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Son étymologie, « bacca laurea », désigne en latin médiéval la « couronne de lauriers » remise aux vainqueurs. Apparu au Moyen-Âge, le baccalauréat constitue, avant la licence et le doctorat, le premier des grades de l’Université de Paris, l’Universitas magistrorum et scholarium parisiensium (1215), la future Sorbonne.
Création de l’Université impériale
Avec la suppression de l’Université de Paris sous la Révolution française (par décret de la Convention du 15 septembre 1793) et son remplacement par un ensemble de grandes écoles (École polytechnique, Conservatoire national des arts et métiers, École normale supérieure, École des beaux-arts), le baccalauréat disparaît lui aussi. Mais dès l’établissement du Consulat (1799), Napoléon entreprend une profonde réforme de l’enseignement qui va bientôt le faire réapparaître.
Par la loi du 1er mai 1802, Napoléon crée les lycées et commence à remettre de l’ordre dans la situation léguée par la Révolution. Mais face aux difficultés rencontrées, il cherche alors à mettre en place une institution d’instruction publique capable de regrouper l’ensemble des formations dispensées en France : de l’enseignement primaire jusqu’à l’enseignement supérieur.
Ainsi naît « l’Université impériale » créée par la loi du 10 mai 1806, qui n’a pas vocation à être un établissement supérieur, mais bien plutôt « un corps chargé exclusivement de l’enseignement et de l’éducation publics dans tout l’Empire ».
Des enseignants qui deviennent un corps public
C’est le décret du 17 mars 1808 qui fonde véritablement l’Université impériale créée deux ans plus tôt. De fait, par ce décret, l’Université obtient le monopole de l’enseignement :
Article 1. « L’enseignement public, dans tout l’Empire, est confié exclusivement à l’Université. »
À l’origine d’une pérennisation du corps enseignant, l’Université impériale en organise en effet le contrôle des compétences avec la création des grades universitaires – baccalauréat, licence et doctorat – qui deviennent les conditions d’accès au métier d’enseignant.
C’est désormais par les enseignants et non par les établissements que s’exerce le contrôle de l’État sur l’enseignement :
Art 3. « Nul ne peut ouvrir d’école, ni enseigner publiquement sans être membre de l’Université impériale, et gradué par l’une de ses Facultés. »
Le baccalauréat, premier grade universitaire
Décerné par les Facultés, il est conçu comme le premier grade universitaire. Car le baccalauréat a la double particularité de sanctionner la fin des études secondaires et d’ouvrir l’accès à l’enseignement supérieur.
Art. 19. « Pour être admis à subir l’examen du baccalauréat dans la Faculté des Lettres, il faudra : 1° être âgé au moins de seize ans ; 2° répondre sur tout ce que l’on enseigne dans les hautes classes des Lycées. »
Initialement, deux baccalauréats sont créés : le baccalauréat ès lettres pour les facultés des lettres et le baccalauréat ès sciences pour les facultés des sciences, à condition, pour ce dernier, que le candidat soit déjà titulaire du baccalauréat ès lettres :
Art. 22. « On ne sera reçu bachelier dans la Faculté des sciences qu’après avoir obtenu le même grade dans celle des lettres, et qu’en répondant sur l’arithmétique, la géométrie, la trigonométrie rectiligne, l’algèbre et son application à la géométrie. »
Jusqu’en 1830, l’examen du baccalauréat ès lettres ne comporte que des épreuves orales portant sur des auteurs grecs et latins, sur la rhétorique, l’histoire, la géographie et la philosophie. La première session du baccalauréat a lieu en 1809 : 32 diplômes de bacheliers dont 31 ès lettres et un ès sciences sont délivrés. Puis la barre des 1 000 diplômés est franchie en 1811, avec 983 bacheliers ès lettres et 43 bacheliers ès sciences.
Un baccalauréat pour les filles plus d’un siècle après
Le baccalauréat n’est institué pour les filles qu’en 1919, soit cent onze ans après l’institution de celui des garçons en 1808. Il ne devient identique pour les deux sexes qu’en 1924. Enfin, ce n’est qu’en 1971 que les nouveaux lycées sont systématiquement mixtes. Quant à l’École polytechnique, fondée en 1794 par la Convention, elle ne s’ouvre aux filles qu’en 1972.