via BnF – La légende du roi Arthur


L’amour courtois
Michel Rousse


L’amour courtois trouve d’abord son épanouissement dans la littérature, puis ses personnages, ses codes et ses images envahissent progressivement le cadre de vie de l’aristocratie.

La cour

L'amour courtois BnF_img1C’est au XIIe siècle, époque d’essor économique et commercial, que la noblesse découvre, à côté des émotions fortes de la guerre, les plaisirs du confort, du luxe, des étoffes rares et des bijoux précieux. Elle se plaît à un raffinement de manières et de sentiments, dont les dames sont les inspiratrices. Ainsi s’élabore un nouvel art de vivre qui s’épanouit dans les cours royales et princières, et qui tient son nom de la vie de cour : la courtoisie. Aliénor d’Aquitaine, mariée d’abord au roi de France puis au roi d’Angleterre, protège les troubadours et favorise l’essor des romans. Sa fille, Marie de Champagne, anime elle aussi une cour où rayonne l’idéal de la courtoisie.


La poésie lyrique des troubadours

Poètes et musiciens, petits chevaliers ou princes puissants ont allié le raffinement artistique au raffinement amoureux. La fine amour qu’ils chantent – amour est féminin à l’époque et l’adjectif fine, au sens de « raffiné », en appelle à une savante alchimie – transcende la pulsion sexuelle et se fixe dans l’exaltation d’un désir qui s’alimente de la douleur de la séparation : la dame est hors d’atteinte, elle est mariée et d’un haut rang. Le poète mêle adoration respectueuse et rêves d’une sensualité audacieuse. Cet amour qui ne cesse d’espérer la joie qui viendra le combler dans un embrasement de tout l’être s’apparente à une ascèse mystique.


Les romans en vers

L'amour courtois BnF_img2Dans la France du Nord, la fine amor des troubadours séduit aussi les écrivains. Le Chevalier de la charrette, de Chrétien de Troyes, en exalte la situation caractéristique : Lancelot est amoureux de la femme du roi et entreprend pour elle les plus folles aventures. Fasciné par la beauté de Guenièvre, il est capable d’extase lorsqu’un objet vient raviver en lui le souvenir de celle qu’il aime. Dans l’action, il peut accepter la honte et le déshonneur simplement pour prouver sa totale soumission au bon vouloir de sa dame. Sa parfaite dévotion lui vaudra, mais après bien des épreuves, d’accéder à la suprême récompense d’une nuit d’amour. Dans ce roman l’amour est folie, mais il assure valeur et gloire au chevalier d’élite qui prend le risque de s’y engager.
Cependant, dans ses autres romans, Chrétien repousse l’idéologie de l’amour adultère et s’efforce de concilier l’éthique courtoise et le mariage. Il oppose ainsi ses héros à Tristan et Iseut et exalte la force vivifiante de l’amour dans le mariage, voie qui n’est pas sans danger, mais ascèse qui donne accès pour l’homme comme pour la femme à un dépassement de soi. L’égalité des époux remplace la souveraineté de la dame et l’amour exalte la prouesse ; il éveille chacun des amants au souci des autres et doit mener toute la société à la joie, qui est accord, paix et justice. L’amour des héros rétablit l’harmonie du monde.


http://expositions.bnf.fr/arthur/arret/06.htm


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