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Ernest Renan (1823-1892), Photo : Adam-Salomon – PHOTOSVINTAGES/PHOTO 12

Photo : BNF/Gallica / Agence Rol

« J’en ai pesé chaque mot avec le plus grand soin. C’est ma profession de foi en ce qui touche les choses humaines », déclare le philologue et historien Ernest Renan (1823-1892) en 1887.

Devenu l’une des icônes de la IIIe République, ces vingt pages sont celles d’une conférence qu’il est invité à donner à la Sorbonne, le 11 mars 1882. Il saisit l’occasion pour donner une réponse française à la question : qu’est-ce qu’une nation ?

« l’existence d’une nation est un plébiscite de tous les jours ».


Ce qui fait la patrie

Dans un texte intitulé L’Alsace est-elle allemande ou française ?, l’historien Fustel de Coulanges avait contribué à fixer, dès le début de la guerre franco-allemande de 1870, l’opposition entre la conception française et la conception allemande de la nation : « Ce qui distingue les nations, avait-il écrit, ce n’est ni la race, ni la langue. Les hommes sentent dans leur cœur qu’ils sont un même peuple lorsqu’ils ont une communauté d’idées, d’intérêts, d’affections, de souvenirs et d’espérances. Voilà ce qui fait la patrie. »

Un plébiscite de tous les jours

Dix ans plus tard, Ernest Renan fixe les termes de la conception française de la nation, une conception volontariste, politique, selon laquelle, suivant sa célèbre formule, « l’existence d’une nation est un plébiscite de tous les jours ».
 

Renvoyant au libre droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, il en ressort cette magnifique définition de la nation à partir de «deux choses qui, à vrai dire, n’en font qu’une […]. L’une est dans le passé, l’autre dans le présent. L’une est la possession en commun d’un riche legs de souvenirs ; l’autre est le consentement actuel, le désir de vivre ensemble, la volonté de continuer à faire valoir l’héritage qu’on a reçu indivis. […] Une nation est donc une grande solidarité, constituée par le sentiment des sacrifices qu’on a faits et de ceux qu’on est disposé à faire encore. […] Je me résume, Messieurs. L’homme n’est esclave ni de sa race ni de sa langue, ni de sa religion, ni du cours des fleuves, ni de la direction des chaînes de montagne. Une grande agrégation d’hommes, saine d’esprit et chaude de cœur, crée une conscience morale qui s’appelle une nation. »

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