source : http://whc.unesco.org/fr/list/1449
Filature de soie de Tomioka et sites associés
Créé en 1872, ce complexe historique séricicole et de filature de la soie se situe dans la préfecture de Gunma, au nord-ouest de Tokyo. Construit par le gouvernement, avec des machines importées de France, il se compose de quatre sites qui correspondent aux différentes étapes de la production de soie grège : élevage des cocons dans une ferme expérimentale ; site de stockage des graines (œufs des vers à soie) dans des caves à température constante ; dévidage des cocons et filature de la soie grège en usine ; magnanerie-école pour la diffusion des connaissances séricicoles. Le site illustre la volonté du Japon d’accéder rapidement aux meilleures techniques de la production de masse et il a été un élément décisif du renouveau de la sériciculture et de la soierie japonaise dès le dernier quart du XIXe siècle. Il témoigne de l’entrée du pays dans le monde moderne industrialisé. Le Japon va devenir le leader de la production séricicole et le premier exportateur mondial, notamment vers la France et l’Italie.

Valeur universelle exceptionnelle
Brève synthèse
La filature de soie de Tomioka remonte aux débuts de l’ère Meiji. Avec ses sites associés comprenant deux magnaneries-écoles et une conserverie, elle illustre la volonté du Japon, producteur traditionnel de soie, d’accéder rapidement aux meilleures techniques de la production de masse. Le gouvernement du Japon importe des machines et un savoir-faire industriel d’origine française pour créer un système intégré dans la préfecture de Gunma. Celui-ci comprend la production des graines, l’élevage du ver à soie et la construction d’une grande usine de dévidage et de filature mécanisée de la soie grège. À son tour, le complexe modèle de Tomioka et ses sites associés furent un élément décisif du renouveau de la sériciculture et de la soierie japonaise, dès le dernier quart du XIXe siècle, et un élément clé de son entrée dans le monde moderne industrialisé.
Critère (ii) : La filature de Tomioka illustre le transfert précoce et pleinement réussi des techniques séricicoles industrielles françaises au Japon. Ce transfert technique prend place au sein d’une longue tradition régionale de l’élevage du ver à soie qu’il renouvelle profondément. À son tour, Tomioka devient un lieu de perfectionnement technique et un modèle qui consacre le rôle du Japon sur le marché mondial de la soie grège, dès le début du XXe siècle, et qui témoigne de l’avènement précoce d’une culture séricicole internationale partagée.
Critère (iv) : Tomioka et ses sites associés forment un exemple exceptionnel d’un ensemble intégré de la production de masse de la soie grège. L’étendue de l’usine, dès sa conception, et l’adoption délibérée des meilleures techniques occidentales illustrent une période décisive de la diffusion des méthodes industrielles vers le Japon et l’Extrême-Orient. Ses grands bâtiments de la fin du XIXe siècle offrent un exemple éminent de l’émergence d’un style d’architecture industrielle propre au Japon, synthèse d’éléments étrangers et locaux.
Intégrité
L’intégrité de composition du bien en série est bonne, illustrant la notion de complexe productif d’un matériau textile intermédiaire, la soie grège. L’intégrité structurelle et fonctionnelle de chacune des composantes est plus inégale et parfois un peu difficile à comprendre pour le visiteur, notamment pour la magnanerie-école de Takayama-sha et la conserverie d’Arafune. L’intégrité paysagère, en relation avec les zones tampons, doit faire l’objet d’une attention particulière.
Authenticité
L’authenticité des éléments présentés est généralement satisfaisante dans ses différentes dimensions de structure, de forme et de matériaux. L’authenticité perçue est remarquable à l’usine de Tomioka, qui a conservé son équipement complet de machines textiles. Les actions de restauration sur le site d’Arafune doivent rester dans un cadre strictement contrôlé du point de vue de l’authenticité qui doit demeurer de nature archéologique.
Éléments requis en matière de protection et de gestion
Chacun des quatre biens composant la série est protégé par la loi de protection des biens culturels du Japon. Les principaux bâtiments sont aussi protégés comme biens culturels d’importance nationale. En application de cette loi, chacun des sites bénéficie d’un plan de préservation et de gestion déjà en place, sous l’égide des villes et des municipalités, y compris dans le cas de la propriété privée de Tajima Yahei (S2). Dans la continuité de cette politique de protection, les zones tampons correspondent à une volonté de maîtriser l’environnement urbain et naturel par des mesures a priori strictes. Le système de gestion s’appuie sur les services compétents des municipalités, de la Commission des affaires culturelles de la région de Gunma et sur une série d’institutions scientifiques en relation avec le patrimoine régional de la soie, ainsi que sur des associations de volontaires. Le Comité de coordination est une instance transversale de coordination au fonctionnement effectif depuis le printemps 2012.