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L’Européen – L’INFLUENCE FRANÇAISE DANS LA LITTÉRATURE BULGARE [07-12-1934]

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L'Européen - L'INFLUENCE FRANÇAISE DANS LA LITTERATURE BULGARE [07-12-1934]
L’Européen – L’INFLUENCE FRANÇAISE DANS LA LITTERATURE BULGARE [07-12-1934]

La langue française jouit dans les pays balkaniques d’une situation privilégiée. Pratiquée sur une large échelle, elle est entrée en quelque sorte dans les moeurs de la plupart de ces pays et elle contribue largement à la connaissance de la France, de son grand peuple, de ses penseurs et de ses umanistes.

Mais si l’influence française dans les Balkans se manifeste dans les domaines de l’activité politique et diplomatique, c’est surtout dans le domaine des Lettres que la France a marqué le plus vivement l’empreinte de son immortelle pensée. De tout temps, les écrivains balkaniques se sont inspirés des auteurs français et toutes les grandes œuvres de la littérature balkanique sont marquées de l’influence française.

Je prépare actuellement une étude sur la part de cette influence dans les œuvres des écrivains serbes. Il me plaît, en attendant, de signaler le premier volume d’un ouvrage qu’un grand et émérite connaisseur de la langue française en. Bulgarie, M. Nicolaï Donfchev, vient de publier sous le titre : « Influences étrangères dans la Littérature bulgare ». Ce premier volume se rapporte aux influences russe et française.

Nicolaï Dontchev connaît à merveille non seulement la langue, mais aussi toute la littérature française, et c’est en grand érudit qu’il nous démontre l’influence française chez les auteurs bulgares– Le plus grand poète et écrivain bulgare, Ivan Vazov, s’est nourri des oeuvres d’Edmond Sue «qui a produit sur lui une forte impression », de Victor Hugo « dont il a subi l’attrait irrésistible », de Béranger « qui lui devint très proche, mais pour une courte durée », de Racine « dont il s’est inspiré dans maintes de ses oeuvres » de Lamartine, Vigny, Musset <; qui lui ont révélé le mouvement romantique ». Par l’influence bienfaisante qu’ils ont exercée sur lui, les poètes français déterminèrent le chemin poétique de Vazov en enrichissant son horizon et ses moyens d’expression sans rien enlever à l’originalité éclatante de son savoureux et grand talent- On se plaît dailleurs à appeler Vazov le Victor Hugo bulgare.

Un autre grand écrivain bulgare, Constantin Valitchkokov a subi, dans son évolution poétique, l’influence des romantiques français, plus particulièrement Hugo et Lamartine,, dont il a traduit certaines des oeuvres. Sa satire « Le Tyran » est traversée par le souffle des « Châtiments. ». M. Dontchev explique l’attitude de Velitchkov envers Hugo poète et citoyen par une certaine affinité d’âme. L’auteur des « Sonnets de Constantinople » se sent attaché au poète français sans qu’il ait eu la pensée de l’imiter, Hugo étant, suivant sa propre expression, inimitable.

Un autre écrivain bulgare, Stoyan Mikhaïlovsky, poète -chrétien qui ne demeure pas impassible en face de l’injustice, de Timprobilé et du mensonge, doit également beaucoup à la langue et à la littérature française. Il est le premier des hommes de lettres bulgares qui s’est développé exclusivement sous la tutelle française. Depuis Rabelais et Montaigne jusqu’à Sully Prudhomme, le poète que Miclcaïlovski tenait en très haute estime, passant par Pascal, Voltaire, Boileau, Bosiici, Bourdalou, Hugo Lamartine (dont Mibaïlovski a fort bien traduit le Poème du Desespoir), tous ces grands esprits sont les maîtres dé l’écrivain bulgare qui y découvre un- univers nouveau vaste et puissant, une source de sagesse intarissableD’ailleurs, Miekaïlovski a laissé un grand nombre d’oeuvres écrites directement en français. En voici une intitulée Prière :

[…]

Parmi les grands poètes bulgares, c’est P- K. Javorov qui évoque le mieux, dans sa poésie, l’image de Beaudelaire. Voici un poème de Javorov inspiré directement de De Profundis Clamavi, du poète français :

[…]

Nicolaï Dontchev nous donne de nombreuses indications encore sur l’étendue de l’influence française subie par d’autres écrivains bulgares : Nicolas Raïnov, Nicolas Liliev, Dimtcho Debelianov, Emanouil Pop Dimitrov, etc. Son consciencieux travail est une importante contribution à l’étude de la diffusion de la pensée française dans les Balkans.

Il m’est agréable de noter que le nouveau ministre de Bulgarie à Paris, le professeur P. Staïnov, est un fervent de la langue et de la pensée françaises, et qu’il ne néglige rien pour développer le rapprochement intellectuel entre les deux peuples

Léon SAVADJIAN.

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