
La coopération entre collectivités locales et organisations des sociétés civiles de part et d’autre n’a cessé de se développer depuis un demi-siècle. Les jumelages des années 50 ont fait place à des projets de co-développement et d’investissement collectif qui jouent désormais un rôle déterminant pour des millions d’hommes, de femmes et d’enfants en Afrique subsaharienne. On voit là un effet à la fois paradoxal et logique de l’indépendance: d’égal à égal, intensifier les liens de partenariat. […]
La coopération décentralisée est un instrument de consolidation de la francophonie, d’autant plus que les programmes culturels y tiennent une place significative. […] En cette année du cinquantenaire, je salue donc les initiatives et évènements […]
Jacques Toubon
Ancien ministre,
Secrétaire général du Cinquantenaire des Indépendances Africaines en France
Historique
Dès la proclamation de l’indépendance, des jumelages se sont conclus, le premier datant de 1961, entre Saint‑Etienne et Tamatave. A la fin des années 1980, la région Île-de-France engage un partenariat avec Tananarive. Dans les années 1990, l’évolution réglementaire en France et à Madagascar autorise la création de nombreux partenariats provenant de tous types de collectivités: les collectivités de La Réunion illustrent toute cette diversité d’acteurs: plusieurs projets sont mis en œuvre par le Conseil régional, le Conseil général et de nombreuses communes de l’Ile (La Possession, Le Port, Saint-Denis , etc.).
En 1999, le Finistère et Diego Suarez initient un partenariat basé sur plusieurs secteurs d’activité. Pour sa part, l’Institut régional de coopération-développement d’Alsace (IRCOD) coordonne les engagements de plusieurs collectivités de la région Alsace dans le nord-ouest de l’Ile. Cependant, le véritable boom de la coopération décentralisée débute avec les Assises de 2006. Une vingtaine de régions françaises entrent en jeu, avec l’appui de l’ARF. En outre, un groupe pays « Madagascar » est alors constitué au sein de Cités unies France et une convention de coopération est mise en place le 28 février 2007 entre l’ARF et l’A22RM (association des 22 régions malgaches, devenue en octobre 2010 l’ARegM, l’association des régions malgaches)
État des lieux
On dénombre aujourd’hui la présence à Madagascar de 11 régions françaises, 11 départements, 7 intercommunalités et au moins 22communes. La France représente 95% des partenariats de coopération décentralisée, les 5% restants sont d’origine suisse et norvégienne. Ces collectivités sont inégalement réparties dans l’île, avec une concentration plus importante sur les hauts plateaux et le littoral oriental. En 2010, les montants investis dépassent 5 M€. En 2008, cette somme était de l’ordre de 3,4 M€, ce qui représente une augmentation de près de 50% en deux ans. Le ministère des Affaires étrangères et européennes (MAEE) apporte un soutien essentiel, à travers ses appels à projets. 13 collectivités françaises ont obtenu, grâce à l’appel à projet triennal 2010-2012, un cofinancement de 1,4 M€ (pour un montant total des projets de 6 511 000 €).
Perspectives
Lorsque la situation politique de Madagascar se sera stabilisée, la tenue de nouvelles Assises de la coopération devrait favoriser un nouvel élan de la coopération décentralisée. Il faudra néanmoins pour cela que la décentralisation, inscrite dans le projet de nouvelle constitution, mette bien en place à tous les échelons des élus dotés de moyens effectifs. La coopération décentralisée joue un rôle accru : l’ambassade de France à Tananarive s’implique fortement afin d’optimiser la complémentarité des engagements français; deux assistants techniques auprès des autorités locales contribuent à la mise en œuvre de cette volonté politique.