Début de l’enseignement médical en Turquie
et son développement *

par le Prof. Dr K. I. GURKAN


TEXTE INTÉGRAL

(*) Communication présentée à la Société Française d’Histoire de la Médecine le 31 mai 1969.


On connaît les relations de la médecine chinoise et hindoue avec celle d’Egypte et de Grèce. La plupart de ce qu’on sait, des façons d’apprendre et de pratiquer la médecine, chez les anciens Turcs d’Asie (A.J.), et même après cette période, est mythologique. En ces temps, les conceptions divines et diaboliques de la médecine de Chine et des Indes n’étaient pas très diffé­rentes de celles du monde entier.

Ce sont les Turcs d’Altay et de Yakut qui admettent que les maladies ont des causes divines et, pour leur traitement, consultent les magiciens.

C’est une réalité connue dans l’histoire de la civilisation que, durant mille ans en Anatolie, et des milliers d’années en Asie, les Turcs attribuaient une grande importance à l’enseignement supérieur. La médréssé (le mot est d’origine arabe, ders : leçon. Médréssé désigne le lieu où on étudie une leçon.) d’Astro­nomie d’Ulug Bey à Semerkant est l’un des plus importants exemples. A Buhara et à Hayve existaient aussi des médréssés turques.

Dans ces médréssés on enseignait en premier lieu la science de la religion et ensuite l’astronomie. Car, comme toutes les autres nations de l’époque, les Turcs aussi donnaient une grande importance à l’astronomie. La médecine n’avait pas une place dans ces médréssés. On peut expliquer ce fait parce que cette science n’avait pas encore gagné sa personnalité et qu’il y avait d’autres moyens thérapeutiques.

C’est une chose évidente que, en se rapprochant de l’Anatolie, les Turcs ont été influencés par la Mésopotamie et par les Arabes. Avant d’accepter l’islamisme, les Turcs formaient une société dans laquelle une grande partie croyait au Chamanisme et, en dehors de cela, au Maséisme, au Fétichisme, au Judaïsme et au Christianisme. Chez eux aussi les notions de médecine dogmatique et de traitement avaient comme source la religion.

Après que les Turcs, les Perses, les Egyptiens, les Albiciniens, etc., eurent accepté la religion musulmane, naquit une civilisation islamique. Le grand prophète musulman disait : « Préférez la science du corps à la science de la religion. » De sorte que chez les Arabes et dans toute la civili­sation islamique, on donnait une grande importance à l’enseignement et à la pratique de la médecine. Plusieurs savants médecins se sont illustrés et ont écrit des livres durant la civilisation islamique. Farabt Avicenne, Razés, Ebulkasim Zehravî sont les plus éminents de ces savants. L’enseignement médical se faisait théoriquement par la lecture de ces livres et aussi par la pratique.

Le ministre Nizamülmülk du grand souverain Meliksah a fait construire la médréssé Nizamiye à Bagdad. Ce fait fut le point culminant de l’histoire des médréssés. Dans la médréssé Nizamiye on enseignait aussi la médecine.

Pour trouver d’autres documents sur l’enseignement de la médecine chez les Turcs, il faut se rapprocher de nos jours. Avec la victoire de Malazgirt en 1071, la porte de l’Asie Mineure s’ouvrit aux Turcs et à partir de ce moment, dans les continents conquis en Anatolie, Jordanie, Syrie, Maroc, Hicaz (terrain saint) et en Egypte, etc., on a construit des mosquées, des fontaines publics (sebil), des Caravansérails, des ponts, etc., et des pnédréssés. On construisit aussi des Darüssifa (hôpitaux) qui sont les vrais et premiers hôpitaux turcs. Les livres qu’on étudiait dans ces médréssés sont les manuscrits d’Avicenne et d’autres manuscrits arabes.

Comme on le sait, les Turcs ont conquis l’Anatolie par différents endroits et sont demeurés longtemps en groupes, séparés d’avec les anciens habitants. Durant les longues années qui suivirent le démentèlement de l’empire seldpoukide et qui sont celles de la féodalité anatolienne (époque de beylik), on construisit des établissements sanitaires en Anatolie. Dans certaines médréssés de l’époque de l’Empire des Seldpoukides, on a enseigné la médecine et dans d’autres, dont les plus importantes sont celles de Konya, Sivas, Amasya et Kayseri, on a uni le traitement des malades et l’enseignement de la médecine.

Dans ces médréssés, nées entre le xme et le xve siècle, s’illustrèrent de grands savants, et parmi eux se trouvaient quelques-uns qui ont laissé des oeuvres intéressantes. Maintenant, examinons de près la médréssé de Kayseri (Césarée) qui a réuni pour la première fois le malade et l’enseignement médical, et la médréssé d’Amasya qui a donné pour la premirèe fois un manuscrit chirur­gical écrit en turc.

La Darüssifa de Kayseri, ou la médréssé des Jumeaux, a été construite en 1206 par la fille et le fils du souverain Kilic Aslan. La fille « Gevher Nesibe Sultan », en donnant tous ses bijoux, a fait construire la partie hôpital (Sifaiye) et le fils a fait construire la partie médréssé. Tous les deux sont réunis par un corridor. Dans la partie médréssé, les élèves étudiaient la médecine théoriquement et dans l’hôpital qui se trouvait à côté, faisaient la pratique sur les malades. L’hôpital comporte trois grandes salles et seize chambres. Cette fondation fut ensuite un Vakouf.

L’hôpital-école de Kayseri est situé dans le quartier des Jumeaux à Kayseri. Le portique, qui resta durant des années en ruines, fut révélé par A. Gabriel, et le gouvernement turc a fait faire la restauration de cette mé­dréssé à l’occasion de son 750′ anniversaire. On comprend facilement que le niveau d’enseignement de cet établisse­ment d’une grande valeur architecturale dépassait les limites de son temps. Sur le magnifique portique en marbre se trouve une inscription, mainte­nant clairement lisible, que l’on pourrait traduire ainsi : « Que le règne du grand souverain Keykavus, fils de Giyasettin Kiliçarslan soit éternel. La construction de cet hôpital fut terminée en 602 sur l’ordre de Gevher Sultan, fille de Kiliçarslan. Gloire de la religion et du monde. »

Parmi les médréssés et les hôpitaux construits par les Turcs Seldjou­kides en Anatolie, il faudrait mettre en premier lieu l’hôpital et l’école de Kayseri. La construction d’une telle fondation, dans la période où le nombre des institutions qui comportaient à la fois l’enseignement théorique et la pratique sur les malades étaient très rares, n’est pas un fait négligeable du point de vue de l’histoire de la civilisation. Les manuscrits turcs, tel que celui de Teshilüssifa, oeuvre de Cemaleddin Mehmet Aksarayi (1388), et le premier livre médical turc « Havasüledviye », d’Ishak Bin Murad (1389), qui lient cette période aux Ottomans, furent d’un grand profit pour l’enseigne­ment de la médecine.

L’hôpital d’Amasya, bien qu’il existait déjà à l’époque des Seldjoukides, fut modernisé par les Turcs Ottomans. A l’entrée de l’hôpital se trouve le nom d’Ildus Hatun : l’épouse du souverain Tatar Sultan Mehmet. On comprend que cet hôpital fut fondé par l’Emir d’Anatolie Ahmet Bey, pen­dant la période des Seldjoukides. Parmi les médecins qui firent leurs études dans cet établissement, on trouve Serafeddin Sabuncuoglu qui, plus tard, fut un des professeurs, et écrivit le premier manuscrit chirurgical turc. Ce livre, inspiré de Paul d’Egine et d’Ebulkasim Zehravi, complètement illustré, fut écrit en 1465 et dédié à Sultan Mehmet II le Conquérant. L’exemplaire original de ce manuscrit se trouve à la Bibliothèque Nationale de Paris. Il fut imprimé en turc en 1939 et, en 1960, réimprimé parfaitement en couleurs en France.

Les oeuvres citées ci-dessus et le Zahirei Muraddiye de Mumin de Sinop étaient parmi les livres étudiés à la médréssé d’Amasya. Même si on imagine qu’on enseignait la médecine dans tous les hôpitaux fondés dans les villes d’Anatolie conquises par les Turcs Ottomans, il est évident qu’après Kayseri et Amasya la médréssé où l’on enseignait la méde­cine était à Bursa : Darüdtip, ouverte le 12 mai 1400, sous le règne du Sultan Yildirim Beyazid. D’autre part, à l’époque de Sultan Mehmet, fils de Yildirim, les Turcs Ottomans ont fondé aussi la médréssé Sultaniye à Bursa. Mola Yegan et Molla Gürâni sont des professeurs ayant travaillé dans cette médréssé.


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La date exacte du vrai commencement de l’enseignement des Sciences supérieures dans l’histoire de la science turque, est 1470. Cet enseignement débute avec l’Université Külliye, construite par Mehmet II le Conquérant.

Il y avait deux Universités byzantines lorsque Mehmet II le Conquérant a conquis Istanbul : Panditactrion (Ayasofya), Pantocrator (Zeyrek). Mehmet II le Conquérant chargea Molla Hüsrev des fonctions de Recteur à la première, et Molla Zeyrek à la seconde. Et, d’autre part, Mehmet II le Conquérant avait commencé à fonder son université dans le quartier qui portait son nom, laquelle fut ouverte à l’enseignement 17 ans après la conquête.

L’Université byzantine d’Istanbul, qui avait codifié le Droit de Rome (600-640), avait été remplacée par l’Université de Fatih, construite avec beaucoup de soin. Cette grande création honorait la conquête et ne justifiait pas le départ des savants latins et byzantins.

L’Université de Mehmet II le Conquérant était très différente, au point de vue bâtiment et enseignement, des médréssés du Moyen Age. L’établisse­ment formait un tout avec la mosquée construite sur l’ancienne église Havarion. Pour les médréssés de son entourage, la mosquée, en dehors des heures de prière, tenait la place d’une salle de conférence.

Situées de part et d’autre de la mosquée, les médressés qui donnaient sur la Mer Noire étaient réservées aux classes préparatoires, tandis que celles dont la façade donnait sur la Marmara étaient consacrées aux cours supérieurs, tels que : les mathématiques, la théologie, la littérature, le droit et la médecine. Toute cette cité contenait une Taphane, un réfectoire, une bibliothèque et aussi un bain turc (Hammam).

On a construit aussi spécialement un hôpital juste à côté de la mosquée, qui fonctionnait comme la clinique médicale de la médréssé. Cependant, il n’y avait pas une école indépendante de médecine.

Dans la Külliye (cité universitaire) de Mehmet II le Conquérant, il y avait 20 Doçents et Assistants pour 600 élèves et chaque médréssé était dirigée par un Professeur. Pour garantir son autonomie et ne pas laisser introduire l’influence de la politique dans cet établissement, il disposait de revenus indépendants.

Les ouvrages d’Avicenne Havassüledviye, Zahireimuradiye, Cerrahiyetül­haniye, le livre (Kitabi-Tib) d’Aksemseddin et les copies des manuscrits arabes se trouvaient dans la Bibliothèque de la (Külliye) de Fatih.


Süleymaniye Külliye I
la médréssé de médecine et la Darüssifa


Jusqu’au xvr siècle (époque de Soliman le Magnifique) seule, l’Univer­sité de Mehmet II le Conquérant formait des médecins. A l’époque de Soliman le Magnifique, le pays turc s’est agrandi. Dans la vie civile et mili­taire de ce grand empire, propagé aux trois continents, la nécessité d’avoir des savants, des docteurs, des chirurgiens était très grande. C’est à cette époque qu’on a introduit à l’armée les docteurs et les chirurgiens suivant un cadre.

A cette époque où l’on était en contact, à cause des conquêtes, avec beaucoup de nations, où la population et le commerce avaient augmenté, où l’armée était devenue plus importante et où une mission créée autour du roi coordonnait les besoins. Devant cette condition et ces causes, Soliman le Magnifique ressentit la nécessité de fonder une nouvelle université avec sa médréssé où l’on enseignait la médecine, son hôpital et sa pharmacie centrale.

Dans ces installations bâties en 1555, la médréssé de médecine était dirigée par un professeur et 8 doçents. Dans l’hôpital, il y avait 3 docteurs, 2 oculistes (cette spécialité était séparée), 2 chirurgiens et 1 pharmacien. Dans la médréssé et l’hôpital, les médecins étudiaient les livres cités ci-dessus ainsi que ceux qu’ils écrivirent eux-mêmes. Ces ouvrages traitaient souvent des calculs du rein et de la vessie. C’était : Sifaiye, Tedbiri Nevlud (Netice tülfikriye fitedbiri velâdetül bihriye). Plus tard, Saban Sifai (1700) et au xvine siècle, Vesim Abbas et Gevrekzade Hasan, assumèrent la relève en ce domaine. L’école de médecine de Soliman le Magnifique a continué son enseignement jusqu’au ‘axe siècle. Des adaptations de Booerhave ont été faites par le médecin chef Abdulaziz ; Sanizade Ataullah Efendi a traduit et adapté de l’italien ses œuvres « Miya rülettiba » et Miratülebdam fitesri bülinsan. Enfin, Mustafa Behçet Efendi, Abdullah Nolla et Hayrullab Efendi ont laissé d’intéressantes observations.

On formait aussi des chirurgiens en leur enseignant les notions d’ana­tomie, de blessure et de bandage ; ils n’étaient pas médecins. Parallèlement aux progrès qu’on observe dans tous les domaines en Europe aux XVIIe et XVIIIe siècles, on remarque une chute dans l’empire Ottoman. A cause des défaites de l’armée, des révolutions et du fanatisme, le niveau du savoir scientifique a baissé. Les premiers qui ont remarqué ce fait sont le Sultan Mustafa II et son fils Selim III.

Les tentatives de Selim III et de son archiâtre Mustafa Behçet Efendi pour ouvrir une école de médecine ne se sont pas réalisées par suite du fanatisme qui régnait alors. La réaction contre la langue arabe utilisée comme langue scientifique durant des siècles en Orient, avait commencé à partir du xve siècle. Mais personne ne parvenait à supprimer la langue arabe qui était en même temps la langue de la religion. Selim III, pour habituer le peuple, avait ouvert en 1805, à Kuruçesme, l’école de médecine de Bogazici (Bosphore) pour les chrétiens, et à Kasim­pasa une faculté de médecine pour les musulmans. Mais il a été vaincu par les Janissaires, et les écoles furent fermées.

Mahmut II, Sultan révolutionnaire et moderne, a commencé par éliminer les Janissaires (1824) et ensuite a fondé les écoles militaires navales et infanterie, puis la nouvelle école de médecine, le 14 mars 1827, dans la caserne évacuée par les Janissaires à Sehzadebasi. Dans cette école, quelques leçons étaient enseignées en français et d’autres en italien. Douze ans après, en 1839, le Sultan Mahmut a ouvert le Tiphane et Cerrahhane avec un pro­gramme moderne, à Galatasaray, sous la direction du Professeur Bernard, invité de Vienne, ainsi qu’une école de chirurgie, en 1852, qui avait comme exemple Saint Côme et dont le Directeur était un Français, Sade de Callière. Sultan Mahmut, dans le discours de l’inauguration de la nouvelle école médicale, explique avec audace que les œuvres en langue arabe étant arrié­rées et que la langue turque n’étant pas encore assez développée, on ensei­gnerait la médecine en français jusqu’à ce que les livres et les idiomes turcs soient formés.

Bernard avait appris la médecine en Europe des illustres maîtres, tels que : Van Swieten, Booerhave, Von Stoerk. On mit à sa disposition des professeurs et des assistants turcs. Dans les premières classes de la nouvelle école, on étudiait le français en même temps que le turc et l’arabe, et la lecture de Télémaque était obligatoire. Dans la nouvelle école de médecine, où l’on enseignait en français et avec des méthodes occidentales, l’influence des Italiens, qui pratiquaient la médecine à Beyoglu (Pera), diminuait peu à peu et le français devenait la langue commune des médecins. Le premier membre turc élu à l’Académie française, Ismail Pasa, est l’un des illustres savants de cette période.

En 1841, Spitzer fut nommé professeur d’anatomie à cette école et la même année, par un iradé impérial accordé par le Sultan Mecid, fils du Sultan Mahmut, l’anatomie fut enseignée sur les cadavres. Les médecins français, anglais, hollandais qui se sont installés à Istanbul après la guerre de Crimée (1856) ont fondé, avec la collaboration des médecins turcs, une Société Médicale, la « Société Impériale de Médecine », et commencé à publier un journal : la « Gazette Médicale d’Orient ». Les discussions et les publications de cette Société se faisaient en français.

Avec le temps, à l’école de médecine qui avait pris un aspect militaire, commença une réaction contre la langue française. On estimait que la langue turque s’était suffisamment développée pour permettre l’enseignement de la médecine en cette langue. Une académie de médecine fut créée en 1862, où les discussions se déroulaient en turc. La même année, la gazette « Vekayi Tibbiye » a été publiée et, en 1865, fut ouverte la Faculté de Médecine civile, où l’enseignement se faisait en turc. En 1870, la Faculté Militaire de Médecine adopta également le turc pour l’enseignement médical et, en commençant par le livre d’anatomie de « Janin », tous les livres médicaux furent traduits, la plupart du français, et publiés en turc. En 1894, un Institut de Bactériologie a été fondé à Istanbul et dirigé par Maurice Nicolle. De même, Remlinger fut invité pour quelque temps à Istanbul pour enseigner la rage.

En 1890, parmi les diplômés de la médecine, 5 d’entre eux furent envoyés à Lyon et en 1894, de nouveau le même nombre à Berlin. A leur retour, ils commencèrent leurs cours avec le titre d’assistant. Ils représentaient les écoles françaises et allemandes. A ce moment on a ouvert un hôpital sem­blable à celui du « Val de Grâce » où une délégation mixte d’Allemands et de Turcs enseignait la pratique pendant une année aux nouveaux diplômés militaires. En 1870, à Istanbul, tous les Cours supérieurs, excepté la Faculté de Médecine, ont été réunis pour former une Université (Darülfünun). Après la Révolution de 1909, les Facultés de Médecine militaire et civile ont été réunies en une Faculté introduite dans la Dartilfiinun.

En 1873, le Gouvernement français ouvrit une Faculté de Médecine et de Pharmacie indépendante à Beyrouth qui, à cette époque, était une pro­vince turque. Ce fait fut suivi par la création de la Faculté de Médecine de l’Université Américaine (1900) et, en 1903, le Gouvernement turc ouvrit une autre Faculté de Médecine à Damas.

A la fin de la première Guerre mondiale en 1918, les Facultés de Damas et de Beyrouth restèrent au-delà des frontières turques. Seule, la Faculté de Médecine turque d’Istanbul, avec toutes ses cliniques modernes, ses laboratoires et ses bibliothèques, continua sa mission d’enseignement. La Faculté de Pharmacie, qui s’était séparée de la Faculté de Médecine militaire, et la Faculté d’Odontologie, fondée de nouveau en 1909, continuaient leur mission à Kadirga.

1923 est l’année de la déclaration de la République Turque. Atatürk, en 1933, supprima l’ancien Darülfünun, car il s’était rendu compte qu’elle ne pourrait pas s’adapter aux réformes, et avait fondé la nouvelle Université moderne. Dans la Faculté de Médecine de cette Université, parmi les professeurs turcs se trouvaient des professeurs étrangers dont la plupart étaient allemands, français et suisses, et dans la Revue de la Faculté de Médecine, fondée en 1921, cette fois-ci on publiait des résumés en langues étrangères.

En 1945 à Ankara, en 1954 à Izmir, en 1961 à Erzurum et en 1962 à Diyarbakir, des Facultés de Médecine furent ouvertes. En 1965 et en 1967, d’abord à Ankara, ensuite à Istanbul, le nombre des Facultés de Médecine a été doublé. Et maintenant, dans les 7 Facultés de Médecine turques, il y a à peu près 5 000 élèves, 800 professeurs et doçents et 2 000 assistants. Durant les années qui suivirent la deuxième Guerre mondiale, les mem­bres de l’enseignement ont eu de vastes contacts avec les médecins anglo-saxons.,

La situation actuelle peut se résumer ainsi :

a)   On peut admettre qu’aujourd’hui sur toute la surface de la Turquie il existe des exemples d’institutions médico-chirurgicales modernes.

b)   Quoique quelques bibliothèques ne soient pas encore achevées pour recevoir toutes les publications classiques et périodiques, la situation va en s’améliorant.

c)   Après l’acceptation de l’alphabet latin en 1928, les publications ont beaucoup augmenté. Les manuscrits et les livres écrits en caractères anciens ne sont gardés que pour leur valeur historique.

d)   Les étudiants acceptés à l’Université sont suffisamment familiarisés avec une des langues étrangères vivantes. Les assistants ne peuvent être acceptés à l’Université qu’après la réussite de l’examen d’une des langues étrangères. Pour les professeurs, il est obligatoire de savoir deux langues étrangères.

e)   Durant les dernières 30-40 années, les jeunes médecins turcs partici­pent aux travaux de plusieurs instituts de recherche, tant en Europe qu’en Amérique. Les relations avec les sociétés, les congrès et les académies étrangères s’élargissent.

f) Aujourd’hui en Turquie, avec les périodiques et archives des Facultés de Médecine d’Istanbul, d’Ankara, d’Izmir, de l’Académie de Médecine, de la Société de Médecine et des Sociétés spéciales, et de quelques grands hôpitaux, avec quelques périodiques et gazettes des Sociétés privées, il y a plus de 30 périodiques de médecine qui se publient, dont quelques-uns donnent des résumés en français, en allemand et en anglais.

On remarque que l’enseignement médical en Turquie est passé de l’époque mythologique à l’âge primitif au Moyen Age à la période de la médréssé, puis de la médréssé au Darülfünun et enfin à l’Université. Les points essentiels de repère dans cette évolution sont : la Külliye de Mehmet II le Conquérant, l’Ecole de Médecine de Sultan Mahmut et la Faculté de Mé­decine de l’Université d’Atatürk. La dernière réforme d’Atatürk avait pour but de donner à l’Université l’esprit contemporain parallèle à celui existant dans le monde actuel.

Grâce à cela, les médecins turcs possèdent toutes les éditions publiées en Europe et en Amérique, tous les classiques et périodiques turcs prati­quent sur un vaste matériel de malades et prennent leur place parmi le monde médical.

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