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Bárbara Rosillo, docteure en histoire de l’art
Publié le 04/08/2022 à 15h01, mis à jour le 04/08/2022 à 15h01 • 

La fabrication de perruques devient une grande source de richesse pour la France. La corporation des barbiers-perruquiers est fondée à Paris en 1673. De cette époque date l’inauguration des premiers salons de coiffure

Durant l’Ancien Régime, la calvitie a été le synonyme du déclin physique des hommes des classes supérieures. La perruque, qui permettait de dissimuler ce complexe, est très vite devenue un signe de haute distinction en France, puis en Europe.
 
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Au milieu du XVIIe siècle, la France devient l’arbitre des élégances. Les nouveautés de la cour de France gagnent d’abord Paris, puis le reste de l’Europe, de sorte que le vêtement français devient celui de toute la société au cours du XVIIIe siècle. En Espagne, la nouvelle tenue masculine est dite « à la française » ou « militaire », car empruntée à l’uniforme de l’armée du Roi-Soleil. La perruque est un élément primordial de cette nouvelle tenue.


La mauvaise image de la calvitie

La mode, qui depuis le début du XVIIe siècle consistait pour les hommes à porter les cheveux longs en signe d’autorité et de virilité, permet la diffusion de la perruque, accessoire postiche dont l’emploi se généralise. C’était d’abord une solution pour les nobles qui perdaient leurs cheveux en vieillissant ou en raison d’une alopécie précoce. La calvitie était mal vue, non seulement en raison du préjugé l’associant au déclin physique masculin, mais aussi parce que, bien souvent, elle était une séquelle de la syphilis, maladie vénérienne faisant des ravages à cette époque. 

L’autre raison jouant en faveur de la perruque était le manque d’hygiène, à une époque où le bain était une pratique inhabituelle et jugé nocif pour la santé. Les infestations de poux étant un problème fréquent, la solution consistant à se raser la tête et à la coiffer d’une perruque semblait judicieuse. Car si les poux se nichaient aussi dans les perruques, celles-ci pouvaient être bouillies.


La mode des perruques

En France, le roi Louis XIII décide des modes. Présumant que sa calvitie prématurée peut nuire à son image publique, il décide de la dissimuler sous une chevelure artificielle, provoquant une émulation chez ses courtisans. Quelques décennies plus tard, Louis XIV est confronté au même problème. Car si le roi peut s’enorgueillir d’une belle crinière durant sa jeunesse, il perd ses cheveux après une maladie et décide de recourir à des perruques fabriquées avec des cheveux humains. Quarante fabricants de perruques étaient au service du Roi-Soleil, et on estime qu’il utilisa un millier de postiches au cours de sa vie.

Une fois implantée à la cour, la perruque devient un accessoire convoité par d’autres classes sociales : magistrats, ecclésiastiques, financiers, commerçants, artisans de renom, haute domesticité, sans oublier les perruquiers eux-mêmes. Tous cherchaient à gagner en dignité en imitant leurs supérieurs. Tout Français pouvant se le permettre possédait une perruque. La mode est vite adoptée hors de France ; elle est introduite en Angleterre par le roi Charles II lorsqu’il revient au pays en 1660, après un long exil en France.

Différentes sortes de perruques étaient proposées en fonction de l’activité exercée. La longueur de cheveux adaptée aux extensions capillaires masculins devait être de 70 cm environ, ce qui nécessitait une grande quantité de matériau. Les perruquiers français achetaient des cheveux dans toute l’Europe. Quant à la qualité du cheveu, si le hollandais et le normand étaient très prisés, les cheveux des jeunes paysannes étaient les plus cotés.


Un ornement de luxe

Le goût de la magnificence à la cour de Versailles impose d’énormes perruques de cheveux longs et frisés dites in folio où une abondante crinière se déverse sur les épaules et dans le dos. Pareille chevelure pouvait nécessiter des cheveux issus parfois de dix têtes différentes. Au début, seuls les chevaliers les plus aisés pouvaient se permettre cet ornement au coût très élevé.

Il était aussi courant d’utiliser du crin de cheval et de chèvre, voire les cheveux de personnes défuntes. Le chroniqueur anglais Samuel Pepys explique ainsi qu’en 1665, année de la grande peste de Londres, il se méfie des perruques réalisées avec les cheveux de personnes décédées dans cette épidémie. L’écrivain espagnol Juan de Zabaleta évoque le même thème en se moquant d’un noble, chauve, qui porte une perruque : « À ton oreille te parlent les cheveux d’un mort ou d’un malade ou d’un atrabilaire. […] À force de se regarder dans le miroir, il se console en voyant sa calvitie protégée. »

La fabrication de perruques devient une grande source de richesse pour la France. La corporation des barbiers-perruquiers est fondée à Paris en 1673. De cette époque date l’inauguration des premiers salons de coiffure. Le nombre de maîtres perruquiers est multiplié par quatre en un siècle.

Les annonces paraissant dans la presse jouent un rôle important dans la diffusion de cet accessoire. Le Mercure galant, publié depuis 1672, est la première gazette de mode ; vers la fin du XVIIIe siècle, un nombre significatif de journaux pouvant compter jusqu’à 200 000 lecteurs permet aux fabricants de présenter leurs produits et leurs services. Ils pouvaient ainsi promouvoir de nouveaux modes de consommation et communiquer sur les améliorations apportées à leurs créations, telles qu’une plus grande commodité ou légèreté ou une meilleure adhérence. Le faux cheveu avait désormais l’apparence du vrai.


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