Henri Mouhot, le naturaliste qui a redécouvert Angkor | Est Républicain. Cet article vous est offert par L’Est Républicain dans le but de vous faire découvrir ses formules d’abonnement
En janvier 1860, le turbulent naturaliste redécouvrit la cité, alors perdue, d’Angkor. Avec des détours par Saint-Pétersbourg, Londres, La Haye, Jersey et le Siam, les périples du Montbéliardais, mort de la fièvre dans la jungle, n’ont laissé que peu de traces tangibles dans sa ville natale. Comme ailleurs.
Par Sophie DOUGNAC – 13 août 2020 à 12:00 – Temps de lecture : 3 min

« La Ville de Montbéliard fière de son enfant » ; en 1990, la commune décide de rénover la tombe d’Henri Mouhot et applique cette plaque. L’originalité ? La sépulture de l’explorateur, qui fut d’abord un naturaliste, se trouve à des milliers de kilomètres de son pays natal ; elle est alors perdue au milieu de la végétation tropicale, à Louang Prabang, dans l’actuel Laos. Le Montbéliardais y est mort le 10 novembre 1861 lors de sa quatrième expédition, victime d’une poussée de fièvre. Il n’avait que 35 ans.

À l’aventure !
De son vivant, Henri Mouhot, né dans le foyer d’un ouvrier horloger et d’une institutrice, élève au collège Cuvier, n’a eu qu’une notoriété très relative. L’homme aux semelles de vent, photographe, botaniste et touche-à-tout, a pourtant réussi un exploit : redécouvrir la cité oubliée, la capitale du royaume khmer, les temples d’Angkor.
Authentique aventurier, il n’hésitait pas à s’aventurer dans les régions les plus hostiles, les territoires les plus reculés et sauvages. D’où sa redécouverte (N.D.L.R. : l’existence d’Angkor était connue, mais les carnets de Mouhot vont la populariser auprès du grand public) extraordinaire. Aujourd’hui, le site de 400 m², parsemé d’édifices sculptés datant de notre Moyen Âge, est visité par plus de trois millions de touristes par an.
Carnets posthumes
Magnifiée à l’occasion des conquêtes françaises en Indochine puis lors de l’exposition coloniale de 1922, pour d’évidentes raisons politiques, la mémoire d’Henri Mouhot, entretenue par ses formidables publications et carnets (posthumes), est cependant vite retombée dans l’oubli. Et ce même malgré sa proximité supposée avec l’explorateur Mungo Park : le Montbéliardais aurait épousé sa fille, Ann Park, à Londres, en 1856. En fait, il s’agissait peut-être de sa nièce et surtout, et certainement cette fois, de la cousine de l’épouse de son frère Charles. Qui l’accompagna dans ses périples européens dans leur folle jeunesse.

Le tourbillon de la vie
Car Henri Mouhot est un tourbillon : curieux de tout (c’est la lecture de récits d’exploration qui vont le lancer sur la piste d’Angkor), il a commencé à voyager à 18 ans. Âge auquel il émigre en Russie ; professeur de français, il y restera dix ans. Plusieurs vies en une, donc, pour cet enfant de Montbéliard. Qui ne l’a pas totalement oublié ; en témoignent la fameuse plaque à l’autre bout du monde mais aussi sa « résurrection » à l’occasion des visites estivales animées de l’Office de tourisme (absentes cette année). Pour le reste, le flamboyant voyageur dispose d’une rue – ou plutôt d’un bout de rue – à son nom. Au pied des tours du château. Un édifice clairement moins beau, mais presque aussi ancien que les mythiques temples d’Angkor.