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Louise Michel. Vroncourt-la-Côte, 29 mai 1830 – Marseille, 9 janvier 1905

Auteurs du texte : Gauthier, Xavière

Recueil 2005

Ce qui a fait de Louise Michel une figure acclamée par d’innombrables foules, une légende vivante, c’est d’abord et avant tout sa parole.


Louise Michel
Louise Michel en costume de fédéré cliché Fontange, 1871, Montreuil – musée de l’Histoire vivante D.R

Pourquoi Louise Michel est-elle une des très rares femmes à être reconnue par l’Histoire de France ? Pourquoi est-elle la seule femme dont une station du métro parisien porte le nom ?

Parce qu’elle a combattu sur les barricades pour défendre la Commune de Paris en 1871, c’est vrai. Habillée en uniforme de la Garde nationale, elle a marché au combat avec le 61e bataillon de Montmartre ; elle a grimpé à l’assaut des troupes versaillaises, brandissant un drapeau ; elle a tiré à la carabine Remington, sans faiblir, sans peur aucune ; des nuits entières, elle a défendu des tranchées pilonnées par les obus de l’armée de Thiers ; elle a tenu le cimetière Montmartre parmi les derniers irréductibles, pendant la Semaine sanglante. Sa témérité impressionne.

Mais d’autres femmes ont été courageuses pendant la Commune, qui s’était levée pour la justice sociale. Ce qui a fait de Louise Michel une personnalité célébrée par Victor Hugo (il la nomme Viro Major : plus grande qu’un homme), ce qui a fait d’elle une figure acclamée par d’innombrables foules, une légende vivante, c’est d’abord et avant tout sa parole.

Sous la Commune, elle a été instigatrice. Elle a harangué les citoyennes et les citoyens des clubs, hué les lâches, poussé de la voix, galvanisé les Fédérés.

Lors de son procès par les Versaillais, elle lança cette phrase aux juges qui la condamnaient à la déportation : « Si vous n’êtes pas des lâches, tuez-moi ». Sa parole hardie, provocatrice, rapportée par toute la presse, fit d’elle l’âme de la Commune, la porte-parole du peuple opprimé, le modèle des femmes insoumises.

En Nouvelle-Calédonie, où elle purgea sa peine pendant sept ans, sa voix fit encore merveille : enseignement aux petites Caldoches, discours de rébellion aux Canaques.

Depuis le moment de son retour triomphal en France en 1880 jusqu’à sa mort, elle ne cessa de parcourir le pays, de ville en ville, psalmodiant les récits mémorables de la Commune, prophétisant l’avenir radieux de l’anarchie, l’apothéose de la Révolution qui, telle un cyclone, balayera le vieux monde et ses horreurs et transformera tout être humain en papillon… Elle est connue comme chef de file anarchiste, elle qui n’a pas lancé de bombes, mais qui a magnifié les auteurs d’attentats : « tueurs de monstres, pour que vive l’humanité ».

Polygraphe, elle a abordé tous les genres littéraires et publié poésies, chansons, romans, essais, mémoires, pièces de théâtre, nouvelles, opéra, récits pour enfants. Sa plume vive, exaltée, emphatique, expressionniste, comme sa parole enfiévrée, tourmentée, émouvante, ont la même palette de gris sombre et de rouge intense pour peindre la société « aux mâchoires d’ogresse » et la lutte épique jusqu’à une « aube splendide de délivrance » … Ce fut une femme au verbe haut.


Xavière Gauthier
écrivaine
maîtresse de conférences à l’université de Bordeaux III
chargée de recherches au CNRS Lyon II
présidente de l’Association internationale Louise Michel

 

 

 

 

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