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Monclos Brigitte de. Civilisation et architecture à Odessa. In: Cahiers slaves, n°14, 2016. Les chemins d’Odessa, sous la direction de Francis Conte et Françoise Gréciet. pp. 35-51.DOI : https://doi.org/10.3406/casla.2016.1135

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Brigitte de Montclos, Conservateur en chef du patrimoine


TEXTE INTÉGRAL

Lorsque l’accès à la mer Noire devient définitif en 1791 grâce à la prise de la forteresse turque de Hadji Bey, la construction d’une place-forte fortifiée est entreprise en 1792 sur les plans de François de Wollant (de-Volan), ingénieur militaire d’origine hollandaise ayant fait ses classes avec les Français et adepte des théories de Vauban. Il prépare donc le plan de la ville en fonction de ce qu’elle doit être : une place-forte à la Vauban, c’est-à-dire orthogonale. C’est ce qu’il proposera également en 1805 pour la construction de la capitale des cosaques du Don, Novotcherkassk, admirée par Alexandre Ier, et c’est ce qui le conduira à être nommé directeur des Voies de Communications à Saint-Pétersbourg dans l’équipe d’Augustin Bétancourt.

Dès le printemps 1794, des troupes étaient installées et un oukase impérial fondait la ville de Hadji Bey renommée Odysseos, en russe Odessa, selon le désir de l’impératrice Catherine II. En fait le véritable fondateur de la ville est l’amiral de Ribas, un aventurier italien sans scrupules embauché par Alexis Orlov à Livourne où il séjournait après la victoire de Tchesmé. Ribas participe à la prise de Hadji Bey et propose d’y créer une base pour la marine à rames de la mer Noire. La ville est donc fondée, par oukase, on l’a vu, le 27 mai 1794.

C’est une forteresse, un port militaire et un port de commerce. Protégé par Platon Zoubov, gouverneur civil et militaire de la Nouvelle Russie, qui veut faire mieux que Potemkine, Ribas est nommé directeur de la construction en 1795, ce qui lui permet de se remplir les poches tout en donnant par écrit une description entièrement fausse de l’avancement des travaux de la ville à Andreï Razoumovski, ambassadeur à Vienne en 1797.

Car les premières années de la ville sont difficiles à la fois parce que les projets sont immenses (on doit construire un port avec trois embarcadères, un hôpital, des édifices administratifs, des entrepôts, des quais) et que la corruption sévit en fonction des finances données par le gouvernement pour la construction du port à la fois commercial et militaire.

En 1803 Alexandre Ier nomme son ami, le duc de Richelieu, gouverneur de la ville. Richelieu, entré au service de la Russie sous Catherine II, mis à l’écart par son successeur Paul Ier, s’est lié d’amitié avec le fils de ce dernier, le futur tsar Alexandre Ier qui succède à Paul en 1801. C’est à cette amitié qu’il doit sa nomination. Mais la ville d’Odessa se trouve alors dans un état si catastrophique que le nouveau gouverneur se demande s’il va rester. Le rapport qu’il envoie à Alexandre Ier est accablant : un début de jetée, les bâtiments de douane et de quarantaine à moitié effondrés, des casernes inachevées, quelques centaines de maisons seulement, des rues défoncées inutilisables en hiver. Charles Sicard, commerçant marseillais arrivé en 1804, écrit dans ses Lettres sur Odessa, qu’il publie à Saint-Pétersbourg en 1812 :

La ville n’était que tracée, il n’y avait que très peu de maisons, petites, mal bâties et incommodes, presque aucun magasin pour les marchandises ; point d’établissements publics ; une quarantaine très imparfaite et une seule jetée sur la rade… l’eau douce manquait quelquefois pour abreuver les nombreux bestiaux qui transportaient le blé à Odessa.

La population est composite : Juifs, Italiens, Grecs, Bulgares, Arméniens, Russes et Polonais échappés du servage ou de la prison, ce que Richelieu appelle «des gens peu estimables ».

Richelieu commence par balayer la magistrature de la ville créée par l’amiral de Ribas (qui, on l’a vu, dérogeait systématiquement à la loi), crée un comité d’administration comprenant le maire, le commandant militaire et deux notables de la ville. Ce comité perçoit les revenus, décide des constructions publiques et surveille leur réalisation. La construction de la ville doit être reprise à zéro. C’est ce qui est fait avec le plan de Wollant repris par l’ingénieur militaire E. Ferster : les rues est-ouest et nord-sud se coupent à angle droit, deux axes structurent l’ensemble et s’ouvrent sur un grand quadrilatère central bordé de boutiques à colonnades : on y accède par quatre grandes portes au centre des quatre côtés du damier. La largeur des rues principales comme des rues secondaires est fixée impérativement.

Les bâtiments publics sont peu à peu édifiés : l’hôpital et le théâtre par Thomas de Thomon, à partir de 1806 ; la Bourse de commerce par Schaal.

Thomas de Thomon, le célèbre architecte de la Bourse de Saint-Pétersbourg, est engagé pour construire le théâtre et l’hôpital dans ce style dit néo-classique où l’usage de la colonne est primordial et adopté dans la Russie tout entière, à commencer par la capitale Saint-Pétersbourg.

On retrouve les colonnes dans un hôtel particulier des années 1810, l’hôtel de la comtesse Potocka, aujourd’hui musée des Beaux-Arts (ce qui l’a sauvé), avec un portique à colonnes d’ordre colossal, c’est-à-dire couvrant deux niveaux.

Les gros marchands et propriétaires fonciers construisaient en effet des maisons de type «oussadba » , c’est-à-dire demeure de campagne. Le bon exemple se trouve dans cet hôtel particulier, 5a, rue Sofiiskaïa. A la fin du XIXe siècle il devint la propriété de la ville et depuis ce temps s’y trouve le musée des oeuvres des artistes russes et ukrainiens.

C’est une oussadba typique des constructions de la noblesse. Le corps central, à deux niveaux et précédé d’un portique à six colonnes, se trouve au fond du terrain, les ailes de service demi-circulaires ceignent la cour d’honneur fermée par une grille en fer forgé remarquable. Derrière la maison s’étend un grand jardin qui va jusqu’à la mer. L’architecture du palais repose sur un jeu de proportions servies par le jeu de la couleur des murs.

L’intérieur est aménagé sur le principe du plan en enfilade. Les salles de réception avec un décor recherché sont au rez-de-chaussée. Le grand salon est remarquable de luxe et de somptuosité avec un sol parqueté et un plafond au décor abondant, constitué de guirlandes tressées et de couronnes entrelacées.

L’escalier conduisant à l’étage se trouve dans un coin de l’édifice, ce qui est curieux puisque de ce fait il n’y a pas de «grand escalier » . Il y a sous l’édifice un passage souterrain, romantique et mystérieux, auquel est lié un grand nombre d’histoires secrètes. L’architecte en est Francesco Boffo, originaire de Sardaigne, au service des Potocki en Pologne, qui s’installe définitivement à Odessa en 1818 et est nommé architecte de la ville en 1819. Il est très lié avec Mikhaïl Vorontsov, troisième gouverneur de la ville.

C’est au même moment que sont apparues dans lе pereoulok (ruelle) Krasny les premières maisons de rapport avec des appartements à louer. Elles ont été conservées dans presque tout le quartier du n° 18 au n° 30. A l’intérieur de chaque maison subsiste l’aménagement des petites cours d’une superficie de 8 à 10 mètres carrés. Elles sont entourées de galeries ouvertes en bois et d’escaliers inondés de la lumière si particulière d’Odessa.

La construction des maisons de rapport a augmenté à partir des années 1820. Elles sont devenues le type de construction de la partie centrale de la ville. A la différence des hôtels particuliers, les maisons de rapport occupaient tout le périmètre de la parcelle. Dans la partie centrale du corps de bâtiments tourné vers la rue, on aménagea des passages vers la cour. Sur les murs qui flanquaient ces passages on a vu apparaître tout un décor de niches, de panneaux, de cartouches, les murs eux-mêmes étaient quelquefois peints et fréquemment ponctués par des pilastres ou des demi-colonnes encastrées, le plafond affectait la forme d’une voûte. Ces passages sont caractéristiques de l’habitat type d’Odessa puisqu’ils mènent aux fameuses cours qui sont le centre de la vie sociale des habitants de l’immeuble. C’est sur la cour que se trouvent les entrées des appartements bordés de larges galeries qui deviennent un espace d’habitation supplémentaire auquel on accède par des escaliers extérieurs. Les cours sont pavées de dalles de calcaire dur.

C’est également à partir des années 1820 qu’apparaissent des hôtels particuliers encore plus vastes et plus fastueux que les précédents. L’hôtel Vorontsov en est un bel exemple bien qu’amputé d’une aile à l’époque soviétique.

C’est l’oeuvre de Francesco Boffo pour Mikhaïl Vorontsov qui deviendra gouverneur civil et militaire de la Nouvelle Russie à partir de 1823. Construit de 1827 à 1830, c’est véritablement un palais complété par une fantaisie ravissante: dix paires de colonnes doriques avec vue sur le port qui s’inscrivent en prolongement de la terrasse, ce qui permettait au gouverneur de déguster son petit déjeuner tout en prenant connaissance dès le matin de l’activité du port.

En ce qui concerne la construction privée, le duc de Richelieu impose des mesures particulières inspirées des mesures prises à Versailles au moment de la construction de la ville sur le plan en patte d’oie et reprises lors de la reconstruction de villes incendiées comme Rennes en 1720 ou Châteaudun en 1723 et devenues depuis des mesures ordinaires lors de la construction d’une ville :

– la parcelle est offerte à condition que la maison soit construite dans les deux ans et que les plans soient soumis au Comité d’administration de la ville.

– une subvention est donnée sous forme de prêt à long terme pratiquement non remboursé.

– obligation de construire en pierre calcaire extraite des carrières avoisinantes. – obligation de planter 20 arbres par dessiatine de terrain concédé.

Car le duc de Richelieu est un administrateur, un constructeur mais aussi un jardinier. Dès 1803, il obtient de l’arboretum de Saint Pétersbourg 8000 pieds d’arbre, dont des acacias blancs, devenus emblèmes de la ville, qu’il fait planter en rangées doubles le long des avenues principales et en rangée simple le long des rues. Il a une petite maison, mais un grand jardin dont il prend le plus grand soin, qui porte aujourd’hui le nom de «jardin du duc » après avoir reçu à l’époque soviétique le nom de parc de la Victoire.

Mais comment mener de tels projets à bien, lorsqu’on connaît l’administration russe et la corruption qui y règne ? En fait – et c’est le plus important – l’organisation administrative repose sur les Français que Richelieu fait venir et qui transforment Odessa en véritable colonie française avec sa manière de vivre, sa manière de construire, en un mot sa civilisation. Richelieu crée une administration fondée sur le système militaire avec aides-de-camp, chef d’état-major (l’état-major comprenait trois officiers d’état-major et deux officiers du génie), une chancellerie.

Parmi les militaires on note le comte de Miromesnil, le comte d’Olonne, le comte de Venanson qui est son chef d’état-major et Jacques de la Fère, ancien mousquetaire du roi, conseiller et président de la chambre des comptes de Rouen : ce dernier reçoit le commandement des Nogaïs qu’il va sédentariser en leur construisant des villes. Quant à Armand-Emmanuel de Saint-Priest, un des trois fils de l’ambassadeur de Louis XVI à Constantinople, il est nommé en 1808 président du tribunal de commerce d’Odessa, en 1810 gouverneur civil d’Odessa, puis en 1815 gouverneur de Kherson où il recevra Alexandre Ier lors de son voyage en Nouvelle Russie en 1818. Il rentrera en France en 1820.

Citons aussi Ernest d’Aumont, fils de la soeur de la duchesse de Richelieu, pour lequel le duc avait une grande affection. Il servira le duc de Richelieu dès 1803 avant d’être tué en 1807 lors de l’assaut de la forteresse d’Akhalkalaki en Géorgie.

Charles de Rastignac est nommé aide de camp à l’état-major à partir de 1811, tandis que Léon de Rochechouart, neveu de Richelieu, chargé de sa maison de 1806 à 1812, devient troisième aide de camp. Son frère, Louis, jouera le rôle d’observateur auprès de l’ataman des cosaques de la mer Noire, organisera des régiments de cosaques et construira une nouvelle ligne fortifiée de trente redoutes sur le Kouban.

La réputation du duc encourage les commerçants. C’est ainsi, on l’a vu, que le Marseillais Charles Sicard s’installe à Odessa. Sicard fera des émules car il dirige la quarantaine, établit des courriers réguliers avec Marseille et plusieurs marchands marseillais s’installeront, favorisant le commerce du blé, la culture de la vigne (qui fournira le meilleur Malaga), l’élevage du mérinos, autant d’exportations qui passent par Odessa.

Outre les commerçants, on trouve des scientifiques : un médecin, le docteur Scudéry, directeur du lazaret et de l’hôpital d’Odessa ; et un vétérinaire, Saloz, ancien élève de Desgenettes, premier médecin de l’armée d’Egypte.

Il y a aussi, en particulier, des archéologues : Paul Du Brux, ancien officier de l’armée de Condé, entre au service de la Russie en 1810. Il est nommé directeur des salines de Kertch, chargé de fouilles archéologiques en 1816 : c’est lui qui commencera les fouilles de l’ancienne Panticapée. Jean Moret de Blaramberg fonde le musée d’Odessa en 1825  et publie en 1822 à Odessa le fruit de ses recherches.

Odessa devient une ville riche grâce à l’organisation du commerce. C’est le port d’exportation du blé ukrainien, du lin, du chanvre, du bois de construction, du cuir, des peaux de mouton. Les échanges avec Marseille se développent. Le négociant marseillais Charles Sicard, déjà cité, installé à Odessa en 1804, est un bon représentant de ce commerce. On connaît son activité grâce à quatre écrits, des Lettres, qui font le point sur la situation d’Odessa et du commerce en mer Noire en 1812. L’abaissement des droits de douane fait d’Odessa un port recherché ; à cela s’ajoute la création d’un bureau de change, d’une banque d’escompte et d’une chambre d’assurance.

Mais il est un point auquel Richelieu s’intéresse plus particulièrement : c’est le système éducatif parce qu’il cherche à former des gens susceptibles de prendre la relève dans l’administration qu’il organise à la manière française et qu’il veut appliquer à la Nouvelle Russie. Or il n’y a pas d’écoles primaires ni d’écoles secondaires, pas plus en Russie qu’en Nouvelle Russie. Il y a quelques Universités comme celle de Moscou, de Saint-Pétersbourg, de Kharkov en Ukraine mais qui peut s’y rendre puisqu’il n’y a pas d’études secondaires ? Dès son arrivée, Richelieu crée des écoles primaires, puis en 1805 fonde un Institut pour les enfants de la noblesse et un Gymnase pour les fils de négociants. Dès 1811, il réunit l’Institut et le Gymnase pour en faire un Lycée dont il donne la direction à l’abbé Nicolle, ancien préfet des études au collège Sainte-Barbe et ancien précepteur du fils Choiseul-Gouffier, dont le père était ambassadeur à Constantinople. L’abbé Nicolle s’est installé à Saint-Pétersbourg en 1793 avec autorisation d’ouvrir un institut pour enfants d’émigrés. En fait, en 1806 l’institut reçoit les enfants des plus grands noms de Russie. En 1810, l’abbé Nicolle, chargé de l’inspection des églises catholiques en Nouvelle Russie, se trouve à Odessa. Richelieu le connaît bien. Il ne le laisse pas partir. Il le nomme en 1811 directeur du Lycée en voie de constitution. La plupart des enseignants choisis sont français : Rémi Gillet, professeur de littérature et d’histoire, puis directeur adjoint de Nicolle, l’Abbé Philippe Boivin, professeur de grammaire et de géographie française, professeur de la loi divine catholique romaine, Nicolas Naudot, professeur adjoint de grammaire française et de géographie générale, Rafliche, ancien bénédictin professeur de latin et de grec, Henri Viard, professeur de mathématique et de physique. Mais après le départ de Richelieu, l’abbé Nicolle devra quitter la Russie (en 1820) : il est en butte aux critiques, au sentiment anti-français et anti-catholique qu’entraîne l’éviction des Jésuites.

Le duc de Richelieu rentre en France au moment de la Restauration. Il ne verra pas la construction du Lycée sur les plans conçus par le Français Auguste Ricard de Montferrand (ils ne seront d’ailleurs pas réalisés sous cette forme). C’était primitivement un vaste établissement fermé, d’une conception complexe, très savante, symétrique, comprenant une partie réservée à l’étude, une partie réservée au logement des pensionnaires et une partie réservée au repos sous forme d’un parc. Le projet était énorme et ne put être réalisé faute de moyens. Il aurait été une construction tout ce qu’il y a de plus insolite.

Après un bref intermède, c’est le comte de Langeron qui succède à Richelieu comme gouverneur d’Odessa. La colonie française poursuit son travail civilisateur : en 1817 est inauguré le lycée Richelieu dont le nom est un hommage à celui qui en avait commencé la constitution. Mais Langeron a démérité car il a continué à soutenir les Grecs d’Odessa et leur Filikí Etería qui allait donner au sentiment national grec une forme insurrectionnelle (soulèvements de l’année 1821). Ce n’est pas du goût de l’empereur Alexandre Ier. Langeron est disgracié fin 1821 et remplacé par Mikhaïl Vorontsov. Il rentre en France mais revient ensuite en Russie, soutenu par Nicolas Ier, successeur d’Alexandre Ier. Il mourra à Odessa en 1831, victime du choléra.

Fig. 6 : Place Richelieu et statue du Duc Tous droits réservés
Fig. 6 : Place Richelieu et statue du Duc Tous droits réservés

C’est en 1828 qu’est organisée la place en hémicycle (Fig. 6) au milieu de laquelle est placée la statue du duc de Richelieu en toge romaine, statue réalisée en 1828 par Ivan Martos, l’auteur du monument à Minine et Pojarski à Moscou. C’est sur cette place qu’aboutira le fameux escalier, qui est dessiné par Francesco Boffo dès 1825 mais ne sera réalisé qu’entre 1837 et 1841 par l’ingénieur anglais Upton : il deviendra l’entrée officielle dans Odessa quand on vient de la mer.

Vorontsov s’était fait construire dans les années 1825 un palais que nous avons évoqué. Il était encore dans ce qu’on appelle le style néo-classique. La construction, à la même époque, de l’hôtel de ville, primitivement la Bourse, par Boffo reste encore de ce même style néo-classique.

Mais les années 1830 marquent le début d’un éclectisme qui va se développer largement dans toute l’Europe comme le montre en 1906 la construction de la Bibliothèque municipale.

Mieux encore, l’opéra construit en 1809 sur les plans de Thomas de Thomon, est incendié en 1873. La reconstruction en est confiée à deux Autrichiens, Ferdinand Fellner et Herman Helmer. Il est inauguré en 1887 et tient de l’opéra de Vienne, de celui de Paris et de celui de Milan.

Et puis il y a le fameux Passage, inspiré des passages parisiens dont le modèle a été repris à Saint-Pétersbourg et magnifié à Odessa avec une débauche de sculptures et de décors (Fig. 11). Il est construit par le Polonais Lev Vladek en 1898-1899. C’est un passage couvert reliant deux rues et rempli de boutiques chic comme tous ses homologues. Les auteurs des sculptures sont S. Milman et T. Fischel qui s’en sont donné à coeur joie, comme souvent les sculpteurs d’Europe centrale.

La construction de la capitale du Sud est comparable à celle de Saint-Pétersbourg, la capitale du Nord : elle est le fait du prince, elle constitue un héritage des Lumières, et elle est strictement orthogonale.

A la fin du XIXe siècle, Odessa est la troisième ville de l’empire russe, les deux premières étant Saint-Pétersbourg et Moscou. Comme l’écrivait Pouchkine en exil à Odessa de 1823 à 1824, «on peut y sentir l’Europe » .

Fig. 11 : Passage Tous droits réservés
Fig. 11 : Passage Tous droits réservés

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