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Par Raphaël de Gubernatis – Publié le 10 décembre 2012


Jean-Georges Noverre ou l’inventeur du ballet
La Compagnie l’Eventail ressuscite « Médée et Jason » de Noverre. (Centre de musique baroque de Versailles / Pierre Grosbois)

Le jour de sa naissance – le 29 avril – est devenu Journée internationale de la danse. Portrait de Noverre, dont deux ballets sont ressuscités à Versailles et Paris.

Il fut au XVIIIe siècle le révolutionnaire que sera Cunningham au XXe. Seulement, sa révolution, Jean-Georges Noverre la fit dans le sens absolument contraire. Quand les « postmodernes » américains allaient œuvrer pour une danse où le pur mouvement, libéré de tout affect, de toute narration, de toute inféodation à la musique, devenait le seul moteur de la danse, sa seule raison d’être, Noverre, lui, prônait l’instauration de ce qu’il appelait le ballet d’action.


Tragédies ou comédies

Tout en bannissant son rôle ornemental de divertissement de cour ou d’opéra qui prédominait jusque là, Noverre innove avec une danse très théâtralisée, propre à exprimer les passions les plus diverses, à transposer sur la scène chorégraphique, et avec le secours de la pantomime, de grandes tragédies comme Andromaque, Les Horaces et les Curiaces, voire les comédies à l’instar de Tartuffe qui se jouaient au théâtre. Lors de spectacles sans paroles, sans chants, où seuls le mouvement, l’expressivité des gestes et des visages traduisent avec éloquence l’action. Avec le ballet romantique, le ballet académique, puis le ballet néo-classique, le genre prôné par Noverre allait régner en maître quasi absolu jusqu’à la moitié du XXe siècle. Et demeure encore aujourd’hui le favori du grand public.


Les Lettres sur la Danse

Noverre n’était pas tout à fait un précurseur. D’autres avant lui, Weaver en Angleterre (avec Les Filous dans la taverne peut-être en 1702, ou plus sûrement avec Les Amours de Mars et Vénus en 1717), ou Hilverding en Autriche, avaient initié le mouvement. Mais Noverre eut pour lui d’être un théoricien, de rédiger et d’affiner ses théories dans ses célèbres Lettres sur la Danse publiées dès 1760 en français et en allemand. Des textes d’une modernité stupéfiante où l’auteur apparaît comme le tout premier metteur en scène, au sens le plus actuel du terme, à une époque où cette notion n’existait même pas, comme un réformateur qui atteignit de son vivant à une célébrité inouïe dans toute l’Europe.


Fils d’un soldat suisse

Né à Paris en 1727, d’un soldat suisse au service de la Couronne de France, Noverre obtint d’apprendre la danse auprès de Louis Dupré à l’Académie royale de musique et de danse. S’il ne fut pas un grand interprète, il devint vite maître de ballet, on dirait de nos jours chorégraphe, et le fut à Lyon, où il porta Renaud et Armide à la scène en 1760, après avoir dansé à Versailles devant Louis XV, puis à Berlin, à l’invitation du prince Henri de Prusse, devant Frédéric II. De Lyon, il passa à la cour brillante du duc Eugène de Wurtemberg où il créa en 1763, à la tête d’une troupe de près de cent danseurs, son ballet d’action Médée et Jason, considéré comme son chef-d’œuvre. Donné alors en intermède d’un opéra, il durait alors quelque 25 minutes sur une partition composée par le violoniste et corniste Jean-Joseph Rodolphe.


Une gloire considérable

Noverre créa cent autres ouvrages durant un demi-siècle, faisant carrière à Vienne, Milan, Naples, Paris, Londres, illustrant l’extrême mobilité des artistes d’alors, courant d’une capitale à l’autre, là où les conduisait leur renommée ou leur besoin de se faire connaître. Sa gloire fut si considérable que son retour en France ne put se faire sans grincements de dents de la part de ceux qui avaient fait carrière à Paris et devant la Cour de France.


Maître à danser de Marie-Antoinette, à Vienne

Étant à Vienne directeur des fêtes de la Cour et maître à danser des enfants de l’empereur du Saint-Empire romain germanique François 1er et de l’impératrice Marie-Thérèse, il eut pour élèves tous les archiducs d’Autriche, dont cette archiduchesse Antoine qu’il forma avant qu’elle parte pour Versailles épouser le futur Louis XVI. Et quand il regagna Paris en 1775, celle-ci, devenue reine, tout comme elle imposa Gluck, son maître de musique, imposa Noverre, son maître à danser, comme maître de ballet à l’Opéra.


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