— Jean FAVIER
Dernier fils de Louis VIII, comte du Maine et d’Anjou par la volonté de son père, comte de Provence par son mariage en 1246, avec Béatrice, fille et héritière de Raymond-Bérenger IV, Charles d’Anjou participa à la septième Croisade avec son frère Saint Louis et fut, comme lui, fait prisonnier en Égypte. Malgré les réticences de Saint Louis, il accepta finalement les propositions du pape, qui, dès 1253, offrait de lui inféoder le royaume de Sicile. Charles d’Anjou se constitua un parti en Italie, devint sénateur de Rome en 1263 et prit la tête de la Ligue guelfe. Vainqueur de Manfred à Bénévent, il fut reconnu en 1266 comme roi de Sicile. Vicaire impérial en Toscane et podestat de Florence, maître de l’Italie méridionale et de la Sicile, Charles d’Anjou ne s’estima pas satisfait et reprit contre Byzance la politique traditionnelle des souverains siciliens. Il obtint la principauté d’Achaïe en 1267 et devint roi de Jérusalem en 1277. L’énergie avec laquelle ce Capétien établit dans son royaume sicilien des cadres administratifs rigoureux et une fiscalité inadaptée à l’économie locale rendit vite impopulaires l’Angevin et les barons de son entourage. La révolte dite des Vêpres siciliennes, le 31 mars 1282, et l’intervention d’une armée aragonaise firent passer l’île en quelques mois sous la domination de Pierre III d’Aragon, gendre de Manfred. Charles conserva la partie continentale du royaume et sa capitale, Naples, dont il avait fait le siège d’une cour brillante. Malgré d’âpres compétitions, dues en grande partie aux interventions du Saint-Siège, de qui il était tenu en fief, le royaume de Naples survécut deux siècles à son fondateur.
Écrit par :
Jean FAVIER : membre de l’Institut, directeur général des Archives de France