FICHE TYPE D’INVENTAIRE DU PATRIMOINE CULTUREL IMMATERIEL DE LA FRANCE
« JEU DE PAUME ou de COURTE PAUME »

Dès lors, le jeu connut un véritable succès. Il était pratiqué par toutes les couches de la population. Paris comptait pas moins de 250 jeux de paume à la fin du XVIe siècle

Description :
Le jeu de courte paume est une adaptation à un espace intérieur, une salle de jeu, du jeu générique appelé jeu de paume. La courte paume se joue en simple ou en double et consiste à se renvoyer une balle, grâce à une raquette au-dessus d’un filet central. […]

Historique général :
Le jeu de paume est très ancien. Les grecs pratiquent dès l’Antiquité un jeu de balle appelé « La Phaenide » ou « Sphéristique » et les romains des jeux de « pila trigonalis ». Ces jeux ont longtemps été envisagés comme des ancêtres du jeu de paume ; cette origine reste cependant difficile à confirmer. Les premières traces écrites datent du XIIe siècle, et attestent de l’existence du jeu dans l’Europe du Moyen Age. Le terme jeu de paume désigne alors tous les jeux de balle à la main, notamment le jeu de pelote.

A cette époque, le jeu de paume se joue en extérieur, sur des chemins ou des prairies. Sa popularité grandissante le fait pénétrer dans les cités ; au XIIIe siècle, le jeu se joue alors dans les rues, sur les places et les parvis. Mais à partir du XVe siècle, le nombre important de participants rend impossible la pratique du jeu de paume dans les espaces publics. Il devient alors une pratique d’intérieur, dans des salles. Cet enfermement est ce qui caractérise encore aujourd’hui le jeu de paume, qui correspond en fait au jeu dit de « courte paume », en salle ; celui qui perdure en extérieur, qui a conservé toutes les caractéristiques du jeu dans l’espace urbain, est dit jeu de « longue paume ».

A l’origine, le jeu de paume se joue à mains nues, comme l’illustrent les enluminures du début du XIVe siècle. Petit à petit, les joueurs introduisent des instruments de frappe dans la pratique, notamment des gants de plus en plus allongés pour protéger les mains. Puis, les joueurs utilisèrent des battoirs, vecteurs de frappe constitués d’un manche et d’une tête pleine généralement recouverte de parchemin. Chaque région a adopté son propre instrument de frappe, engendrant des variantes importantes dans la pratique. Les battoirs firent place aux raquettes, des manches pourvus de têtes à cordages en chanvre ou en boyau, probablement au cours du XIVe siècle mais la preuve de leur utilisation ne date que de 1505. Durant ce siècle, la raquette devint l’instrument quasi-exclusif du jeu de paume. Jusqu’au milieu du XVIIIe siècle, les raquettes avaient une tête en forme de goutte ; elles ont évolué vers une forme excentrée, un côté presque plat et un autre bombé.

Dès lors, le jeu connut un véritable succès. Il était pratiqué par toutes les couches de la population. Paris comptait pas moins de 250 jeux de paume à la fin du XVIe siècle et les autres villes de France n’étaient pas en reste : une quarantaine à Orléans, 25 à Rouen, une quinzaine à Bordeaux, une trentaine à Rouen, une quinzaine à Bordeaux et Dijon, 13 au Mans, 8 à Bourges, 8 à Angers. Certains jeux de paume étaient également abrités dans des châteaux : Le Louvre, Blois, Saint-Germain-en-Laye, Fontainebleau, etc. De nombreux grands auteurs littéraires ont vanté le jeu de paume, tels Rabelais, La Fontaine, Erasme, Rousseau, etc., ce qui témoigne également de cette popularité du jeu. Nombre de nos expressions langagières proviennent du jeu de paume : « Epater la galerie », « tomber à pic », « prendre la balle au bond », « qui va à la chasse perd sa place », « rester sur le carreau », « bisque, bisque rage », « jeux de mains, jeux de vilain », etc. Enfin, une conséquence également de cette popularité et engouement que suscitait le jeu est la création d’une communauté de maîtres paumiers à Paris dès le XIIIe siècle. Ce corps de métier avait à charge la fabrication des balles, la fourniture des tenues de jeu, l’entretien des salles, l’enseignement du jeu et l’organisation des parties. Les raquetiers, fabricants de raquettes, apparaissent au XVIe siècle. Ainsi, en 1596, le jeu de paume faisait vivre environ 7000 personnes dans la capitale française (maîtres paumiers et leurs assistants, fabricants de filets et tenues de jeu fournisseurs de matériaux). Les paumiers et raquetiers s’unissent en 1690 ; leur but était d’encadrer la production des balles et des raquettes de jeu de paume, des dérives importantes ayant entraîné de nombreux accidents.

Le jeu de paume connut donc un véritable âge d’or jusqu’à la moitié du XVIIe siècle. Des premières traces de déclin se firent sentir vers 1657, avec une régression du nombre de joueurs et une disparition ou désaffection de salles de jeu (114 salles à Paris contre 250 à la fin du siècle précédent). Ce déclin s’explique par plusieurs facteurs historiques. Tout d’abord, l’aristocratie est surtout sur les champs de batailles lors des guerres civiles entre Louis XIII et sa mère, ou contre les villes protestantes, voire encore avec la Fronde pendant la jeunesse de Louis XIV. Des conflits permanents avec l’Espagne jusqu’au mariage de Louis XIV, ainsi que la guerre de trente ans contribuent également à cet éloignement du jeu. De plus, les grandes pestes entre 1616 et 1641 éloignent la clientèle des lieux publics, et notamment des salles de jeu de paume en tant que lieux où l’on transpire dans des vêtements de location. Les deux rois Louis XIII et Louis XIV vont également s’éloigner du jeu de paume en raison de leurs maladies respectives. Cependant, c’est sous leur règne que les parties des meilleurs maîtres paumiers deviennent un spectacle de cour. On exhibe les qualités de ces grands joueurs français aux ambassadeurs ou princes étrangers en visite à Paris. Le maître paumier René Clergé était considéré comme le meilleur joueur en France ; il défiait et battait régulièrement les meilleurs anglais. D’une certaine manière il s’agit des prémices du sport spectacle et du sport professionnel moderne.

Seuls les parisiens continueront à pratiquer le jeu de paume jusqu’à nos jours sans interruption ; en effet, à Pau, Bordeaux ou Fontainebleau, la pratique ne continuera qu’en pointillés. Le nombre des salles de jeu se réduisit à 12 salles à Paris à la veille de la Révolution, puis à une dizaine seulement dans toute la France au cours du XIXe siècle, et enfin à 2 salles dans l’entre-deux guerres. En 1989, la salle de Fontainebleau rouvrit, constituant la troisième salle de jeu de paume en France, avec celle de Paris et de Bordeaux-Mérignac. Dans le Sud-Ouest, la pratique s’est orientée vers des jeux de pelote.

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