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Les Expositions Universelles sont, depuis leur inauguration en 1851, de véritables tours du monde pour les visiteurs. Il n’est donc pas étonnant que la première rencontre du grand public avec le Cambodge et l’art khmer ait eu lieu lors de ces événements, à la fin du XIXème siècle.

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A l’intérieur du pavillon du Cambodge, Expo Universelle de Paris, 1900

Au tournant du siècle, l’Asie est à l’honneur en France et la propagande coloniale commence à émerger. Les colonies et protectorats se doivent d’être attractifs et la France utilise les Expos pour donner à voir leur richesse. Des reconstitutions de monuments khmers d’une rare beauté deviennent ainsi les attractions phares des Expos Universelles parisiennes de 1878, 1889 et 1900.

Un homme se cache derrière ce succès. Il s’agit de Louis Delaporte auquel le Musée Guimet consacre son exposition Angkor : Naissance d’un mythe – Louis Delaporte et le Cambodge*. Dessinateur officiel des expéditions françaises du Mékong, Louis Delaporte tomba amoureux d’Angkor lorsqu’il découvrit en 1866 ce site abandonné. Dès lors, Delaporte n’eut plus qu’une seule idée en tête, faire connaître l’art khmer sur le vieux continent.

Persuadé que ce qu’il voyait serait détruit peu à peu par la nature et le climat, il récupéra des œuvres cassées (avec l’accord des autorités locales) et fit sur place des moulages de statues et de bas reliefs pour en conserver la mémoire exacte. Ces moulages, véritables photos en 3D, retranscrivent avec précision l’état des monuments.

Plusieurs expéditions suivirent pour augmenter la collection française d’art khmer. Après l’Expo de 1878, Delaporte parvint à créer le musée indochinois au Trocadéro. Le musée devint la référence pour les amateurs d’art khmer. Les constructeurs des futurs pavillons du Cambodge pour les Expos de 1889 et 1900 vont se servir des moulages du musée en utilisant la technique du « surmoulage » et reconstituer des monuments entiers à partir de dessins d’époque et leur créativité.

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Une vue du pavillon du Cambodge, Expo Universelle de Paris, 1900

D’Expo en Expo, l’art khmer prit une place de plus en plus importante. En 1878, les visiteurs découvrirent la colossale balustrade du Preah Khan, en 1889 la reconstitution d’une pagode d’Angkor puis en 1900, une reproduction du monastère Vat Phnom de Phnom Penh et la tour à visage du Bayon.

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Le pavillon du Cambodge, 1889

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Le pavillon du Cambodge, 1900

L’engouement du public pour cet exotisme conduit la France à organiser des expos dédiées à ses colonies et protectorats qui accordèrent une large place à l’art khmer. Des temples entiers seront reconstruits lors des expositions coloniales de Marseille en 1906 et 1922 jusqu’à l’apothéose de l’Expo coloniale de Paris en 1931 et son temple d’Angkor Vat grandeur nature.

Le succès de ces reconstitutions, nous dit Pierre Baptiste, conservateur du musée Guimet, n’est pas entravé par la montée de l’anticolonialisme. Ces temples sont vécus par les visiteurs comme de véritables attractions, une escapade exotique. Cependant, après la première guerre mondiale, la technique du moulage et de la reconstitution commença à perdre de sa valeur, le marché de l’art étant à la recherche d’authenticité. On se désintéressa donc peu à peu des œuvres de Louis Delaporte que l’on empila sans considération dans la grange de l’abbaye de Saint-Riquier pendant plus de 40 ans.

Or, il ne s’agissait pas de pâles copies d’Angkor et les travaux de restauration des moulages entrepris par le musée Guimet depuis un peu plus d’un an seront sans doute précieux pour la préservation du site qui est inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO et qui accueille plusieurs centaines de milliers de visiteurs chaque année. A ce titre, le site est toujours mis en avant lors des Expos Universelles, mais cette fois en tant que patrimoine national de l’Etat du Cambodge.

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L’entrée du pavillon du Cambodge, Expo Yeosu 2012
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La Tour à visages, Expo Shanghai 2010

* Angkor : Naissance d’un mythe – Louis Delaporte et le Cambodge, 16 octobre 2013 – 30 janvier 2014, Musée Guimet, Paris.

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