via letemps.ch
A Paris mardi, un colloque d’historiens a lancé la commémoration du 500ème anniversaire du traité de Fribourg signé le 29 novembre 1516. Un homme l’incarna, sous le Roi-Soleil: le colonel des Gardes suisses Pierre Stoppa.
Alain Berset sera à Fribourg, le 29 novembre, pour la commémoration du 500ème anniversaire du Traité de paix perpétuelle signé, le 29 novembre 1516, entre le Roi de France François 1er et la confédération des treize cantons. Le Conseiller fédéral a donc rodé son discours, mardi, lors d’un colloque d’historiens à Paris, dans les locaux du Sénat où Pascal Couchepin avait, en 2003, célébré le bicentenaire de l’Acte de médiation par lequel Bonaparte dessina les contours de la Suisse moderne.
L’axe retenu par le Chef du département de l’intérieur? Les leçons politiques de la paix perpétuelle: «Ce traité permit à la Suisse d’éviter qu’elle ne se scinde en deux pour des raisons économico-militaires, cela quelques années seulement avant l’avènement de la Réforme qui lui offrira bien vite d’autres occasions d’éprouver la solidité de ses confédérales fondations […] a-t-il expliqué à Paris, avant de présider à la présentation de la version française du précieux document, bardé de sceaux de cire. «Notre pays n’avait pas meilleur choix à faire que de lier son destin à la France […] Nourrie par des siècles de paix scellée dans le parchemin, notre amitié a fini par atteindre son apogée philosophique au XVIIIème siècle, celui des Lumières».
Soldats suisses au service du royaume de France
Plus que la portée géopolitique de ce traité vieux de cinq siècles, cette réunion d’historiens émérites a surtout permis d’exhumer une aventure particulière riche en personnages flamboyants: celle des régiments de soldats suisses au service du Royaume de France – ces «terribles aux bras noueux, spécialisés dans le corps à corps par dépeçage» comme l’a rappelé Alain Berset – dont le recrutement était l’une des conditions de la paix.
Retour en arrière, sous la règle du très catholique Louis XIV qui, avec la révocation de l’édit de Nantes en 1685, provoqua la fuite de dizaines de milliers de huguenots vers la Suisse, pour échapper aux dragonnades. Un homme, alors, va parvenir à maintenir le lien militaire entre la France et la Confédération. Originaire des Grisons, Pierre Stoppa, est né en Valteline, en juillet 1620. Engagé dans les gardes Suisses, promu officier de la compagnie des «Cent Suisses» qui, dans les logis royaux, assurent la protection rapprochée du monarque, Stoppa devient, grâce à ses exploits militaires et à son talent d’entremetteur, l’helvète préféré du Roi-Soleil. A Versailles, il règne sur la garde avec Alexandre Bontemps, le premier valet de chambre du roi, responsable de l’intendance de ce corps de mercenaires. C’est à lui que, la nuit tombée, Bontemps – qui couche au pied du lit du roi – transmet le «mot du guet» qui permet aux gardes de déjouer les complots et les éventuelles attaques.
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