via universalis
Écrit par : Pierre MESNARD : membre de l’Institut
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PREMIÈRES LIGNES
Les œuvres de Jean Bodin sont maintenant traduites en plusieurs langues ; souvent rééditées, elles font l’objet de nombreuses études aussi bien en Italie et aux États-Unis qu’en France ; Bodin apparaît aux yeux des critiques comme l’un des plus grands philosophes politiques de tous les temps. Cela tient à ce qu’il a défini le premier avec toute la netteté désirable la notion de souveraineté, à ce qu’il a exposé dans sa République la structure fondamentale de la monarchie française comme type idéal de l’État moderne et établi à partir de ces deux pôles éminents, la Rome républicaine et la France royale, une comparaison systématique de tous les États connus et de leurs institutions en y comprenant aussi bien les empires anciens étudiés par les historiens classiques que les États nouveaux du Nord, de l’Orient et de l’Amérique, découverts ou redécouverts par les explorateurs et les sociologues de la Renaissance. Souveraineté, droit comparé, philosophie de l’histoire fondée sur une connaissance positive du fait, la rencontre de ces trois facteurs, enfin portés à leur point de clarté rationnelle, correspond à un bond de la réflexion politique tellement prodigieux que nous n’en avons pas, depuis, connu de semblable.
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