est ainsi que sur les 1 500 000 soldats français prisonniers à l’issue de la bataille de France, 1 100 000 ont été capturés par la Wehrmacht du 18 au 25 juin 1940, grâce la complicité d’une clique de défaitistes  !

Les véritables causes de la défaite française de 1940 sont à rechercher dans les erreurs tactiques et stratégiques du commandement allié, la faiblesse et la médiocrité d’une partie de l’armement  et de  l’équipement  français, la  redoutable  efficacité  de  la  machine  de  guerre allemande, rompue à la guerre éclair,dirigée par des généraux à l’esprit moderne et offensif.

Cet ouvrage met également en évidence que le sacrifice de l’armée française en 1940 a en grande partie sauvé la Grande-Bretagne de l’invasion allemande,comme l’a reconnu Winston Churchill. Le 6 juin 2000, le prince  Charles d’Angleterre soulignait de son côté que « sans Dunkerque, il n’y aurait pas eu le 6 juin 1944 ». Or, la plus grande partie du corps expéditionnaire britannique, formant l’essentiel de l’armée anglaise de l’époque en Europe, parvient à s’échapper de la poche de Dunkerque grâce, notamment, au sacrifice de plusieurs divisions françaises chargées de défendre le secteur défensif contre la Wehrmacht. À la fin de juin 1940, la Luftwaffe n’a plus que 841 bombardiers opérationnels et un peu plus de 700 chasseurs. Environ 1600 avions allemands ont été détruits ou endommagés du 10 mai au 25 juin 1940. « Le 3 août 1940, écrit Jean-Louis Crémieux-Brilhac, au moment d’engager la bataille aérienne décisive contre la Grande-Bretagne et en dépit de ses moyens énormes pour l’époque, la Luftwaffe n’avait reconstitué ses effectifs du 10 mai ni pour la chasse ni pour les bombardements et elle était à court de pilotes.»

Il est temps de réhabiliter les combattants français de 1940, si injustement décriés. Il est temps d’éclairer le public français sur cette période de notre histoire oubliée, dissimulée ou tronquée depuis soixante-dix ans

Il est temps de réhabiliter les combattants français de 1940, si injustement décriés. Il est temps d’éclairer le public français sur cette période de notre histoire oubliée, dissimulée ou tronquée depuis soixante-dix ans, alors que des dizaines de milliers de familles ont pleuré leurs morts en silence, dans l’indifférence quasi générale.

Cet ouvrage est une contribution à une meilleure connaissance de la résistance héroïque de l’armée française en 1940. C’est également un hommage à tous les soldats français et alliés qui ont payé de leur vie durant cette période. Cet ouvrage répare ainsi l’une des plus grandes injustices de l’histoire du XXe siècle.


Biographie de l’auteur

Reconnu comme l’un des meilleurs spécialistes de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale, Dominique Lormier dit « L’homme aux 100 livres », historien et écrivain, est l’auteur d’une centaine d’ouvrages. Membre de l’Institut Jean Moulin, il a obtenu en 2006 le prix de la Légion d’honneur pour son œuvre historique, faisant autorité en la matière.

(1 commentaire)

  1. On devrait en toucher deux mots au Puy du Fou , pour faire une série de films afin de rétablir la vérité historique .

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