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L’AFGHANISTAN ET LA FRANCE
Bulletin du Comité de l’Asie française, 1 juillet 1923, p. 9-12/48
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Bulletin du Comité de l’Asie française, 1 juillet 1923, p. 9-12/48

L’Emir entre résolument dans la voie des réformes et du progrès et c’est aux professeurs et aux techniciens français qu’il demande surtout le développement intellectuel de son pays


EXTRAITS

[…] Nous verrons tout à l’heure combien de marques particulières d’amitié furent données par le gouvernement afghan au gouvernement français et combien de relations effectives ont déjà été nouées.

Effectivement, un peu plus loin, M. Louis Marin montre le peuple énergique et patriote de l’Afghanistan se tournant vers la France, et celle-ci appelée à jouer dans ce pays neuf le même rôle d’éducatrice qui lui a été dévolu en Perse par la Bienveillance des Shahs, et à s’y créer ainsi une amitié solide au cœur de l’Asie centrale.

ll en donne les preuves suivantes : L’Emir entre résolument dans la voie des réformes et du progrès et c’est aux professeurs et aux techniciens français qu’il demande surtout le développement intellectuel de son pays.


La culture française

A. La mission archéologique. — Une mission archéologique française, préparée en commun par l’instruction publique et les Affaires étrangères, dirigée par M. Foucher, maître de conférences à la Sorbone et spécialiste de l’art gréco-bouddhique, est arrivée à Kaboul dans l’hiver 1921-1922; ses résultats sont très importants.

A la suite d’une négociation, — qui montre en M. Foucher un savant doublé d’un diplomate, — le gouvernement afghan a chargé notre pays du monopole des fouilles archéologiques ; celui-ci est accordé à la France pour les monuments de Bactriane, ce qui étend de la manière la plus heureuse, dans une région extraordinairement intéressante pour l’histoire de l’art, le domaine de l’archéologie française.

La convention, signée en août 1922 par le gouvernement afghan et par M. Foucher, autorisée par le Ministère des Affaires étrangères, accorde à la France, pour trente ans, le droit permanent des fouilles et le libre choix du terrain pour les fouilles, la moitié des bronzes et des sculptures sur les pièces découvertes et un droit de préemption sur les objets d’or et d’argent dont les Afghans se sont réservé la propriété.

De plus, M. Foucher a obtenu de l’Emir l’autorisation de circuler en Afghanistan pour commencer l’exploration archéologique du pays… ll est à souhaiter que M. Foucher, qui a si bien mené ces négociations, a demi dirigé dans l’Inde les fouilles de Gandhara et a établi la filiation de l’art gréco-bouddhique, soit mis à la tête de la délégation archéologique et puisse demeurer à Kaboul ou à Bactres deux ou trois ans, en commençant les fouilles et en déterminant le champ d’action réservé à la France.

L’octroi du monopole des fouilles en Afghanistan (Bactriane) complète celui que nous avions déjà en Perte (Susiane) et il ouvre à nos savants un vaste champ de découvertes. Les études iraniennes étaient jadis le monopole de la France : à côté des penseurs sur la philosophie et la religion de l’Inde, les Sénart, les Sylvain Lévi, les Finot, les Foncier, les Burgoigne, les Henrv du Thibet, les Faucon et les Bacot; citons les spécialistes français de l’iranien ancien, comme les Anquetil-Duperron, les Burnouf, Darmestetter. Meillet, Gauthiot ou ceux de nos compatriotes spécialisés dans l’islamisme asiatique, comme les Sylvestre de Sacy, les Quatremère, de Tassy, Caussin de Perceval, Defréinery, Mohl, Schefer. Barbier de Maynard, Huart, Derembourg, de Cour, teille, Guyard, etc. De la délégation en Afghanistan, nos études iraniennes ne pourront que bénéficier et nous augmenterons, par les travaux de la mission, notre renom scientifique et désintéressé dans toute l’Asie centrale.

B. L’enseignement. — M. Foucher a été chargé de la réorganisation de l’enseignement supérieur et placé à la tête de l’Université de Kaboul. Le gouvernement afghan a plusieurs fois insisté afin qu’une mission scolaire fût envoyée de France pour réorganiser son enseignement. Il demande des professeurs et, même, du personnel enseignant féminin pour prendre la tête des écoles de filles qui sont déjà en pleine prospérité.

C. La langue française. — L’émir manifeste le vif désir de voir la langue française se répandre en Afghanistan et d’en faire la langue internationale de son pays. On sait quelle place tient, depuis si longtemps, le français en Perse : Il y est la langue quasi officielle du gouvernement; les décisions ministérielles, les règlements administratifs sont toujours imprimés en persan et en français; notre langue est la langue courante des hommes d’Etat persans. Si notre domaine linguistique s’étend en Afganistan, il ne peut en résulter qu’avantages pour la diffusion de nos idées, l’avenir de notre négoce et de notre industrie.


La technique française

L’émir d’Afghanistan a fait savoir qu’il serait également heureux de voir venir de France, des techniciens, médecins, sages-femmes, architectes, etc.

A. La haute technique. — Naturellement, il est particulièrement intéressant d’amener dans ce pays neuf des techniciens de haute valeur.

[…]


Le matériel français

[…]


La diplomatie française

Dans les affaires mondiales, il est nécessaire que les pays neufs aient des relations d’amitié avec telle ou telle des grandes puissances pour que leurs intérêts soient toujours envisagés à temps. Nul gouvernement, mieux que celui de la France, ne peut, pour l’Afghanistan, jouer ce rôle par l’absence de toute ambition politique de notre part en Asie centrale, par la limitation même de notre expansion commerciale et, en revanche, par le rôle intellectuel que nous avons joué dans le monde islamique et en Orient.

Dans les affaires d’Orient, notamment, notre rôle moral doit, pour la civilisation, rester prédominant, sous peine de voir les divisions séculaires entre groupes ethniques aboutir à de nouveaux massacres ou l’ambition de certains Etats occidentaux rouvrir des conflits violents.

Dans les affaires anglaises, chinoises ou persanes, nous pouvons, de même, rendre aux Afghans, comme à nos alliés ou amis, les meilleurs services en tant qu’intermédiaires de confiance, facilement écoutés.

Notre politique islamique, enfin, dont l’efficacité a été démontrée par l’héroisme de nos troupes coloniales pendant la guerre et par le calme que, seules dans le monde et malgré les excitations venant des origines les plus variées, montrent nos populations coloniales, par leur prospérité malgré l’épuisement de la guerre et les difficultés d’après-guerre, nous permet d’avoir l’autorité morale nécessaire pour donner à des gouvernements musulmans les conseils ou l’appui que peuvent réclamer leurs conflits avec les puissances occidentales.

Les dernières pages du rapport de M. Louis Marin sont consacrées à l’étude de la dotation du poste de Caboul et à l’estimation des crédits nécessaires. Nous n’avons pas à les reproduire ici.

[…]

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