via Russia Beyond
Histoire 26 nov 2019 Daria Gridiaïeva

Se mettre au service des tsars russes était une décision hasardeuse, faisant miroiter tant de vertigineuses perspectives de carrière qu’un véritable test de résistance. Les plus chanceux, ayant réussi à obtenir la reconnaissance de l’Empire russe, sont restés dans le pays pendant de nombreuses années et ont laissé une marque notable dans son histoire et sa culture. Dans cet article, c’est à l’architecte français à l’origine de la transfiguration de la capitale du Nord que nous nous intéressons.
Imaginons qu’Auguste Montferrand n’a jamais été au service des Romanov, sous nos yeux, Saint-Pétersbourg perdrait immédiatement de son faste. Ce Français, architecte talentueux, dont le nom est peu connu dans son pays natal, a en effet offert à la Venise du Nord sa carte de visite principale – la grandiose cathédrale Saint-Isaac, et a également décoré la place du Palais avec le plus haut monument monolithique du monde. Ainsi, les touristes français qui se promènent dans le centre historique de la ville ont-ils le droit d’être fiers de leur compatriote.

Ancien soldat napoléonien, Montferrand se retrouva dans l’Empire russe par la volonté du destin. Au printemps 1814, les troupes russes dirigées par l’empereur Alexandre Ier entraient triomphalement à Paris. Montferrand, qui pendant la guerre, avait étudié par intermittence l’architecture et, nourrissant l’espoir de percer dans cette profession, parvint alors à attirer l’attention du monarque, lui présentant un album de ses croquis. Alexandre apprécia tellement les esquisses de cet entreprenant jeune homme qu’il l’invita en Russie.
D’après des témoins oculaires, Montferrand était effectivement incroyablement talentueux, si bien que des rumeurs d’un « petit dessinateur » étonnant se répandirent bientôt au sein de la chancellerie locale. « N’est-il pas vrai que nous ne devrions pas laisser cet homme sortir de Russie ? », s’exclama, impressionné par l’allure de ses travaux, Augustin de Betancourt, architecte d’origine espagnole au service des Romanov, qui bénéficiait d’une confiance particulière du souverain.