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Par Louise Cuneo Modifié le 05/11/2013 à 14:31 – Publié le 05/11/2013 à 00:01 | Le Point.fr
Le « père du design industriel » aurait fêté mardi ses 120 ans. Google célèbre aujourd’hui la carrière d’un Français au succès planétaire.

« Beau, brillant, élégant et… français. » Raymond Loewy a beau avoir une gueule tout droit sortie d’un film d’Otto Preminger, avec ses cheveux grisonnants impeccablement brushés, sa moustache bien taillée et son regard torve, il n’en reste pas moins français, et a dignement représenté son pays outre-Atlantique lorsqu’il s’y est installé en 1919.
Si son nom n’évoque rien pour le quidam, les affranchis du design le connaissent bien. Après avoir d’abord travaillé un temps comme illustrateur de mode pour les journaux Vogue et Harper’s Bazaar, il s’est surtout distingué pour ses logos et son dessin industriel. Considéré par certains comme « le père du design industriel », on lui doit dès les années 1930 le logo Shell, plusieurs objets de la marque Coca-Cola, les voitures Studebaker et le réfrigérateur Coldspot. Avec cet appareil électroménager, c’est le début de la gloire : en 1938, le voilà naturalisé citoyen américain.

En 1940, le président d’American Tobacco Co parie 50 000 dollars qu’il ne parviendra pas à améliorer l’emballage du paquet de cigarettes Lucky Strike : Loewy relève le défi, repeint le fond vert du paquet en blanc – réduisant du même coup les coûts d’impression -, et fait apparaître le logo des deux côtés de l’emballage, augmentant du même coup la visibilité de la marque… et ses ventes. Le succès est total. Son agence, Raymond Loewy Associates, s’agrandit et compte alors 150 employés. Il passe alors à la taille supérieure et s’attaque aux locomotives du chemin de fer de Pennsylvanie, poursuit sa collaboration avec les autos Studebaker en imaginant notamment l’Avanti.

Il revient en France en 1953 et crée la Compagnie de l’esthétique industrielle (l’anglicisme « design » lui a depuis été préféré), d’où sortent les logos des biscuits Lu, de New Man (dont la particularité est de se lire dans les deux sens), Coop, L’Oréal, Monoprix. Mais les transports l’intéressent toujours, puisque le président américain J. F. Kennedy lui commande l’aménagement et la décoration intérieure de l’Air Force One, avant qu’Air France ne lui en demande autant pour son Concorde en 1976. Toujours plus haut : c’est ensuite la Nasa qui le mandate pour réaliser le design de l’intérieur de la station spatiale Skylab.
Celui qui fut le premier designer industriel à faire la « une » du Time magazine a même été reconnu comme l’un des « 100 Américains les plus influents du XXe siècle » par le prestigieux hebdomadaire. Un hommage lui est même rendu dans Aviator, de Martin Scorsese, dans lequel il est évoqué.
Aujourd’hui encore, 27 ans après sa mort, sa mémoire est célébrée chaque année lors de la remise d’un prix qui honore le travail de designers au parcours hors du commun, tels Dieter Rams et Philippe Starck. Ce mardi, Google lui consacre même son Doodle, pour le 120e anniversaire de sa naissance. Loewy rejoint ainsi d’autres personnalités remarquables, telles que Nietzsche, Schrödinger, Roland Garros, Léon Foucault, et même… la sorcière d’Halloween.