via Encyclopædia Universalis


Pierre GOBERT, « FONTENOY BATAILLE DE (1745) », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 22 octobre 2022. URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/bataille-de-fontenoy/


PREMIERE PAGE

Fait d’armes le plus éclatant de la guerre de Succession d’Autriche, la bataille de Fontenoy est typique de la guerre en dentelles. L’armée française, commandée par le maréchal de Saxe alors hydropique mais resté plein d’ardeur, doit agir dans les Pays-Bas contre l’armée des Coalisés commandée par le duc de Cumberland, fils de George II. Avec ses 75 000 hommes, Maurice de Saxe investit Tournai, que son adversaire tente de secourir avec 55 000 hommes, Anglais, Hollandais, Hanovriens et Autrichiens. L’armée française est disposée en équerre sur la rive est de l’Escaut, sa droite appuyée au village d’Antoing, son centre face au village de Fontenoy, sa gauche au mont de la Trinité. Ce dispositif est couvert par des redoutes et fortement garni d’artillerie. Une telle concentration de troupes dans un champ clos de deux kilomètres carrés rappelle le Moyen Âge. Tel Jean le Bon à Poitiers, Louis XV est venu avec le dauphin pour en découdre avec les Anglais ; il prendra moins de risques. L’armée anglaise attaque en rangs serrés et, malgré des pertes sévères causées par l’artillerie des Français, parvient au contact de leur première ligne. Ici se place le célèbre échange de politesses (« Messieurs des gardes françaises, tirez ! », s’écrie lord Hay en ôtant son chapeau ; « Messieurs les Anglais, nous ne tirons jamais les premiers », répond aussi courtoisement le comte d’Auteroche). En réalité, une ordonnance surannée, et absurde depuis que la cadence de tir s’est un peu accélérée, prescrit à l’infanterie française d’essuyer le premier feu. Le tir des Anglais fauche le premier rang des Français dont le centre part à la débandade. Les Anglais poursuivent leur avance à pas lents, en tirant bas et droit, pénétrant profondément au centre du dispositif français, où ils finissent par former un carré de 15 000 hommes. C’est en vain que les escadrons français, l’un après l’autre, s’élancent vaillamment à l’assaut de ce carré aux feux meurtriers. Mais le maréchal de Saxe, reprenant la situation en main, coordonne ces charges décousues et les fait appuyer par de l’artillerie portée en avant. Dès lors, un ouragan de feu, d’hommes et de chevaux s’abat sur les Anglais, les broie et les disperse. L’histoire militaire offre peu d’exemples d’un revirement aussi décisif.

La victoire de Fontenoy, qui coûte 15 000 hommes aux Coalisés et 7 000 aux Français, vaut à Louis XV la conquête de la Flandre. Elle est restée populaire en France, car elle flatte vivement l’esprit national : c’est la seule des Temps modernes qu’un roi de France ait gagnée « en personne » contre les Anglais. Cette victoire n’est pas due à une manœuvre habile : l’armement et la tactique alors en usage ne s’y prêtaient guère. Elle montre que, pour le moment, c’est le feu, et non le mouvement, qui est le facteur prépondérant du combat.

Écrit par :
Pierre GOBERT : ancien élève de l’École polytechnique, général

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