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En Albanie, les influences étrangères. IV
Journal des débats politiques et littéraires, 3 avril 1924, p. 4/6
1 avril 1814 – 19 août 1944

Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.
Le Journal des Débats Politiques et Littéraires est fondé en 1789, peu après les réunions des premiers Etats généraux par Baudouin, imprimeur de l’Assemblée nationale. Il reproduit mot pour mot le procès-verbal officiel des débats de l’Assemblée nationale. En 1799, Louis-François Bertin, dit Bertin l’Aîné, le rachète au lendemain du 18 brumaire (9 novembre 1799) dans le but de défendre les idées conservatrices. Sous sa direction, et grâce aux concours d’hommes tels que Joseph Fiévée, François-René de Chateaubriand, Hoffmann ou encore Charles Nodier, le journal obtient aussitôt un immense succès et jouit d’une grande autorité, notamment dans le domaine littéraire. Sous l’Empire, Napoléon lui impose un nouveau titre, Le Journal de l’Empire (1805-1814), puis au moment de la Première Restauration, il devient Le Journal des débats politiques et littéraires (1814-1864). Sous la Seconde Restauration, Le Journal des débats fait partie des journaux conservateurs. Face à l’attitude de Charles X et de son entourage ultra-royaliste, il évolue, dans les années 1827-1829, vers l’opposition libérale, sans toutefois entrer dans une opposition ouverte au régime. Pendant la Restauration et le début de la Monarchie de Juillet, Le Journal des débats reste le plus diffusé après Le Constitutionnel, avant de laisser la place à La Presse d’Émile de Girardin puis au Petit Journal. Pendant l’Occupation, Le Journal des débats continue de paraître, ce qui lui vaut d’être supprimé à la Libération en 1944.

Journal des débats politiques et littéraires, 3 avril 1924, p. 4/6

L’influence française se traduit surtout dans l’ordre intellectuel


Les influences étrangères

IV


 L’Autriche exerçait avant la guerre une pression onéreuse sur l’Albanie, notamment en subventionnant le clergé catholique et les œuvres religieuses. Une partie de la jeunesse albanaise allait étudier à Vienne. Bien que la République alpestre n’ait plus le prestige de la double-monarchie, les Albanais ont gardé un souvenir assez fidèle du passé pour lui demander certains conseillers et techni ciens appelés à organiser leurs services : on comptait, il y a deux ans, vingt-çinq ingé nieurs autrichiens en Albanie. Depuis, ce nombre a été réduit. L’organisateur de l’armée a été le colonel von Mirdach. L’Autriche cherche à utiliser ces bons rapports pour créer des succursales de banques et obtenir des monopoles (allumettes, papier à ciga rettes, cartes à jouer).

Les Allemands déploient en Albanie une activité qui donne à penser qu’ils cherchent à se créer, par voie de mainmise économi que, une base politique dans les Balkans. Ils ont proposé de construire à leurs frais, les chemins de fer albanais (près de 900 kilomè tres), moyennant l’exploitation pendant trente ans et la propriété exclusive du sol et du sous-sol dans un rayon de vingt kilomè tres à droite et à gauche des voies durant la même période. Cette offre a été repoussée. C’est maintenant à l’industrie forestière que les firmes germaniques paraissent vouloir s’intéresser : la Société Inag a obtenu te con cession de la forêt de Mamouras et d’autres demandes sont en instance. Les. Allemands bénéficient en général de la situation prise avant la guerre par les Autrichiens, avec lés quels on les confond fréquemment.

Les Anglais ont fourni au gouvernement albanais l’organisateur du ministère de l’in térieur, le lieutenant-colonel Stirling. Dans l’ordre économique, ils cherchent à obtenir le monopole des tabacs. La d’Arcy Exploration, émanation de l’Anglo-Persian Oil Co, avait obtenu en mars 1922, de l’ancien gouverne ment albanais, une concession de forage et d’extraction pour les gisements pétrolifères de tout le pays. Mais cette concession doit être validée par le Parlement de Tirana. La Standard Oil, après s’être unie à la Sinclair Oil Co, a engagé la lutte contre les préten tions anglaises au monopole de l’exploitation. On dit que, de part et d’autre, il a été dis tribué pas mal d’argent. C’est un épisode de la. guerre du pétrole entre les Etats-Unis et la Grande-Bretagne ;; mais, ici, le piquant est qu’on s’agite dans le vide et que personne ne sait au juste ce que peut représenter la va leur pétrolifère de l’Albanie. En tout cas, la question est au nombre de celles que la Chambre actuelle aura à trancher. Un groupe financier (Syndicat Franco-Albanais) est également, sur les rangs.

La France a, en Albanie, une position morale satisfaisante, mais qu’elle pourrait aisément élargir. L’éducation française reçue à Constantinople par nombre de begs et d’intellectuels est toujours sensible. L’occupation militaire n’a laissé que de bons souvenirs : on aime à se rappeler l’œuvre bienfaisante qu’elle a accomplie sous tous les rapports à Koritza, où elle réalisa, lorsqu’elle prit fin, un excédent de recettes de 2 millions 973.234 francs-or. Dois-je ajouter qu’il y a peu de cimetières militaires français en tourés d’autant de soins que celui de Koritza?

L’influence française se traduit surtout dans l’ordre intellectuel : une convention archéologique nous a donné le monopole des fouilles dans la région de Durazzo; un lycée français fonctionne à Koritza, un autre doit être créé à Argyrocastro, sans parler d’un lycée de jeunes filles à Tirana, dont l’organisatrice sera française. Le gouvernement albanais nous a demandé un organisateur de l’lnstruction publique, un directeur pour l’Ecole d’agriculture de Lushnja, quatre mé decins français, etc…

Je laisse de côté la Turquie, qui n’a reconnu l’existence de l’Albanie que depuis peu de semaines et dont l’influence, sensible dans le Sud, se heurte, dans le Centre, à l’opposition acharnée des Bektashis .

[…]

ALBERT MOUSSET


 

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