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Alain GALOIN, « La bataille de Valmy – 20 septembre 1792 », Histoire par l’image [en ligne], consulté le 20/10/2022. URL : histoire-image.org/etudes/bataille-valmy-20-septembre-1792


LA BATAILLE DE VALMY. Auteur : VERNET Émile-Jean-Horace, dit Horace Lieu de conservation : National Gallery (Londres) site web Date de création : 1826 Date représentée : 20 septembre 1792 H. : 175 L. : 287 Huile sur toile.

Les troupes de Dumouriez, accourues de Sedan, et celles de Kellermann, venues de Metz, opèrent leur jonction à Sainte-Menehould, en Champagne, le 19 septembre 1792 et arrêtent l’invasion étrangère sur le plateau de Valmy

 

Contexte historique

La fuite du roi en juin 1791 est significative de son refus d’une monarchie constitutionnelle et met en évidence sa collusion avec les puissances étrangères. Le 27 août 1791, la déclaration de Pillnitz, signée par l’Autriche et par la Prusse, marque la volonté des monarques européens d’agir pour le maintien de l’ordre monarchique en France et d’enrayer la contagion révolutionnaire en Europe. La guerre semble dès lors inévitable. Les Girondins veulent répandre les principes de 1789 au-delà des frontières et prônent une guerre de propagande, tandis que le roi voit dans un conflit le seul moyen de rétablir l’absolutisme en France.

Malgré une rude opposition – celle de Robespierre notamment au Club des jacobins –, l’Assemblée législative déclare la guerre au « Roi de Bohême et de Hongrie » le 20 avril 1792. Cependant, l’armée française n’est pas prête à entrer en campagne. Elle compte 133 000 hommes, artilleurs non compris. En son sein coexistent l’ancienne armée royale – les « culs blancs » – et la garde nationale renforcée par l’arrivée de sans-culottes volontaires – les « bluets » –, qui ne sont pas amalgamés à l’armée régulière. Le commandement est désorganisé par l’émigration de nombreux cadres issus de la noblesse : 3 864 officiers n’ont pas pu être remplacés. Le 18 août 1792, une armée de 150 000 Prussiens et Autrichiens placés sous le commandement du duc de Brunswick entre en France, et le début des opérations militaires se révèle rapidement catastrophique : l’ennemi prend Longwy le 20 août, Verdun le 29, et s’ouvre ainsi la route de Paris. Les troupes de Dumouriez, accourues de Sedan, et celles de Kellermann, venues de Metz, opèrent leur jonction à Sainte-Menehould, en Champagne, le 19 septembre 1792 et arrêtent l’invasion étrangère sur le plateau de Valmy. Parmi les jeunes officiers qui accompagnent Kellermann se trouvent deux princes de sang royal : Louis-Philippe d’Orléans, duc de Chartres, et son frère cadet le duc de Montpensier.

Les victoires de Valmy et de Jemmapes, dont Louis-Philippe s’enorgueillit d’avoir été l’un des artisans, tiendront une place privilégiée dans l’idéologie orléaniste. Devenu roi-citoyen en 1830, Louis-Philippe Ier commandera à des artistes tels Horace Vernet, Éloi Firmin Feron ou Henry Scheffer des œuvres où il pose parmi les grandes figures militaires de l’an Ier. Il entend ainsi inscrire son règne dans la continuité de la Révolution et de l’Empire.

LE DUC DE CHARTRES À VALMY. Auteur : FERON Eloi-Firmin. Date de création : 1847 -Date représentée : 20 septembre 1792
Huile sur toile.Titre complet : Le duc de Chartres (futur roi Louis Philippe) et son frère le duc de Montpensier rendant compte de la bataille de Valmy au maréchal de Rochambeau, prés du moulin de Saint-Sauve (20 septembre 1792) – © Photo RMN – Grand Palais – D. Arnaudet – http://www.photo.rmn.fr

Analyse des images

Ces deux œuvres appartiennent à l’abondante iconographie que l’épopée révolutionnaire a suscitée pendant et après la Révolution française.

La Bataille de Valmy a été peinte en 1826 par Horace Vernet (1789-1863). Fils de Carle Vernet et petit-fils de Claude Joseph Vernet, il a suivi les traces de ces deux artistes dans la peinture militaire dont il s’est fait une spécialité. Patriote, bonapartiste, puis orléaniste, il a dirigé l’Académie de France à Rome de 1829 à 1834. Au premier plan du tableau sont figurés des chevaux tués, des morts et des blessés dont, à gauche, le général de Valence, touché à la cuisse, soutenu par des soldats. Au centre, parmi les commandants des corps d’armée, apparaissent le capitaine Sénarmont, Kellermann, son cheval abattu sous lui, le duc de Chartres, jeune général de la Révolution, et son frère cadet le duc de Montpensier. Au deuxième plan se dresse le célèbre moulin de Saint-Sauve ; on aperçoit les volontaires et les vétérans de l’armée royale, les duels d’artillerie et les lignes prussiennes. À l’arrière-plan apparaît le champ de bataille où évoluent les troupes.

La scène qu’a peinte Éloi Firmin Feron (1802-1876) a eu lieu après la victoire de Valmy, à l’arrière du moulin de Saint-Sauve. Debout au centre, le duc de Chartres, accompagné du duc de Montpensier, à cheval, vient rendre compte de la bataille au maréchal de Rochambeau, commandant en chef des armées du Nord, entouré des membres de son état-major. À l’arrière-plan, se détachant sur la plaine champenoise, apparaissent, à droite, les troupes françaises en bon ordre et, à gauche, le village de Valmy.

Ces deux œuvres revêtaient une importance particulière aux yeux du roi Louis-Philippe, dans la mesure où elles le présentaient comme un patriote et justifiaient son adhésion forte à l’idéal révolutionnaire.


Interprétation

« De ce lieu, de ce jour, date une ère nouvelle de l’histoire du monde. »

Les débuts lamentables de la guerre avaient rempli de joie les contre-révolutionnaires, notamment les émigrés de Coblence et les amis de la cour à Paris. Tous rêvaient de ce jour proche où le duc de Brunswick se présenterait en libérateur aux portes de Paris. Malheureusement pour eux, après la prise de Longwy et de Verdun, au lieu de marcher sur Châlons, le duc s’attarde à investir Thionville le 4 septembre. Ce retard permet à Dumouriez de prendre le contrôle des cinq défilés de l’Argonne, « les Thermopyles » de la France menacée par les Austro-Prussiens. Sur le plateau de Valmy où s’était déjà brisée l’invasion d’Attila en 411, il rejoint Kellermann qui a, à ses côtés, le duc de Chartres, qui commande un régiment de cavalerie, et son jeune frère le duc de Montpensier. L’artillerie française est supérieure à celle de l’ennemi, et l’amalgame entre « culs blancs » et « bluets » s’est opéré avec succès. La canonnade ne dure que quelques heures, faisant peu de victimes : 300 morts côté français, 184 dans le camp ennemi. Le courage et le patriotisme enthousiaste des jeunes volontaires de Kellermann surprennent les troupes austro-prussiennes, qui n’ont plus aucune volonté de reprendre le combat. Ainsi Valmy est-il moins une victoire stratégique qu’une victoire morale et politique. Découvrant soudain l’univers révolutionnaire, Goethe, présent sur le théâtre des opérations, constate de façon prémonitoire : « De ce lieu, de ce jour, date une ère nouvelle de l’histoire du monde. » Nonobstant la complaisance de Dumouriez, qui favorise la retraite des troupes de Frédéric-Guillaume II, la victoire de Valmy consacre la chute de la royauté. La Convention proclame la république le 21 septembre 1792.

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