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Alain GALOIN, « La guerre de Vendée », Histoire par l’image [en ligne], consulté le 21/10/2022. URL : histoire-image.org/etudes/guerre-vendee-0


LA MORT DU GÉNÉRAL MOULIN, 8 FÉVRIER 1794. Auteur : BENOIT-LEVY Jules. Date de création : 1900 Date représentée : 08 février 1794. Lieu de conservation : musée d’Art et d’Histoire (Cholet)

En janvier 1794, le général Turreau prend la tête de l’expédition destinée à « détruire la Vendée ». Ses troupes se divisent en « colonnes infernales » qui massacrent la population et incendient les habitations sur leur passage

 

Contexte historique

A l’automne 1793, la Terreur, institution administrative et judiciaire décrétée par la Convention nationale pour épurer le pays de ses ennemis intérieurs, frappe les insurrections royalistes dans l’ouest et le sud-est de la France. Après avoir triomphé depuis mars, l’armée catholique et royale de Vendée, essentiellement composée de paysans, est écrasée par l’armée républicaine à Cholet (17 octobre), puis au Mans (12 décembre). Mais la Convention ne se contente pas de réprimer la révolte ; c’est une éradication complète de la population royaliste qu’elle planifie pour éviter que la guerre civile ne s’étende au reste du territoire. En janvier 1794, le général Turreau prend la tête de l’expédition destinée à « détruire la Vendée ». Ses troupes se divisent en « colonnes infernales » qui massacrent la population et incendient les habitations sur leur passage. Considérablement diminuée et éparpillée, l’armée vendéenne improvise tant bien que mal une défense. Début février, Stofflet décide de reprendre Cholet avec les quelques milliers d’hommes qu’il est parvenu à réunir. La ville est tenue par une petite division de 650 soldats dirigée par le général de brigade Jean-Baptiste Moulin. Elle ne résiste pas à l’assaut que lui donne Stofflet et ses hommes le 8 février. Pour ne pas être capturé, Moulin, déjà atteint de deux balles, se suicide d’un coup de pistolet.


Analyse des images

Le bataillon serré d’assaillants vendéens qui fait irruption à gauche de l’image a fait le vide autour du général Moulin : sa garde décimée gît à ses pieds et les survivants républicains se sont retranchés à l’arrière. Le feu nourri de leurs fusils ne parvient pas à arrêter l’ennemi qui progresse inexorablement, et l’espace qu’ils lui ont abandonné accuse la vulnérabilité de leur général.

L’intensité dramatique de l’image tient en partie à sa construction spatiale : l’effet de clôture rendu par les architectures massives et la configuration étroite du lieu, qui ne laisse aucune issue à la victime, est augmentée par la forte densité des figures. Le désordre de l’action est exprimé par l’éparpillement des personnages, inégalement répartis dans la composition. La violence se traduit par la véhémence des attitudes, dont le caractère démonstratif confine à la théâtralité. Le traitement réaliste de l’image (détails multipliés, exécution soignée), qui trahit l’influence des grands maîtres de la peinture de genre hollandaise, relève d’une vision descriptive de l’évènement.


 

Interprétation

Ces jacqueries paysannes prennent bientôt la forme d’un mouvement contre-révolutionnaire explicitement royaliste et catholique

Avec la Mort du général Moulin Benoît-Levy propose une interprétation patriote du conflit vendéen : il ne représente pas la lutte d’un peuple pour sa sauvegarde, mais l’acte de courage d’un soldat républicain qui a fait le serment de vaincre pour la liberté ou de mourir. Toutes les parties de la peinture sont du reste réglées pour provoquer l’empathie envers le héros : le cadrage, qui introduit le spectateur au cœur de l’action, montre la situation désespérée d’un homme blessé face à une cohorte de bourreaux sans visages, ennemis de la Révolution, dont la férocité se traduit moins dans le profil perdu des têtes que dans celui, acéré, des armes blanches. Le pathétisme de la représentation et son style illusionniste font de Benoît-Levy un représentant du vérisme pictural qui prospère autour de 1900 et qui a trouvé dans l’histoire de la Révolution certains de ses sujets de prédilection. Car il s’agit de rendre vivante et palpable l’histoire séculaire qui légitime la Troisième République, au risque de la partialité.

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