source : SHS Web of Conferences
Jules Simon Ndong Bekalea. Laboratoire Sport et Environnement Social, SENS (EA 3742), 1741 rue de la piscine, Université Grenoble-Alpes, 38400 Grenoble, France
Numéro
SHS Web Conf.
Volume 32, 2016
Etats des recherches sur le sport et l’olympisme au Cameroun (1963-2013) : bilan, controverses et perspectives
Numéro d’article 01002
Nombre de pages 18
Section Approche historique et épistémologique
DOI /10.1051/shsconf/20163201002
Publié en ligne 31 octobre 2016
RÉSUMÉ
Les Etats africains francophone du Sud-Sahara ont hérité d’institutions pour la plupart calquées sur le modèle français. Les politiques en charge du sport et de l’éducation physique n’échappent pas cette logique au Gabon.
L’ambition de cet article est d’interroger les influences de la France à travers ses institutions sportives sur les politiques sportives en Afrique subsaharienne notamment au Gabon. L’objectif de cette étude n’est pas de confronter le mouvement sportif français aux institutions sportives gabonaises, mais de voir comment la France, puissance coloniale, s’est introduite, implantée, diffusée et imposée du sport et de l’éducation physique au Gabon à travers l’école, l’église, et les milieux associatifs sans qu’il ne se développe chez les autorités gabonaises une stratégie de réappropriation et d’autonomisation.
Introduction
Peut-on se désintéresser du rôle et de l’action de la France dans la mise en place, l’organisation et la gouvernance des institutions sportives dans des pays d’Afrique noire francophone quand on sait que cette dernière a une action directe sur le mouvement sportif africain ? Mais les pays africains avaient ils le choix d’autres stratégies de politiques sportives quand on sait que, d’une manière générale, la mise en place du dispositif administratif dans les anciennes colonies n’était qu’une simple reproduction avec certes des nuances de ce qu’avait été l’administration coloniale ?
C’est dans cette perspective que la France se retrouvera donc garante du destin de nombreuses colonies parmi lesquelles le Gabon. Les autorités sportives françaises jouiront alors d’un droit de regard et d’action sur les institutions sportives au Gabon. Mais à quel niveau et avec quelle ampleur ? Afin de continuer à perpétuer leur influence sur certains pays Africains, mais cette fois de manière stratégique, la France mettront en place des mécanismes de coopération basés sur « l’aide » aux anciennes colonies avec en contrepartie, une intrusion dans les institutions locales.
Mais si les « politiques gabonais » laissent les choses évoluer de cette façon, peuvent-ils être considérés comme non-responsables comme cela est souvent présenté au peuple ? L’intérêt de cette question est de monter le rôle que les dirigeants Africains adoptent pour la mise en place des politiques sportives dans leurs pays respectifs sans parfois tenir compte des attentes, de l’adhésion ou non des populations. Mais pour le moment, ce n’est pas tant cette question qui nous intéresse dans notre étude. L’intérêt de notre travail est de monter que face aux influences institutionnelles françaises sur l’organisation et le fonctionnement des institutions sportives gabonaises, les politiques de développement du sport au Gabon se sont mises en place tout en restant éloignées des réalités locales.
Nous recherchons dans notre étude, au-delà d’une simple transposition institutionnelle et de valeurs, ce qui dans le système français a été transposé et repris au Gabon et qui peut être considéré, soit comme un obstacle, soit comme un élément facilitateur sur les institutions sportives au Gabon. Il s’agit d’analyser :
– Comment la France a marqué de son empreinte les institutions sportives au Gabon ;
– Sous quelles formes et selon quelles modalités, les responsables politiques gabonais se sont organisés pour prendre le relais de l’administration coloniale. Avec quels programmes ? Quels objectifs ? Quelles actions ? Et surtout quelles structures et quels moyens ?
– Quel a été l’impact de ces politiques sur l’enseignement de l’EP et la gestion du sport ?
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Conclusion
Malgré leur accession à l’indépendance à partir des années 1960, les pays d’Afrique noire subsaharienne, à l’instar du Gabon ne se sont jamais détachés de l’influence des sociétés occidentales qui continuent à les maintenir sous influence. En effet, passé du système de « colonisation violente » à une stratégie plus docile, les puissances occidentales sont toujours restées présentes dans le dispositif institutionnel des Etats Africains à travers les institutions nationales et internationales mises en place. Cette situation est d’autant plus vraie que la présence des structures telles que l’école, l’église et l’armée n’a pas facilité les mécanismes de prise de conscience et de véritable autonomie des pays d’Afrique noire.
Au moment où les activités physiques sont devenues un enjeu de politique internationale auquel aucun pays ne pouvait échapper, avec le spectre de la compétition sportive posée comme objectif principal, les pays d’Afrique noire francophone y compris le Gabon ont mis en place des stratégies afin de s’approprier leurs pratiques corporelles. Ces stratégies se doivent de procéder au renversement des dispositions des périodes coloniales et postcoloniales, tout en tenant compte des dynamiques internes propres aux pays africains ; non pas avec pour objectif de reproduire le même modèle occidental, mais plutôt d’envisager un changement culturel tenant compte des exigences du moment. Si le Gabon veut se saisir du sport et de l’EP engager un véritable développement, les processus d’interculturalité doivent être envisagés avec un souci particulier pour les pratiques corporelles nationales. Ce qui corrigerait la situation du sport et de l’EP dans les pays d’Afrique noire francophone où « la transposition de systèmes sportifs « occidentalisés » axés sur la performance, [mais] inadaptés aux caractéristiques économiques, culturelles et sociales des pays, a entrainé la mise en place de structures vides de moyens qui ne permettent pas le développement du sport dans son ensemble. Ces pays ont été « poussés » vers l’engrenage de la valorisation sportive internationale pour affirmer leur importance et leur identité ». En procédant ainsi, les pays du continent noir maitriseront mieux leurs propres pratiques physiques d’une part et d’autre part « l’organisation du sport fait pour un autre peuple, une autre culture, une autre économie ; le sport moderne… »