
La coopération entre collectivités locales et organisations des sociétés civiles de part et d’autre n’a cessé de se développer depuis un demi-siècle. Les jumelages des années 50 ont fait place à des projets de co-développement et d’investissement collectif qui jouent désormais un rôle déterminant pour des millions d’hommes, de femmes et d’enfants en Afrique subsaharienne. On voit là un effet à la fois paradoxal et logique de l’indépendance: d’égal à égal, intensifier les liens de partenariat. […]
La coopération décentralisée est un instrument de consolidation de la francophonie, d’autant plus que les programmes culturels y tiennent une place significative. […] En cette année du cinquantenaire, je salue donc les initiatives et évènements […]
Jacques Toubon
Ancien ministre,
Secrétaire général du Cinquantenaire des Indépendances Africaines en France
Historique
Les premiers jumelages entre des collectivités locales françaises et burkinabés ont vu le jour en 1965. Ces relations, nées d’initiatives citoyennes, étaient alors limitées au domaine culturel et humanitaire. Un des premiers jumelages, Loudun-Ouagadougou, date de 1967. Au Burkina Faso, c’est au cours des années 1990 que la coopération décentralisée est devenue une partie importante de l’appui français au développement.
État des lieux
Les autorités burkinabés ont entamé une politique de décentralisation dite « intégrale » après les élections communales de 2006. C’est ainsi, qu’aujourd’hui le Burkina Faso compte 351 communes, dont 302 communes rurales. Le ministère burkinabé chargé de l’administration territoriale dénombre 164 comités de jumelages franco-burkinabés (partenaires obligés des collectivités locales françaises), mais seulement 110 relations de coopération décentralisées sont réellement vivantes. Elles peuvent se classer en trois catégories:
• approche humanitaire (service sociaux de base: santé, éducation, eau) ;
• approche développement (autres équipements sociaux et productifs, microcrédit, développement rural, développement économique) ;
• approche institutionnelle (gestion communale)
Le développement local étant partie intégrante du développement, les collectivités locales françaises sont devenues des acteurs importants de la coopération française au Burkina Faso.
Perspectives
La détermination des plus hautes autorités burkinabés de consolider la décentralisation représente une solide garantie de pérennité de toutes ces actions de coopération, qui ont aujourd’hui évolué vers un véritable appui à la gestion communale, à la formation des élus locaux et des cadres territoriaux, au développement économique local, à la création d’emplois et à la promotion des femmes. Le gouvernement français apporte un appui essentiel à la cohérence des toutes ces actions. Le ministère des Affaires étrangères et européennes et l’Agence française de
développement ont fait de la décentralisation une priorité de leur intervention au Burkina Faso, notamment pour aider les communes burkinabés à élaborer des plans de développement communaux globaux et cohérents avec la politique nationale de développement, et à se doter d’infrastructures de base en matière d’assainissement et d’eau principalement. Les relations de coopération décentralisée restent, encore aujourd’hui, l’initiative de villes moyennes, plus proches des réalités de terrain et de celles des citoyens. Les collectivités locales, du Nord comme du Sud sont aujourd’hui l’expression la plus riche du dialogue franco-burkinabé, fondé sur le respect de l’autre, le désintérêt et la solidarité. L’essor de la décentralisation, encore nouvelle au Burkina Faso, et la prise en main de leur destin par les populations du Sud ne pourront que renforcer les liens qui unissent les collectivités du Nord et du Sud. Alors que les actions de coopération décentralisées sont encore inégalement réparties sur le territoire burkinabé, peut-être le jour viendra, où, comme le souhaitent les plus hautes autorités burkinabés, chaque commune du Burkina Faso entretiendra des relations de partenariat avec une collectivité locale française