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Photo : Monnaie de Paris, collections historiques

Avec la création en 1803 du « franc germinal », Napoléon Bonaparte, Premier Consul, assigne à la monnaie un poids fixe de métal précieux, garant de la stabilité des transactions commerciales. Fort et stable, le « franc germinal » deviendra la monnaie de référence en Europe pendant plusieurs décennies.


1795. La Révolution et le « franc d’argent »

Et pourtant ce n’est pas la loi napoléonienne du 7 germinal an XI (28 mars 1803) qui crée le franc. Vieille unité monétaire née en 1360, le franc ressurgit à la faveur de la Révolution par la loi du 15 août 1795, en remplacement de la livre tournois et de ses divisions, le sou et le denier de l’Ancien Régime.

L’objectif est de trouver un système monétaire unifié et simple d’emploi. Deux ans auparavant, le 1er août 1793, la Convention avait imposé le système métrique décimal (basé sur la dizaine) à l’ensemble de la France. Suivant le même principe, la Convention adopte le 15 août 1795 une nouvelle unité monétaire, le « franc d’argent », divisé en dix parties appelées décimes valant chacune 10 centimes. Le franc « moderne » est né : « L’unité monétaire portera désormais le nom de franc. […] Le titre de la monnaie d’argent sera de 9 parties de ce métal pur et d’une partie d’alliage. » ; la pièce d’un franc sera à la taille de 5 grammes. »

Mais en 1795, faute de métal, le « franc d’argent » ne verra pas le jour sous forme de pièce. À défaut de mise en circulation de francs, la situation monétaire est ensuite assez anarchique : remise en circulation de pièces n’ayant plus cours, libre circulation de monnaies étrangères, excès de monnaie de cuivre… Il faudra attendre le Consulat, en 1803, pour que soit frappée la première pièce de 1 franc, devenu entretemps un « franc germinal » portant sur la face l’effigie du Premier Consul et sur le revers l’inscription « République française ».


1803. Le Consulat et le « franc germinal »

La loi du 7 germinal an XI (28 mars 1803) créant le « franc germinal » comporte vingt-deux articles, précédées d’une disposition générale sur la valeur du franc, qui ne fait que confirmer les dispositions fixées le 15 août 1795 par la Convention : « cinq grammes d’argent au titre de 9/10e de fin, constituent l’unité monétaire qui conserve le nom de franc » (autrement dit, la valeur d’un franc contient 4,5 g d’argent pur).

L’argent est choisi comme étalon, l’or lui étant subordonné. Cette invariabilité de l’or par rapport à l’argent est une garantie pour les transactions commerciales. Avec l’établissement d’un poids fixe de métal précieux, la monnaie de compte correspond totalement à la monnaie réelle. L’unité monétaire a un titre et un poids immuable, dans un système de règlement bimétalliste qui fixe le rapport entre or et argent à 1 unité d’or pour 15,5 unités d’argent, soit 4,5 g d’argent pour 0,29 g d’or.

En 1806, le ministre des Finances, Michel Gaudin, demande à Napoléon que des canons pris lors de la bataille d’Austerlitz soient fondus pour construire les machines nécessaires à la fabrication du franc germinal. Avec l’inscription Cuivre pris à Austerlitz sur l’ennemi, ces machines serviront plus de 150 ans.


Créer une uniformité de la monnaie dans toute l’Europe

La décimalisation de leur système monétaire est adoptée par les États-Unis dès 1795. Durant ses campagnes, Napoléon 1er essaye d’introduire le bimétallisme en Europe en imposant dans les pays soumis à la France une référence monétaire commune, le Napoléon, une pièce d’une valeur de 20 francs. « De cette manière, écrit-il à son frère Louis, il y aura dans toute l’Europe uniformité de la monnaie, ce qui sera d’un grand avantage pour le commerce. »

Le système est adopté par la Belgique en 1832, par la Suisse en 1850, et par la jeune République italienne en 1862 : sous des appellations nationales différentes, grâce aux principes établis par le franc germinal, des pièces de même poids et de même teneur en or et en argent circulent.


 L’Union latine : les prémices d’une monnaie européenne

L’Union latine, constituée par la Convention monétaire du 23 décembre 1865, unit pour commencer quatre pays signataires européens (la France, la Belgique, la Suisse, l’Italie), bientôt rejoint par la Grèce en 1868. L’objet de ce traité est d’instituer une uniformisation monétaire fondée sur le bimétallisme or-argent. Le principe est simple : les monnaies de référence de chaque pays de l’Union ont le même poids or-argent tout en gardant leur nom et leur symbole national. Ces monnaies peuvent de la sorte circuler indifféremment dans tous les pays de la Convention, et il devient possible de payer en Italie ou en Belgique ses achats en francs français ou en francs suisses.

Posant les bases d’un système monétaire international, 32 pays adhèrent à l’Union latine, de l’Argentine à la Finlande (à l’exception notable de l’Angleterre et de l’Allemagne). L’Union latine fonctionnera de manière satisfaisante pendant plusieurs décennies, illustrant le très haut niveau d’intégration atteint par l’Europe à la fin du XIXe siècle. 


Le « franc germinal » remplacé par le « franc Poincaré » en France

Le franc germinal ne se remettra pas de la Grande Guerre. Affecté par les emprunts de la France à l’étranger et sa dette de guerre aux États-Unis, de 1918 à 1924, le franc germinal perd 80% de sa valeur. Nommé président du Conseil en 1926, Raymond Poincaré se rallie à l’étalon or et met fin au bimétallisme, le 25 juin 1928. Il décide une mutation du système monétaire, en redéfinissant l’unité monétaire, le franc, au cinquième de sa valeur. Ces mesures permettent au franc, dit alors Poincaré, de remonter sur le marché des changes.

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