
Histoire des princes de Lusignan
TEXTE INTEGRAL (pages 1-7, OCR)
Le prince-royal Michel de Lusignan est le dernier de cette race glorieuse qui rappelle les croisades et dont les exploits surhumains sont relatés dans le poème de Jean d’Arral en sa langue du XVème siècle
Il y a quelques années, on apprit avec étonnement que l’illustre nom de Lusignan était porté en Italie par un personnage qui, s’intitulait le Prince Léon d’Arménie et de Lusignan. Ce prince mourut à Milan au mois d’Août 1876 laissant 4 enfants : 1. Guy, 2. Marie-Léontine, 3. Léon-Rubens et 4. Pierre, encore mineurs sous la tutele de M, le Chevalier Angelo Zanaboni. Quelques journaux français élevèrent des doutes sur son origine en des termes tels qu’il s’ensuivit un procès en diffamation, auxquels vinrent se méler d’autres acteurs, qui prétendirent être les vrais descendants de la Maison Royale de Chypre. Delà s’est ensuit un proces à Paris contre les frères Kalfa, dits Narbey, pour usurpations de nom et de titres. Carnot était l’avocat des mineurs de Lusignan, M. Lachaud celui de Narbey. L’action est intentée par les héritiers du prince Léon d’Arménie prince de Lusignan, contre les personnes d’origine turque, connues à Paris, sous le nom de Narbey. Un certain Kévork, né à Bagdad en 1802, le père de Nar-Bey, était un pauvre homme, qui ména toute sa vie une existence misérable à Constantinople, tour-à-tour employé chez un quincallier et chez un marchand de drap, Kautur-Ogli, dont il épousa la fille et en prit le nom. Poursuivi pour avoir entretenu des relations coupables avec une femme musulmane, crime frappé de la peine de mort, il s’enfuit en Russie, mais revint à Constantinople, ayant changé de culte, de costume et de nom et s’appela Calfa-Yan, ce qui signifie fils du Contremaître ou charpentier. Il est mort en 1859, laissant 6 enfants, dont 3 sont les NarBey se nommant princes de Lusignan. L’ainé Yussuf, Ussep ou Fersi-José, a exercé d’abord la profession de tailleur à Constantinople. De Kalfa (ou Calfa) il est devenu prince Nar-Bey et en 1878, il arborait les titres de S. A. R. le prince Léon de Lusignan, Prince Royal de Chypre, de Jérusalem et d’Arménie. En 1870, il épousa une veuve anglaise, à la paroisse de Kensington, comté de Middlesex (Londres) sous le nom de prince Nar-Bey. Le 2d fils Artin, a été élevé par charité dans la. communauté des Bénédictins Mekhataristes, à Venise. Artin est devenu le père: Ambroise Calfa. Le père Ambroise jeta le froc, devient commerçant et épouse Rosa Karavasian marchande de pipes turques et d’ambre faux, à Paris, rue Rivoli. Après le père Ambroise Calfa. se transforme en prince Nar-Bey et en prince Guy de Lusignan. L’hôtel de l’avenue d’Eylar devient hotel de Nar. La princesse de Lusignan annonce à grand renfort, de réclames les soirées artistiques dont elle est le plus bel, ornament et convie dans les salons l’élite de la société parisienne, moyennant le prix modeste de 20 francs d’entrée par personne. Qui reconnaîtrait dans ces princes brilliants et remuants le fils du pauvre quincallier Kévork et qui oserait leur rappeler leur origine!! Le 3eme fils, dont le véritable nom est Ohannes Kévork ou Calfa, élevé, comme son frère Artin chez les Mékhitaristes, est devenu prêtre, apostât comme lui, prédicateur de l’Eglise Arménienne (Arméno-Grégorienne) à la chapelle Soup Yeratoutivan (SainteTrinité) du faubourg Péra à Constantinople, a su se faire conférer le titre d’Evêque. Ses frères devenant princes il ne pouvait plus se contenter d’une distinction, purement ecclésiastique; il s’intitule président du SaintSynode arménien de Constantinople, archevêque de Bekchicktache etc. etc. Les habitants stupéfaits, lui font observer que le SaintSynode arménien ne se tient pas à Constantinople mais à Etchmiadzin en Arménie et que le fait d’avoir sa demeure à Bechiktache ne saurait lui créer une diocèse. Ses frères s’appelant Lusignan, il ne peut pas continuer à s’appeler Nar-Bey. Il écrit une lettre au Patriarche arménien dans la quelle il déclare qu’il est oblige, de prendre le nom paternel de Lusignan. Le Patriarche lui répond, qu’il ne pouvait admettre ce changement de nom, jusqu’à ce qu’il eut communiqué au Patriarchat les preuves authentiques de la descendance de la famille. Il a du lire dans «le Temps», une correspondance de SaintPétersbourg :
«qu’il y vit un homme maladif qui pourrait bien être tenté d’offrir aux Anglais une sorte de légalisation de l’acquisition de Chypre. C’est le dernier des Lusignan. Sa descendance des Rois d’Arménie et de Chypre n’est pas sujette à conteste. On le voit se promener dans un uniforme de colonel de hussard, avec une étoile «sur la poitrine etc.».
Immédiatement les Sieurs Nar Bey annoncent que le hussard de St-Pétershourg est leur oncle! On ne s’en était pas douté, mais le hussard de Saint-Petersbourg étant créancier de la Porte d’une bagatelle de 140 millions, on deviendrait à moins son parent. Mais comment le nom de Nar-Bey peut-il signifier Lusignan!! Le «Monde Artiste» en donne l’explication. Lus (de lux, latin) signifie en arménien lumière, et Nar, en arabe, lumière, feu. Bey signifie Prince! C’est clair!! Monseigneur Khorene débarque à Paris. Les journaux en retentissent. Le «Voltaire» sait déjà que Monseigneur Khorene est un esprit libéral. Mais toute médaille a son revers. Le «Pays» s’empresse de publier la lettre officielle du Patriarcat, contenant la défense de porter le titre de prince de Luisignan. Voila donc ou en est cette grande commédie. Il est temps que cela finisse.
Le Tribunal ne permettra pas que l’usurpation se perpétue, au grand dommage de la morale publique. L’auteur de ces prétentions était un aventurier qui n’a jamais appartenu à cette illustre origine et dont toutes les polices d’Europe ont eu à s’occuper. Quant aux héritiers du prince Léon d’Arménie, se nommant prince Korikosz, puis prince de Lusignan, il prétend être né à Ecthémiazin le 18 Août 1821 et être un descendant de Léon IV roi d’Arménie et de Marie de Hongrie, de la famille du roi Louis, issu des Lusignan, de la,princesse Pinad, fille de Leon VI et de la princesse Shahaz d’Arménie, prince de Korikosz. Le titre de Prince Korikoz veut dire prince Dauphin (!?). Korikosz est le nom d’un comté de Cilicie (Petite-Arménie) et le nom de Korikosz était donné aux princes d’Arménie, appelés par leur naissance à l’hérédité de la Couronne. Leur descendance de Léon IV d’Arménie, n’est nullement prouvé. Le dernier roi d’Arménie est mort en 1393 et est enterré à Saint-Dénis. Mais la filiation depuis Léon VI jusqu’au soi-disant Khorene ou Korikosz n’existe pas. L’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres rit beaucoup de l’explication du titre de Korihosz, qui signifierait Dauphin. L’acte de naissance qui devait prouver, soi-disant, que Léon d’Arménie prince Korikosz est né en 1821, est faux!!! Ce Léon a été proclamé roi à la faveur d’une émeute, mais cela n’a pas duré longtemps; il a été expulsé de la Russie, maîtresse de l’Arménie, et depuis il a erré dans toute l’Europe, misérable et vagabond, faisant partout des dupes, emprisonné à Berlin et. traité, en tous lieux, toujours comme un imposteur, et un vagabond. En 1859 il vint se fixer à Milan où il vivait en concubinage avec une blanchisseuse. Il est mort en 1876 à l’hôpital, laissant sa compagne et ses enfants dans la misère. Le seul et unique légitime prince de Lusignan est le prince Michel Prince-Royal de Chypre, Grand-maitre et commandeur de l’Ordre Royal de l’Epée de Chypre (sic.) descendant des anciens défenseurs du Saint-Sepulcre, âgé de 47 ans, appelé à Saint-Pétersbourg toujours «BBICOHECTBO» et. « sLIpaHirL» (altesse-Royale, Prince Royal).
En 1879 il a paru à Saint-Pétersbourg un article dans le célèbre journal le Pojioch (La Voix), édité par Kraïevski et le célèbre Nékrassov au sujet du prince de Lusignan qui vivait et vit encore dans cette ville. J’en donne une traduction, par extrait «L’impuissance de l’Empire Ottoman se montre de plus en plus et son existence ne se soutient que par la politique des autres puissances. Quand l’île de Chypre était sur le point de venir sons l’a domination de l’Angleterre surgirent de nouvelles prétentions au sujet de cetle île, des prétentions non seulement financielles mais encore dynastiques, du côté de la famille de Lusignan, princes royaux de Chypre, de Jérusalem et d’Arménie. Le «Times», a publié une adresse, reproduite dans d’autres journaux, aussi à l’étranger et en Russie qui avait été présentée le 24 juillet 1878 à Lord Salisbury, de 3 personnes qui se nommèrent descendants et successeurs en droite ligne de la famille de Lusignan, qui avait acheté dans le temps l’île de Chypre du roi d’Angleterre Richard-Coeur-de-Lion; cette famille avait régnée 3 siècles sur l’île. Le but de cette adresse, comme l’indiquèrent ceux qui la presentèrent, fut de prouver la justification de leurs droits déclarés dans le temps. Il n’est pas sans intérêt de suivre les bases sur les-quels reposent ces prétentions; ils nous font voir quels sont les preuves sur les-quelles. ils s’appuyent pour faire valoir leurs droits. Comme fils du défunt prince Christodule, «Souverain de l’île de Chypre» comme il est appelé dans un des documents officiels en 1804, tous les droits d’un successeur sont réunis en lui Sa généalogie est produite avec le document, écrit sur parchemin, dressé du 27 juin. Le principal représentant de cette famille, actuellement, est son Altesse-Royale, chef de l’Ordre Suprême de l’Epée fondée encore en 1190 par le roi de Chypre Guy,—le petit fils du défunt prince Christodule «Souverain de l’île de Chypre», comme son père Louis, est nommé dans un des. documents officiels en 1804; il réunit tous les droits d’héritier au trône. Sa généalogie est annexée au document, et est écrit sur parchemin, dressé le 27 juin 1815. basé sur des documents originaux, conservés aux archives dela famille de Lusignan et soussignés par les représentants les plus élevés du clergé orthodoxe et les plus illustres dignitaires.
Ce diplôme avec l’inscription de «Sacré» «cBiimeusafl» est d’un contenu Suivant: «Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, Amen. «Le porteur de ce certificat Royal le prince-roi Louis de Lusig«nan descend de la famille des Lusignans anciens célèbres rois de «Chypre, de Jérusalem et de Arménie, qui d’origine française ont tenu «le sceptre de leur souveraineté en Orient, descendent en ligne «droite du roi Janus et de Leurs Majestés le roi Jacques I et Hugo «IV etc. «Il est un enfant légitime de l’église orthodoxe et est né de «parents orthodoxes». Le représentant actuel Prince-Royal Michel est le petit-fils de Son Altesse, prince Christodule de Lusignan, roi de l’ile de Chypre etc.. La propriété effective et légale de la famille de Lusignan; leur capital prouvé et confirmé par un testament du prince Christodule de Lusignan, le père du prince Louis, et grand-père du prince actuel Michel domicilié à Saint-Pétersbourg, les droits à ce capital, ont été conférés par le prince Christodule par Lettres-Patentes Spéciales du 22 février 1821 au prince Louis de Lusignan. Cette fortune immense consistait à 40.000,000 (millions) de roubles déposés chez l’oncle maternel du prince Louis, Monseigneur Athanase, Métropolite de Nicomédie. Mais en 1821, le jour de Pâques, le Métropolite de Nicomédie fut exécuté à Constantinople avec le Patriaoche Grégoire et plusieurs autres évêques et toute la fortune confisquée par le gouvernement ottoman. Louis de Lusiguan, faillit partager le sort de son oncle et ne. fut épargné que grâce à l’intervention du représentant de l’Espagne et de plusieurs riches anglais qui lui donnèrent asile. Le prince Louis dut quitter Constantinople et après avoir mené, pendant un an, une vie errante, il prit service auprès du gouvernement hellénique, à Athenes. En 1827 Louis de Lusignan arrivait lu Russie et entrait au service militaire, sans recevoir pour son service ni recompense ni. avancement. Ces conditions furent asceptées et Louis entra an service mitaire mitaire avec le grade de capitaine; à sa mort il était colonel. Il prit part à toutes les campagnes des armées russes et à toutes les guerres, en poursuivant ses démarches pour obtenir la restitution de sa fortune, mais sans résultat.
Louis de Lusignan mourut à S.-Pétersbourg à l’âge de 77 ans le 21 juin 1884. Il est enterré au cimetière de Smolensk, dans un corbillard attelé de 6 chevaux; devant on portait un grand écu doré aux armes Royales de Lusignan. Le cortège était suivi du fils du défunt, le prince-royal Michel de Lusignan, grand-maître et commandeur de l’Ordre Royale de l’Epée, de Chypre. C’est sous ce titre (de «prints» en russe, prince-royal) qu’ Il est inscrit dans les matricules de St-Pétersbourg. Le journal «le Temps» en France écrit, en 1881: «A St-Péters« bourg vit un homme, qui pourrait être tenté d’offrir aux Anglais une «sorte de l’égalisation de l’acquisition de Chypre». Donc le prince-royal Michel de Lusignan est le dernier de cette race glorieuse qui rappelle les croisades et dont les exploits surhumains sont relatés dans le poème de Jean d’Arral en sa langue du XVème siècle. Il est l’unique héritier des titres et prétentions de son père, le colonel prince Louis, le seul et unique et légitime prince de Lusignan, descendant des anciens défenseurs du Saint-Sépulere. «On a pu rire du colonel des «hussards» de Lusignan—mais «rira-t-on de la parole et de la signature de l’Empereur de Russie, «Nicolas 1″? (Bulletin de la Soc. hérald de France). Ce vieillard est universellement connu comme prince et en reçoit les honneurs!
Tout ce récit a été contrôlé et complété par le prince Michel de Lusignan à St.-Pétersbourg. Mai 1903.