PAR FRANCE MÉMOIRE, AVEC LE CONCOURS DU CENTRE EUROPÉEN DE MUSIQUE
Rapidement, Pauline Viardot a conquis les plus grandes scènes du continent, de Madrid à Moscou en passant par Londres, Paris, Bruxelles, Vienne, Berlin, Budapest, Varsovie et Saint-Pétersbourg. C’est une vedette. Elle provoque l’hystérie des foules et la fascination des puissants. La reine Victoria, Isabelle II d’Espagne, le roi de Prusse Guillaume et la reine Augusta, le tsar Nicolas Ier ou encore le roi des Belges Léopold Ier et Guillaume III des Pays-Bas… Tous l’ont acclamée, jusqu’à la fin de sa carrière de cantatrice en 1863.
Après sa sortie de scène, la chanteuse déploie ses talents de compositrice. On lui doit de nombreuses chansons et mélodies, souvent inspirées par l’Espagne, quelques œuvres chorales dont La Jeune République en 1848, des pièces instrumentales, par exemple pour violon et piano, et quatre opéras accompagnés de livrets de Tourgueniev, à l’instar du Dernier Sorcier (1869). En 1904, déjà âgée, elle écrit le texte et la musique de Cendrillon quiest donné dans le salon de la princesse Mathilde de Nogueiras. Première femme membre de la SACEM, Pauline Viardot défend le droit d’auteur.
Chez elle, dans son salon de Paris, de Baden Baden (1867-1870), ou de Bougival (1874-1883), Pauline Viardot reçoit de nombreuses personnalités. Elle favorise la rencontre entre des artistes, des écrivains et des journalistes en provenance de toute l’Europe. Certains lui donnent la primeur de leurs créations. Elle compte parmi ses intimes Chopin, Liszt, Verdi, Brahms, Lamartine, Dickens, Flaubert, Zola, Hugo, les Dumas, Maupassant, les Goncourt, Delacroix, les Schumann, Wagner, Tourgueniev… Elle inspire à George Sand l’héroïne du roman Consueloqui raconte l’ascension d’une chanteuse. Sa correspondance témoigne de l’étendue de son réseau. Vive d’esprit, passionnée par la poésie et la littérature, elle maîtrise six langues européennes. Elle passe aisément de l’une à l’autre dans son écriture.
Pauline Viardot sert de mentor à la nouvelle garde française. Grande pédagogue du chant, notamment pour les femmes, elle influence le milieu lyrique. La « méthode Garcia » se propage dans le monde entier. Son héritage est immense. La musicienne joue aussi un rôle majeur auprès de jeunes compositeurs qui profitent de la réputation de son salon : Gounod puis Fauré et Saint-Saëns lui doivent beaucoup.
Ses convictions républicaines sont en accord avec les engagements politiques de son mari, proche du milieu saint-simonien. Avec l’écrivain Ivan Tourgueniev, ils mènent longtemps une vie à trois, à Bougival. Pauline Viardot a quatre enfants, sans jamais abandonner sa carrière. Sa fille, Louise Heritte-Viardot, sera compositrice.
Pauline Viardot meurt le 18 mai 1910 à Paris. Artiste géniale, femme d’influence, personnalité indépendante et intelligente, elle a dominé la culture de son temps.