EXTRAIT
L’épopée des croisades a débuté en 1095 avec l’appel du pape Urbain II et s’est étiolée après la bataille de Hattîn, en 1187.
Cette période clé du Moyen-Âge a connu par ailleurs l’épanouissement de l’art roman et de l’art gothique, ainsi que l’émergence de la bourgeoisie. Elle s’est caractérisée par une exceptionnelle poussée démographique de l’Europe avec peut-être un quasi-triplement de la population en trois siècles.
C’est cette croissance démographique qui a rendu possibles les croisades. Ces dernières ont-elles contribué à l’essor de l’Occident ? L’ont-elles au contraire desservi ? Ont-elles affecté le monde islamique ?
André Larané
Byzance sauvée !
Les croisades ont mis en branle dès 1095 plusieurs centaines de milliers de personnes (150 000 pour la première expédition militaire, 200 000 pour la malheureuse expédition de renfort de 1101, sans compter les pèlerinages populaires et les départs par petits groupes). Ces effectifs ont représenté environ 2 à 3% de la population adulte de l’Europe occidentale (environ 30 millions d’âmes) et une proportion beaucoup plus forte encore de la noblesse et de la chevalerie.
Les gens du peuple, pauvres paysans, ont quitté leurs foyers et risqué leur vie pour un pèlerinage d’une durée indéterminée en un pays inconnu et lointain. Ils sont partis pour prier sur le tombeau du Christ, mûs par une foi profonde, sincère et naïve, aujourd’hui difficile à comprendre.
Les guerriers se sont croisés en 1095 pour le même motif mais aussi et avant tout pour sauver l’empire byzantin, menacé d’être submergé par les Turcs Seldjoukides après leur victoire de Malazgerd. Ils y sont parvenus dès leur première expédition et ce succès a eu d’immenses répercussions sur la chrétienté et la civilisation européenne.
En effet, les défaites subies par les Turcs d’Anatolie ont offert aux Byzantins un répit qu’ils ont pu mettre à profit pour transmettre aux Occidentaux l’héritage hellénistique.