source : http://whc.unesco.org/fr/list/488
Tour de Londres
La massive tour Blanche, archétype de l’architecture militaire normande, qui exerça son influence dans tout le royaume, fut construite au bord de la Tamise par Guillaume le Conquérant pour protéger la ville de Londres et affirmer son pouvoir. Autour d’elle s’est développée la Tour de Londres, imposante forteresse riche de souvenirs historiques et devenue l’un des symboles de la monarchie.

Valeur exceptionnelle
La Tour de Londres, construite par Guillaume le Conquérant en 1066, a une valeur universelle exceptionnelle par les qualités culturelles suivantes :
Comme point de repère édifié pour la protection et le contrôle de la cité de Londres : Commandant l’entrée de la capitale, la Tour était en fait la porte donnant accès au nouveau royaume normand. Occupant une position stratégique sur un méandre de la Tamise, elle établit une ligne de démarcation d’une importance capitale entre la cité de Londres en plein développement et le pouvoir de la monarchie. Elle joua un rôle à deux facettes, d’une part en protégeant la ville grâce à sa structure défensive et à sa garnison, d’autre part en contrôlant aussi les citoyens à l’aide de ces mêmes moyens. La Tour a littéralement « dominé de toute sa hauteur » les environs jusqu’au XIXe siècle.
Comme symbole du pouvoir normand : La Tour de Londres fut construite pour démontrer la puissance normande. Plus que tout autre structure, la Tour représente l’importance considérable de la conquête de l’Angleterre par les Normands au milieu du XIe siècle, par l’influence qu’elle exerça sur le développement de liens plus étroits avec l’Europe, sur la langue et sur la culture, en créant l’une des plus puissantes monarchies d’Europe. La Tour a un rôle emblématique, illustrant la dernière conquête de l’Angleterre par les armes.
Comme exemple exceptionnel de l’innovante architecture normande militaire de la fin du XIe siècle : Vestige le plus complet des palais-forteresses du XIe siècle subsistant en Europe, la Tour Blanche et ses ajouts des XIIIe et XIVe siècles, font partie d’une série d’édifices se situant à l’avant-garde de la technologie de la construction militaire au plan international. Ces édifices représentent l’apogée des châteaux construits suivant un concept particulier et sophistiqué qui prit naissance en Normandie et se propagea à travers les terres normandes pour gagner l’Angleterre et le Pays de Galles.
Comme modèle exemplaire d’un palais-forteresse médiéval qui évolua du XIe au XVIe siècle : Les ajouts d’Henri III et d’Édouard 1er et, notamment, le développement extrêmement novateur du Palais au sein de la forteresse ont fait de la Tour l’un des sites dotés d’un château les plus novateurs et les plus imités en Europe au XIIIe siècle et au début du XIVe siècle et une grande partie des travaux dus à ces rois subsiste de nos jours. Des constructions palatines furent ajoutées au complexe royal jusqu’au XVIe siècle, bien que peu d’entre elles soient encore debout. Sur le site de la Tour, les vestiges des bâtiments du palais donnent une occasion exceptionnelle d’entrevoir la vie d’un monarque du Moyen-âge entre les murs de sa forteresse. La Tour de Londres est l’un des rares vestiges d’un ensemble de bâtiments royaux s’étant développé de manière continue entre les XIe et XVIe siècles qui, de ce fait, est d’une grande importance aux niveaux national et international.
Pour ses relations avec les institutions de l’État : L’utilisation continue de la Tour par une succession de monarques a favorisé le développement de plusieurs institutions étatiques majeures. Ces dernières exerçaient des fonctions fondamentales, comme celles concernant la défense de la nation, les archives et la frappe de la monnaie. À partir de la fin du XIIIe siècle, la Tour devint le principal dépositaire des documents officiels et des biens précieux appartenant à la couronne. La présence des joyaux de la couronne dans la Tour où ils sont conservés depuis le XVIIe siècle est une réminiscence du rôle de la forteresse comme dépositaire de la Garde-robe royale.
Comme cadre d’événements capitaux dans l’histoire : La Tour a été le cadre de certains des plus graves événements de l’histoire britannique et européenne. Servant de théâtre au déroulement de l’histoire, la Tour a joué un rôle qui a essentiellement contribué à lui donner le statut d’une structure emblématique. Représentant sans doute la plus importante construction de la conquête normande, la Tour Blanche symbolise la puissance et la longévité de l’ordre nouveau. L’emprisonnement dans la Tour d’Édouard VII et de son jeune frère au XVe siècle, puis au XVIe siècle celui de quatre reines d’Angleterre, dont trois furent exécutées sur le Tower Green – Anne Boleyn, Catherine Howard et Jane Grey – seule Elizabeth Ière ayant échappé à l’exécution, ont marqué l’histoire britannique. La Tour a également contribué à façonner la Réforme en Angleterre, dans la mesure où les prisonniers (ceux qui survécurent) catholiques et protestants relatèrent leurs expériences et firent eux aussi évoluer la définition de la Tour dans le sens d’un lieu de torture et d’exécution.
Critère (ii) : Monument symbolique du pouvoir royal depuis Guillaume le Conquérant, la Tour de Londres a été un modèle éminent dans tout le royaume depuis la fin du XIe siècle. À son exemple, de nombreux donjons ont été construits en pierre, comme ceux de Colchester, Rochester, Hedingham, Norwich ou encore Carisbrooke Castle dans l’Île de Wight.
Critère (iv) : La Tour Blanche est le type par excellence du château royal à la fin du XIe siècle. L’ensemble de la Tour Blanche est une référence majeure pour l’histoire de l’architecture militaire médiévale.
Description longue
[Uniquement en anglais]
The massive White Tower is a typical example of Norman military architecture of the late 11th century. The ensemble of the Tower of London is a major reference for the history of medieval military architecture, as many stone keeps like it were built across England. The tower has also been a monumental symbol of royal power since the time of William the Conqueror in the 11th century.
An imposing fortress with many layers of history, which has become one of the symbols of royalty, it was built around the White Tower, the influence of which was felt throughout the kingdom. On Christmas Day 1066, following his victory at Hastings, William the Conqueror was crowned king at Westminster Abbey. To command the city on its seaward and most vulnerable side he quickly had an earth-and-timber keep built on top of an artificial mound in the south-east angle of the ancient Roman walls. Ten years later, he replaced these traditional defences with a grand edifice in stone, a sort of palace-fortress, known as the Tower of London.
Built during the 1080s and modified over the centuries, the White Tower, as it is now called, became the centrepiece of the complex of fortifications, courtyards and buildings which extends over 7.3 ha. The whole ensemble came to be known as the Tower of London, the name which originally applied only to the keep of 1076. The White Tower (so named because of its whitewashed walls) exemplifies Norman architecture of the time and it is unique for the ambitiousness of its design. The most significant element of the ensemble is associated with tragic moments in the history of the English monarchy, for example the ‘Bloody Tower’, where the sons of Edward IV were assassinated in 1483.
The White Tower, an impressive parallelepipedal block, rises to more than 27 m above the mound. The massive walls were made from Kentish limestone, with ashlars of Caen stone, imported at great expense from the conqueror’s Norman domain, laid at the corners and around the doors, windows and arrow-slits. Inside, the three principal levels of the keep incorporates the requirements of both a defensive work and a royal residence, including a chapel.