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L’influence française en Perse, La Grande Revue, 10 juin 1914
1 octobre 1898 – 1 mai 1940
Nasser-Eddin monta sur le trône en 1848, demanda au second Empire des instructeurs de toutes sortes, fit appel à la science française, envoya en France un grand nombre de jeunes Persans qui revenus dans leur pays devaient accroître encore, en Perse, l’influence française.
Le prince Nasser-Eddin-Kadiar montre que l’influence de la France et des idées françaises fut toujours prépondérante en Perse. De Louis XIV jusqu’au Premier Empire, nos relations avec ce pays ne furent que de simples rapports de commerce et d’amitié. Sous l’Empire, elles devinrent diplomatiques. Pour menacer les Anglais dans leurs possessions des Indes et contenir les Russes, Napoléon avait Besoin d’alliés en Asie. Le shah avait besoin aussi de Napoléon pour reprendre la Géorgie aux Russes, et il fit des avances à l’Empereur. Celui-ci envoya des missions successives en Perse. Amédée Jaubert et Romieu partirent en 1805. Le shah envoya un ambassadeur extraordinaire auprès de Napoléon qui signa à Finkenstein, le 4 mai 1807, un traité par lequel il promettait son appui aux Persans contre les Russes, et par lequel les Persans manifestaient leur hostilité à l’égard des Anglais et promettaient de rendre cette hostilité active. Un malentendu se produisit bientôt entre les deux signataires du traité, le shah ne voulant marcher contre les Anglais qu’après s’être assuré la Géorgie,, l’empereur voulant d’abord la lutte contre les Anglais. Gardane fut envoyé en ambassade à Téhéran. Les officiers qui l’accompagnaient organisèrent l’armée persane à la française, mais tandis que Napoléon était absorbé par les autres problèmes européens, l’Angleterre intrigua à la Cour du shah et acheta son entourage. Malgré la fidélité du shah, la mission française échoua ; la route de l’Orient était désormais fermée a l’empereur. En 1809, un traite fut signé entre la Perse et l’Angleterre, et pendant quelques années, ce turent des instructeurs anglais qui organisèrent l’armée persane, de façon d’ailleurs lamentable, et cela peut-être volontairement. Ce ne fut que plus de vingt ans après que des instructeurs français furent rappelés. Le colonel Colombari resta près de quinze ans au service de la Perse, et réorganisa entièrement l’armée. Depuis 1842, des médecins français ont toujours été attachés à la Cour de Perse. Nasser-Eddin monta sur le trône en 1848, demanda au second Empire des instructeurs de toutes sortes, fit appel à la science française, envoya en France un grand nombre de jeunes Persans qui revenus dans leur pays devaient accroître encore, en Perse, l’influence française. Des ingénieurs français étaient chargés de la construction des ponts et des routes. Son fils, Mouzaffer-Eddin-Shah qui lui succéda en 1896 continua ses réformes. Les administrations furent organisées sur le modèle des pays occidentaux. Des manufactures furent ouvertes avec le concours français. L’instruction publique calquée sur le modèle de France fit des progrès considérables. Aujourd’hui, il existe à Téhéran deux journaux rédigés entièrement en français par des Persans. Une sorte de constitution enfin a été accordé au peuple persan, et ce libéralisme persan est le produit de l’éducation occidentale et surtout des encyclopédistes français du xviiie siècle, dont l’œuvre a inspiré les hommes politiques de Perse, lorsqu’ils promulguèrent les lois actuellement en vigueur en ce pays __ J. B. (La Revue, 15 mars 1914.)