via Encyclopædia Universalis


Marie-Madeleine DAVY, Placide DESEILLE, Anselme DIMIER, « CISTERCIENS », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 20 août 2022. URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/cisterciens/

 


Première page

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L’ordre cistercien apparaît, au Moyen Âge, comme l’une des réalisations les plus remarquables de l’idéal monastique. La fondation de Cîteaux (1098) s’inscrit dans le vaste mouvement de retour aux sources authentiques du christianisme, qui caractérise la réforme de l’Église inaugurée par le pape Grégoire VII. Comme beaucoup de rénovateurs de la vie monastique à cette époque, les premiers cisterciens fondent leurs abbayes loin des lieux habités, en quête d’une solitude favorable à une vie vouée à la prière. Mais, à cet élément érémitique, ils unissent harmonieusement l’idéal communautaire formulé par la Règle de saint Benoît, qu’ils se proposent de pratiquer dans toute sa pureté.

Deux éléments achevèrent de donner à l’Ordre sa physionomie originale. D’une part, une législation fondée sur le principe de l’unanimité dans la charité permit de sauvegarder l’autonomie interne des monastères, tout en assurant une centralisation suffisante. Cette Charte de charité exerça une influence profonde sur d’autres ordres religieux. D’autre part, pour animer spirituellement l’institution, une pléiade d’écrivains cisterciens de grande qualité (saint Bernard et son école) élaborèrent une doctrine de l’union mystique avec Dieu, dans laquelle l’influence des Pères latins et celle des Pères grecs se conjuguent en une synthèse unique en Occident.

Après des débuts difficiles, Cîteaux connut, avec l’arrivée de saint Bernard et de ses trente compagnons, une grande prospérité, qui lui permit de fonder coup sur coup quatre abbayes : La Ferté (1113), Pontigny (1114), Clairvaux, dont saint Bernard était l’abbé, et Morimond (1115). Ces quatre abbayes ne tardèrent pas à essaimer à leur tour, couvrant l’Europe de leurs filiales, du Portugal à la Pologne, de la Norvège à la Sicile.

Le monastère cistercien est établi le long d’un cours d’eau, dans une vallée presque toujours éloignée de toute habitation. Il forme un ensemble compact de bâtiments disposés dans le même ordre autour du cloître, généralement situé au sud de l’église, et celle-ci est toujours « orientée », à moins que la configuration du terrain ne s’y oppose. À l’aile orientale du monastère, le bâtiment des moines comporte, au rez-de-chaussée : la sacristie et l’armarium (ou bibliothèque) ; le chapitre ; l’auditorium, où se fait la distribution du travail ; l’escalier du dortoir ; un passage conduisant à l’extérieur ; la salle des moines. Tout l’étage est occupé par le dortoir. Sur la galerie du cloître opposée à l’église donnent : le chauffoir ; le réfectoire, généralement construit perpendiculairement au cloître ; la cuisine. L’aile ouest est occupée par le bâtiment des convers, avec, au rez-de-chaussée : le réfectoire ; puis, séparé par un passage, le cellier, qui s’étend jusqu’à la façade de l’église, et, à l’étage, le dortoir, dans toute la longueur du bâtiment. C’est surtout par leur architecture que les Cisterciens occupent une place importante dans l’histoire de l’art. Mais ils se distinguèrent également dans la fabrication des vitraux et des carreaux vernissés, ainsi que dans l’enluminure des manuscrits.

Au cours des siècles, sous la pression des circonstances historiques, l’Ordre se scinda en deux familles spirituelles, actuellement encore très florissantes l’une et l’autre : le saint ordre de Cîteaux, ou commune observance, et l’ordre des Cisterciens, ou stricte observance, souvent appelés « Trappistes ». À maintes reprises, les Cisterciens ont dû s’adapter à des circonstances nouvelles, tout en s’efforçant, avec plus ou moins de bonheur, de rester fidèles à l’esprit des fondateurs. Le contexte de notre époque les invite à un renouvellement plus profond encore, mais leur fonction propre dans l’Église et dans le monde leur paraît exiger qu’ils maintiennent dans leur vie le primat du culte divin, et, dans le cas de la stricte observance, l’orientation strictement contemplative du premier Cîteaux. […]

Écrit par :
Marie-Madeleine DAVY : maître de recherche au C.N.R.S.
Placide DESEILLE : religieux, professeur à l’université de Lyon-III
Anselme DIMIER : moine cistercien

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