
Quatrième de couverture
Le nickel est au cœur de l’avenir de la Nouvelle-Calédonie. Ce territoire français du Pacifique Sud, qui cherche aujourd’hui sa voie entre autonomie et indépendance, possède un cinquième des réserves mondiales de nickel. L’exploitation de ses gisements est une des clefs de son développement. L’industrie minière calédonienne est née à la fin du xixe siècle dans le cadre de la colonisation. Elle s’est construite autour de la société Le Nickel qui l’a dominée jusqu’à l’orée des années 2000. On s’intéresse ici à l’histoire de cette entreprise dans tous ses aspects – humains, économiques, commerciaux, financiers, techniques et politiques – et à son rôle dans le développement de l’industrie du nickel jusqu’à la Première Guerre mondiale. Le présent ouvrage s’appuie largement sur l’étude de l’iconographie des activités minières et métallurgiques. La première partie – « Les bases de l’entreprise » – porte sur la façon dont la société Le Nickel s’est établie et nous emmène pour cela en Nouvelle-Calédonie et en Europe. La deuxième partie – « Une multinationale parisienne » – replace la société Le Nickel dans le contexte mondial et étudie sa politique générale décidée à Paris. La troisième partie – « La succursale calédonienne » – nous ramène en Nouvelle-Calédonie où sont examinées ses activités, sa main-d’œuvre et son impact dans la vie de la colonie. Elle est aussi consacrée à étudier en détail les systèmes techniques qu’elle met en place.
Yann Bencivengo
Yann Bencivengo est agrégé et docteur en histoire. Il est actuellement professeur d’histoire-géographie au lycée Félix Le Dantec de Lannion (22). Il est chercheur associé au CNEP (université de la Nouvelle-Calédonie) et au CH2ST (université de Paris I – Panthéon-Sorbonne). Ses travaux portent sur l’histoire de l’industrie et de la colonisation.
EXTRAITS
Chapitre 4. Un nouveau marché mondial
p. 95-118
Le nickel, cantonné à des fabrications de luxe jusqu’à l’arrivée des minerais calédoniens en 1875, va connaître une multiplication de ses emplois au fur et à mesure des progrès de la recherche, de l’abaissement des prix et surtout de la course aux armements. Comme pour toute branche industrielle naissante, le marché du nickel connaît une période de forts soubresauts. La société Le Nickel s’insère dans un secteur qu’elle va bouleverser avant d’avoir à son tour à subir la redoutable concurrence des producteurs nord-américains. Après une âpre lutte, le marché du nickel se stabilise à la faveur d’accords passés entre les grands producteurs et grâce au développement des débouchés liés à la mise au point des aciers au nickel.
Chapitre 5. Une société dirigée depuis Paris
p. 119-139
L’entrée de la banque Rothschild dans le capital de la société Le Nickel en juin 1883 marque sa prise de contrôle sur l’entreprise. Alors que les propriétaires initiaux perdent peu à peu leur influence, l’actionnariat est élargi au profit de banques alliées de la maison Rothschild. Cette dernière confie la présidence du conseil d’administration à deux hommes de confiance qui se succèdent à ce poste. Sous leur autorité incontestée, le conseil d’administration cherche des solutions pour résoudre la contrainte géographique et éviter que les errements de l’ère Higginson ne se reproduisent. Selon les nécessités de l’évolution de ses moyens de production en Nouvelle-Calédonie, la direction parisienne accorde une autonomie plus ou moins grande à la succursale calédonienne.