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Astronome français (1811-1877). Spécialiste de mécanique céleste, il accomplit une tâche illustre en examinant les perturbations du mouvement de la planète Uranus, d’où il déduisit — en même temps que l’astronome anglais John Couch Adams (1819-1892) — l’existence d’un astre inconnu dont il calcula l’orbite probable : ainsi put être découverte en 1846, par l’astronome allemand Johann Galle (1812-1910), la planète Neptune, « voisine » d’Uranus ; plus généralement, Le Verrier, qui fut par deux fois directeur de l’Observatoire de Paris (de 1854 à 1870, puis de 1873 à 1877), mena une révision complète des tables des mouvements planétaires et élabora une théorie du mouvement de la Lune.
Membre de l’Académie des sciences à partir de 1846, homme public — il fut député, puis sénateur — , Le Verrier était connu de ses pairs et de ses subordonnés pour son intransigeance et son autoritarisme. Ces traits de caractère, pour la météorologie, furent peut-être un facteur bénéfique, puisque c’est grâce à la volonté de ce grand organisateur que fut institué en France un service météorologique opérationnel, puissamment structuré et lié régulièrement à d’autres établissements d’observation européens. Les circonstances de cette fondation sont restées célèbres, car elles posent d’emblée le problème de la prévision des phénomènes dangereux à l’occasion de deux catastrophes survenues lors de la guerre de Crimée (1854-1855). La première se produisit le 14 novembre 1854, alors que les flottes anglaise, française et turque faisaient le siège des forces russes devant Sébastopol : une violente tempête frappa les marines alliées, envoyant par le fond 38 navires de commerce et de transport et 3 vaisseaux de guerre, dont le Henri IV . Or, Le Verrier, directeur de l’Observatoire de Paris depuis le début de la même année, projetait de fonder un service de météorologie télégraphique : dès lors, il entreprit de recueillir et d’analyser à travers toute l’Europe les informations sur l’état de l’atmosphère entre les 12 et 16 novembre inclus, ainsi qu’il l’exposa plus tard à l’Académie des sciences ; il reconstitua ainsi l’étendue et la trajectoire de la tempête et en déduisit que l’arrivée de celle-ci aurait pu être prévue à l’aide d’un réseau de transmission approprié, comme pouvait l’être, était-il fondé à supposer, l’arrivée de toute tempête en général. C’est le 16 février 1855 que Le Verrier soumit à l’empereur Napoléon III son projet de création d’un tel réseau, soit le lendemain même de la seconde catastrophe : en effet, le 15 février, lors d’une terrible tempête, la frégate française La Sémillante , partie la veille de Toulon pour la Crimée, s’était jetée contre les récifs et abîmée avec ses 693 soldats et hommes d’équipage dans les profondeurs des bouches de Bonifacio — ce fut la plus grande catastrophe maritime jamais survenue en Méditerranée. Ces deux désastres ne pouvaient qu’entraîner l’approbation immédiate du projet par l’empereur, prononcée le 17 février.
L’organisation du réseau météorologique, d’abord destiné aux ports maritimes, fut rapidement mise au point à l’échelon national, puis international : le 2 novembre 1857 paraissait un tableau d’observations météorologiques quotidiennes dans le premier numéro du Bulletin international de l’Observatoire de Paris, et le 7 septembre 1863 était publiée dans ce même Bulletin la première carte météorologique sur l’Europe. Ainsi fut mis sur pied et développé en une vingtaine d’années par Le Verrier — au milieu de dures rivalités personnelles et administratives et de continuels désaccords scientifiques — un service météorologique fondé sur l’observation et la transmission synchronisées au sein d’un réseau de bientôt soixante-dix centres météorologiques européens, fournissant des prévisions maritimes sur 24 heures et allant jusqu’à inclure le suivi des orages ou les avertissements en agrométéorologie.
http://www.meteofrance.fr/publications/glossaire/152539-le-verrier-urbain