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Reznikow Stéphane. Un révélateur de l’identité tchèque : la francophilie (1900-1914). In: Matériaux pour l’histoire de notre temps, n°59, 2000. Les Tchèques au XXe siècle, sous la direction de Robert Frank. pp. 6-9.
www.persee.fr/doc/mat_0769-3206_2000_num_59_1_403224
Texte intégral
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L’étude des relations politiques et surtout culturelles des Tchèques avec l’étranger constitue un angle d’attaque novateur de l’histoire tchèque, particulièrement durant la période dite du « mouvement national » (1 848- 1914), période au cours de laquelle les Tchèques ont « surcompensé » leur déficit politique intérieur dans la monarchie habsbourgeoise par une ouverture, notamment culturelle, sur l’étranger.
La France représentait alors sans conteste une référence étrangère positive, d’où une intense francophilie. Comme nous l’avons montré par ailleurs, la France était la seule grande puissance non menaçante à cumuler les trois attributs déterminants dans la « xénophilie » d’une nationalité opprimée : ceux d’allié diplomatique potentiel ou même symbolique, de guide politique et de modèle culturel. Sans tomber dans une certaine mythologie des relations franco-tchèques — mythologie conçue à la fin du XIXe siècle et qui culmina dans l’entre-deux-guerres —, comprenons bien le caractère structurel de cette francophilie. Procédons par élimination. L’Allemagne représentait la principale menace pour les Tchèques, menace alimentée par l’existence d’une forte minorité allemande favorisée parvienne et adversaire politique immédiat des Tchèques. La non- germanité, tant vécue que reconstituée, était ainsi le principal fondement de l’identité tchèque. L’inclusion revendiquée dans le monde slave se heurtait également à des obstacles considérables. La vieille russophilie sentimentale demeura toujours pénalisée par la nature autoritaire du régime tsariste et le soupçon d’impérialisme, sans oublier l’impossible unification du monde slave. Quant à l’Angleterre, le modèle politique ne compensait pas l’éloignement diplomatique et la méconnaissance culturelle. Ne restait donc que la France…

Loin d’être réductible à un phénomène de mode voire à un snobisme, cette francophilie a étayé plusieurs fondements d’une identité tchèque encore en gestation au début du XXe siècle. Après un bref mais indispensable retour sur l’évolution de la francophilie dans la seconde moitié du XIXe siècle, nous séparerons analytiquement ses fonctions politiques de ses fonctions culturelles au sein de la société tchèque.
A partir de 1848, la France était perçue par les libéraux tchèques — et européens — comme le pays de la liberté. Cette image, préservée sous le Second Empire grâce au soutien au mouvement des nationalités, fut définitivement ancrée avec l’instauration de la IIIe République. La francophilie croisait donc le libéralisme du mouvement national tchèque tout particulièrement dans ses composantes les plus démocratiques. À cette image émancipatrice héritée des révolutions françaises s’ajoutait la perception de la France en tant qu’anti-Allemagne sur le plan culturel, politique et enfin militaro-diplomatique à partir des années 1860. La francophilie recoupa ainsi la volonté de dégermanisation qui est à la base du nationalisme tchèque. Lors de la guerre franco-allemande de 1870, l’opinion tchèque s’affirma pro-française dans son immense majorité, la défaite associant durablement francophilie et germanophobie. Il n’est pas indifférent de rappeler que cette association s’était produite dans un contexte de grave menace pour les Tchèques. La faiblesse de l’Autriche (défaite à Sadowa en 1866) avait relancé les craintes d’une annexion des parties allemandes des Pays tchèques, craintes qui ne pouvaient être que ravivées par l’annexion de l’Alsace-Lorraine. De plus, la promotion de la Hongrie consécutive à l’adoption de l’Ausgleich de 1867 compromettait gravement les espoirs politiques des Tchèques qui militaient depuis 1848 pour une fédéralisation de l’Autriche favorable aux peuples slaves. La situation était ainsi suffisamment grave pour que les leaders tchèques initient une véritable politique étrangère, notamment en direction de la France à partir de 1867. Rieger, guide politique des Tchèques avec son beau-père Palacky, rencontra ainsi secrètement Napoléon III en 1869. Cette même année était lancé à Prague un périodique en français, La Correspondance slave. Tout naturellement, lors de la guerre de 1870, la France chercha des soutiens à Prague. Devant deux émissaires de la République, Palacky eut ces fortes paroles :
La Bohême a fait tous ses efforts pour nouer avec la France des. relations intimes, mais jusqu’ici elle a échoué devant le parti pris des diplomates français; elle est donc doublement heureuse qu’on lui demande son concours (…). Adressez-vous à toutes les populations slaves, toutes vous sont dévouées parce que toutes sont démocratiques. Tandis que les Allemands et les Magyars ne veulent que dominer sur des races assujetties, qu’ils nous contestent pour ainsi dire le droit d’exister, les Slaves réclament l’égalité pour tous; ils ne veulent ni opprimer ni exploiter; c’est pour cela qu’ils sont de tout cœur avec vous. En ce qui nous concerne, nous sommes prêts à vous suivre où vous nous appellerez mais n’oubliez pas que nous n’avons aucune force entre les mains.
Peu après, les députés tchèques protestèrent officiellement contre l’annexion de l’Alsace-Lorraine, posant ainsi le « fondement d’une alliance durable » selon l’un des émissaires.
Populaire et nationaliste, la francophilie était suffisamment intégrée au discours patriotique pour pouvoir être endossée et instrumentalisée dès les années 1880 par la tendance progressiste du mouvement national, à savoir le parti « jeune- tchèque » et les associations qu’il dominait. L’alliance austro-allemande venait d’être signée. Non seulement elle était dirigée contre la France républicaine mais encore elle risquait de renforcer le caractère allemand de l’Autriche et donc d’interdire aux Tchèques toute promotion nationale. D’où l’argument de campagne électorale des Jeunes-Tchèques : l’alliance naturelle pour Vienne n’est pas allemande mais bien franco-russe; ce serait la seule compatible avec une évolution fédérale favorable aux populations slaves de la Double- Monarchie. Arme républicaine anti-habsbourgeoise, arme nationaliste anti-allemande, la francophilie bénéficia de la domination politique du parti jeune-tchèque au cours des années 1890.
L’évolution dans le domaine culturel fut parallèle. C’est à partir de 1870 que les influences françaises furent délibérément recherchées, que « de tous les côtés, les efforts se multipliaient pour s’émanciper de la dépendance de la culture germanique (…). La littérature française éveillait un intérêt d’autant plus puissant par la grandeur de ses œuvres et la richesse de ses évolutions, et cet intérêt, soutenu par les sympathies politiques, nous amena à considérer longtemps Paris comme le champ de semences des idées littéraires et l’aréopage pour les lois du goût ».
Le tournant du XIXe siècle correspond certainement à l’apogée du sentiment francophile. En 1897, le Quai d’Orsay avait fait un geste en direction des Tchèques en ouvrant un consulat à Prague. Le rééquilibrage diplomatique occasionné par l’alliance franco-russe suscitait l’espoir d’un allégement de la pression de Berlin sur Vienne qui aurait favorisé la promotion des Tchèques. Le nouveau chancelier Bacleni se montrait favorable à cette dernière perspective en promulguant une ordonnance linguistique favorable aux Tchèques. Or, de manière symptomatique de la lutte des nationalités, les Allemands d’Autriche obtinrent, avec la bénédiction de Berlin, la démission de Badeni. L’interruption de l’évolution fédéraliste, la flambée pangermaniste et les menaces sur l’intégrité de l’Autriche représentaient autant de dangers pour les Tchèques. Ceux-ci relancèrent les démarches en direction de la France. L’alliance franco-russe et la prise de conscience de l’expansion allemande y constituaient alors un contexte très favorable aux Tchèques, notamment dans des milieux nationalistes stimulés par l’Affaire Dreyfus. Ainsi, lors de l’Exposition universelle de 1900, la mairie de Paris, qui venait de basculer dans le camp nationaliste, accueillit son homologue pragoise posant ainsi les bases d’une « entente municipale » symbolisant l’essor des relations franco- tchèques.
Que nous révèle cette francophilie politique des Tchèques ? La période 1900-1914 fut marquée par une série de manifestations communes à caractère paradiplomatique savamment médiatisées. En 1901, une délégation de la ville de Paris remporta à Prague un véritable triomphe. L’événement montrait à Vienne, à Berlin et à une opinion allemande très remontée que le mouvement national tchèque était soutenu à l’étranger et que les Tchèques résistaient à la Triplice, sinon activement du moins passivement. L’année suivante, la médiatisation organisée autour de la venue d’une délégation tchèque à Paris imposa définitivement l’image de Tchèques amis de la France. Ces succès permirent le lancement à Prague de la Correspondance Tchèque, bulletin d’information directement destiné à la presse française. Etait désormais pour ainsi dire officialisé un lobby francophile constitué de militants dévoués, lobby situé à la charnière de la mairie de Prague et du parti jeune-tchèque, lobby actif dans la presse et plus généralement au sein des principales organisations patriotiques.
Le bilan de ces relations politiques apparaît assez mince. Le Quai d’Orsay, obnubilé par la menace pangermaniste et conservant toujours l’espoir de détacher Vienne de la Triplice, se montra finalement hostile à toute politique tchèque, se cantonnant dans la passivité, d’où bien des déceptions à Prague. Parallèlement, et ce n’est pas un hasard, les réserves de la classe politique tchèque à l’égard de la France augmentèrent. Avec l’Affaire Dreyfus et les déchirements qu’elle suscita, l’image de la France, sa puissance militaire, son régime politique apparurent discutés. Ajoutons enfin et surtout que les contraintes géopolitiques et la nécessaire participation des Tchèques à l’Autriche-Hongrie interdisaient toute anticipation de l’indépendance. Comment imaginer avant 1914 la viabilité politico-économique d’une « Tchéquie » isolée dans un ensemble germanique, peuplée au tiers d’Allemands, avec un marché intérieur si réduit ? Après 1902, on observe très peu de démarches politiques majeures vers la France. En 1910, l’échec du projet de placement à Paris d’un gros emprunt de la mairie de Prague était caractéristique du refus des milieux politico-financiers tchèques d’un rapprochement diplomatique avec la France. Le lobby francophile avait échoué, cet échec s’expliquant in fine par la profondeur d’un fossé franco-tchèque qu’aucune propagande ne pouvait combler. Les relations commerciales et financières bilatérales étaient dérisoires. Comment les quelques 2000 Tchèques de France, essentiellement des petits artisans, et la centaine de Français(es) évoluant dans la société tchèque, surtout des professeurs particuliers et autres gouvernantes, auraient-ils pu former la trame de solides réseaux ?
Cependant, malgré les difficultés, les manifestations franco-tchèques demeurèrent populaires. Toujours bien relayées par la presse tchèque, elles ne furent jamais ouvertement dénoncées par des partis politiques, y compris lors de leur phase hypernationaliste du début du siècle. La presse tchèque opta pour un point de vue français lors des crises diplomatiques franco-allemandes. De manière générale, les arguments hostiles à la France y étaient présentés comme émanant des milieux allemands. Phénomène remarquable dans l’Europe d’alors, on ne trouvera pas de francophobie dans la société tchèque à l’exception, bien entendu, de cercles ultra-conservateurs marginaux au sein du mouvement national.
Comment expliquer ce maintien d’un discours francophile dans un contexte franco-tchèque aussi défavorable? En fait, le discours francophile était bien davantage à usage interne qu’externe. Le parti jeune-tchèque déclinait politiquement depuis la fin des années 1890. Toujours aux affaires mais concurrencé par d’autres partis, en permanence accusé par l’opinion de mollesse voire d’impuissance à l’égard de Vienne, il avait intérêt à se replonger périodiquement aux sources du radicalisme qui l’avait porté au pouvoir. Le discours francophile-germanophobe était une des composantes consensuelles de ce radicalisme démagogique d’essence nationaliste. Plus encore, cette exaltation d’un allié, même très hypothétique, avait pour mission de compenser l’impuissance politico-diplomatique des Tchèques. C’est probablement en matière de politique étrangère que l’influence tchèque survienne était la plus faible. Dès lors, comment s’étonner de cette diplomatie parallèle, mieux vaudrait dire symbolique, menée à travers les manifestations franco-tchèques? A l’égard du pouvoir central et de sa politique étrangère, une résistance plus active n’était pas envisageable pour la classe politique tchèque : elle aurait signifié la perte des avantages acquis et surtout à acquérir à travers la collaboration avec Vienne. Tant que la paix durait, la Tríplice n’offrait pas que des désavantages. Ne neutralisait-elle pas le principal ennemi potentiel des Tchèques? De toute façon, ces derniers étaient diplomatiquement impuissants et isolés au sein de la Double-Monarchie. Le discours et les manifestations francophiles permettaient ainsi de compenser mais aussi, d’une certaine manière, de refouler les frustrations nationales.
Il est tout à fait caractéristique d’observer que les grands plaidoyers francophiles prétendaient à l’analyse des carences de la société tchèque. En 1908, dans la préface de sa France contemporaine, Hladik avertissait ainsi ses lecteurs : « Mes études, esquisses et causeries sur la vie française constituent (…) les épîtres d’un passant et d’un observateur qui, à chacun de ses pas, repense à sa patrie, a en tête les besoins et les insuffisances de son peuple ». Tel étudiant — il pourrait s’agir du jeune Eclvard Benes — dont la francophilie était bien connue — voyait dans le séjour en France un remède contre « notre passivité, notre fatalisme, notre fainéantise, notre absence de curiosité (…) notre dépendance, notre manque d’énergie, notre crainte devant l’action ». Ainsi, la francophilie joua un rôle de levain indépendantiste en tant que miroir, en révélant des contradictions inhérentes à l’identité tchèque, contradictions entre une vie nationale à la fois en essor et bridée, entre un « austropositivisme » pregnant et le désir d’une indépendance ne pouvant dire son nom, entre un « soi » autrichien et un « soi-même » tchèque. Ce « surmoi » francophile transcendait le sentiment structurel de fragilité nationale, fruit de l’histoire et de l’encerclement germanique. Hej Slované!, une chanson tchèque très populaire depuis les années 1890 rappelait :
Le Russe est avec nous
Et qui est contre nous
Le Français le balaiera.
Sur le plan culturel, où l’indépendance tchèque se construisait pour ainsi dire quotidiennement, la francophilie était moins contrainte que sur le plan politique et pouvait s’exprimer beaucoup plus librement. Pour s’en persuader, regardons le tout premier numéro d’un hebdomadaire illustré à caractère grand public intitulé Cesky svêt (« Le monde tchèque ») lancé en octobre 1904. La première page était intitulée Les Français chez nous et sur nous. La deuxième et la troisième page contenaient un article sur la version tchèque de Cyrano de Bergerac. Page 4, nouvelles des théâtres de Paris. Pages 5, 6 et 7, un long article intitulé L’influence française sur la nouvelle littérature tchèque. Passons sur les nombreuses autres allusions à la France : cette ambitieuse entreprise de presse tablait sur la francophilie de l’opinion lors de son lancement.
Les points forts de la présence culturelle française étaient le théâtre, la littérature, l’enseignement des langues. Au théâtre de Vinohrady, entre l’ouverture en 1907 et 1914, un tiers de l’ensemble des représentations était le fait d’oeuvres françaises, celles-ci étant au total plus nombreuses que les pièces tchèques. Dans les années 1900- 1913, en moyenne 90 ouvrages français — à 85 % des Belles- lettres — étaient traduits et publiés sous forme de livre chaque année. Enfin, le français était pratiqué par 60 % des lycéens tchèques en 1914. Dans ces trois domaines, par rapport à la production tchèque et aux autres importations étrangères, la présence française fut plus forte que durant l’entre-deux-guerres, période au contexte bilatéral bien davantage favorable. Enfin, les groupements francophiles se multiplièrent. On en compte une bonne vingtaine avant 1914. La section pragoise de l’Alliance française fut la première à l’Est du Rhin et l’une des plus importantes du monde lors de sa création en 188620. Des villes de province de 10 000 habitants possédaient leur « alliance », « club » ou « cercle » français, avec souvent une cinquantaine de membres, d’où un impact certain. Même si, comme partout en Europe, la francophonie était socialement connotée, la gallomanie ne saurait expliquer pareil engouement.
Que nous révèle cette exceptionnelle francophilie culturelle? Avant tout un profond désir de compensation des influences allemandes traditionnellement prédominantes. C’est pourquoi ces groupements se concevaient tous comme des organisations patriotiques tchèques. Les importations de culture française n’avaient pas d’autre objectif que le renforcement de la culture tchèque, renforcement passant par son europanéisation. Comme le rappelait Hladik, « la nation tchèque aime et admire la France d’autant plus qu’elle doit lutter pour créer sa propre culture. Une nation qui vit au carrefour d’une Europe répandant aux quatre vents l’esprit humain (…) doit se battre (…) pour son être propre, original, tchèque et slave. Nous devons nous efforcer d’atteindre cet objectif de toutes nos forces et si nous adorons la culture française, si nous apprenons quelque chose d’elle, ce n’est pas pour la singer comme d’autres le font (…), mais afin de trouver dans son flamboiement victorieux la flamme de notre propre destinée ». La francophilie incarnait ainsi une quête de soi à travers une médiation française qui se nourrissait d’une multitude d’éléments lexicaux, intellectuels, artistiques, spirituels voire civilisationnels. Insistons sur ce dernier terme. Pour les Tchèques, le modèle français résidait très probablement dans le dépassement d’une « Kultur » nationale vers une véritable « civilisation » universelle porteuse de valeurs communes maintes fois affirmées.

Plus qu’une attirance pour la France, la francophilie tchèque fut un phénomène identitaire. En tant que régulateur du mouvement national, elle permettait de mieux supporter la Tríplice et la domination allemande, de substituer au politique le culturel préfigurant ainsi l’indépendance, d’inscrire une société souvent fermée en Europe occidentale. Ce caractère européen de la francophilie était déterminant. La place de la France en Europe était alors telle que la première et la seconde se confondaient bien souvent dans l’esprit tchèque. Dans sa Tchéquité et européanité, F.V. Krejci affirmait que la France était plus que « le guide politique et culturel de l’Europe » mais bien « une Europe à échelle réduite », « la France se sentant elle-même l’Europe », « sa mission étant d’être l’élite de l’Europe ». Bien plus qu’une machine de guerre politico-diplomatique anti-allemande voire anti-autrichienne, la francophilie fut une valeur sécrétée par une société en construction pour se défendre, se souder, se fortifier, se déslaviser et enfin s’européanéiser — et ce, sans passer par le canal allemand. C’est d’abord en cette qualité d’échafaudage de la construction nationale que la francophilie fit alors partie de l’identité tchèque. ■
Stéphane Reznikow