source : http://whc.unesco.org/fr/list/493
Ville médiévale de Rhodes
L’ordre des Hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem a occupé la ville de 1309 à 1523 et a entrepris de la transformer en place forte avant qu’elle ne passe successivement sous domination turque et italienne. La haute-ville est l’un des plus beaux ensembles urbains de la période gothique, avec le palais des Grands Maîtres, l’Hôpital et la rue des Chevaliers. Dans la basse-ville, l’architecture gothique coexiste avec des mosquées, des bains publics et d’autres édifices construits durant la période ottomane.

Description longue
Rhodes offre un remarquable exemple d’ensemble architectural illustrant la phase historique au cours de laquelle un ordre militaire hospitalier fondé pendant les croisades chercha à survivre en Méditerranée orientale dans un contexte marqué par une peur obsessionnelle des sièges. Les fortifications de Rhodes, la ville « franque » longtemps considérée comme imprenable, ont exercé une influence importante sur tout le monde méditerranéen à la fin du Moyen Âge.
Avec ses constructions franques et ottomanes, la vieille ville de Rhodes représente un important exemple d’habitat traditionnel, caractérisé par un phénomène stratifié et complexe d’acculturation. Le contact avec les traditions du Dodécanèse modifia le style de l’architecture gothique, tandis que les constructions postérieures à 1523 combinent les solutions vernaculaires résultant de la rencontre de deux mondes avec des éléments décoratifs d’origine ottomane. Toutes les constructions antérieures à 1912, devenues extrêmement vulnérables du fait de l’évolution du milieu, doivent aujourd’hui être protégées, ainsi que les grands monuments religieux, civils ou militaires : églises, monastères, mosquées, palais, forts, portes et remparts.
De 1309 à 1523, Rhodes fut occupée par l’ordre des chevaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem, qui avait perdu son dernier bastion de Palestine, Saint-Jean-d’Acre, en 1291. Ils transformèrent la capitale de l’île en une ville fortifiée capable de soutenir des sièges aussi terribles que ceux menés par le sultan d’Égypte en 1444 et par Mehmet II en 1480. Vestige anachronique des croisades, Rhodes succomba finalement en 1522, au terme d’un siège de six mois mené par Soliman II, dont les troupes se montaient à 100 000 hommes.
La ville médiévale se trouve à l’intérieur d’une muraille longue de 4 km. Elle est divisée selon le style classique occidental, en une ville haute au nord et une ville basse au sud/sud-ouest. Séparée à l’origine par un mur fortifié, la ville haute, ou Collachium, a été entièrement construite par les chevaliers hospitaliers qui étaient devenus, à la suite de la dissolution de l’ordre des Templiers en 1312, l’ordre militaire le plus puissant de toute la chrétienté. L’ordre était organisé selon sept « langues », ayant chacune son propre siège. Les « auberges » d’Italie, de France, d’Espagne et de Provence jalonnent les deux côtés d’un grand axe est/ouest, la célèbre rue des Chevaliers, qui offre l’un des meilleurs exemple d’urbanisme gothique. À l’extrême nord, non loin du premier hospice des chevaliers, se trouve l’auberge d’Auvergne, dont la façade porte les armes de Guy de Blanchefort, qui fut leur grand maître en 1512 et 1513.
Le premier hospice a été remplacé au XVe siècle par un grand hôpital construit entre 1440 et 1489 au sud de la rue des chevaliers ; l’édifice est aujourd’hui occupé par un musée archéologique. Le palais du grand maître et l’église Saint-Jean sont au nord-ouest du Collachium, tandis que l’église Sainte-Marie, que les chevaliers transformèrent en cathédrale au XVe siècle, a été construite à l’extrémité orientale de la rue des Chevaliers, contre la muraille. La densité en monuments de la ville basse est presque aussi importante que celle du Collachium. En 1522, avec une population de 5 000 habitants, elle comptait de nombreuses églises, dont certaines de construction byzantine.
Après 1523, la plupart d’entre elles furent transformées en mosquées, comme celles de Soliman, Kavakli Mestchiti, Demirli Djami, Peial ed Din Djami, Abdul Djelil Djami et Dolapli Mestchiti. Au fil des ans, le nombre de palais et de fondations charitables se multiplia dans la partie sud-est de la zone : le tribunal de commerce, l’archevêché, l’hospice Sainte-Catherine, entre autres. Les remparts de la ville médiévale, partiellement érigés sur les fondations de l’enceinte byzantine, furent constamment entretenus et remodelés entre le XIVe et le XVIe siècle, à l’initiative des grands maîtres Giovanni Battista degli Orsini (1467-1476), Pierre d’Aubusson (1476-1505), Aiméry d’Amboise (1505-1512) et Fabrizio del Carretto (1513-1521). Les derniers éléments installés ont été les postes de tir d’artillerie. Au début du XVIe siècle, dans le secteur de la porte d’Amboise, construite à l’angle nord-ouest de la muraille en 1512, le mur d’enceinte était épais de 12 m avec un parapet haut de 4 m, percé de bouches à feu.