via Quand les journalistes lancent la révolution de 1830 | Le Point


La révolution de 1830, ce sont trois jours qui restent marqués dans l’histoire de France comme les Trois Glorieuses qui ont renversé le roi de France.

Par Jérémy MazoyerPublié le 27/07/2014 à 11:29 | Le Point.fr


Tableau d'Eugène Delacroix :"La liberté guidant le peuple"
Tableau d’Eugène Delacroix : »La liberté guidant le peuple »

La Révolution de 1789 apparaît souvent comme la référence en matière de renversement de régime dans l’Histoire de France. Pourtant, elle est loin d’être la seule contestation qui a permis le renversement d’un dirigeant en ce début de XIXe siècle. Ainsi, c’est en pleine Restauration qu’ont lieu les Trois Glorieuses qui mettent fin à l’emprise de la famille des Bourbons sur le trône de France. Charles X, sur le trône depuis 1824 et la mort de son frère Louis XVIII, est forcé de céder au terme de ces trois jours de violences et de révoltes à Paris menées par les bourgeois.

La presse comme déclencheur

Si les bourgeois, les députés et autres républicains sont en première ligne, ce sont d’abord les journalistes et les ouvriers liés au monde de la presse qui déclenchent les Trois Glorieuses. Un sentiment de mécontentement se fait de plus en plus fort autour de la Restauration. Cette dernière est la tentative par les rois descendants de Louis XVI de réinstaurer l’Ancien Régime tout en passant par une monarchie plus constitutionnelle caractérisée par l’adoption d’une Charte. Face à ce mécontentement, le roi Charles X s’impose comme un souverain seul décisionnaire qui ignore le Parlement. Quelques bourgeois, se sentant exclus de la vie politique, commencent à faire entendre leur voix.

Ce sont finalement les ordonnances du 25 juillet 1830 qui lancent véritablement les hostilités. Et pour cause : elles mettent fin à la liberté de la presse et rétablissent la censure. Il n’en faut pas plus aux journalistes pour s’organiser et se lever contre les décisions de Charles X. Le lendemain, 26 juillet, 44 d’entre eux signent un texte de protestation rédigé par Adolphe Thiers, fondateur du National, journal d’opposition au roi. Ils décident de désobéir en tirant et en distribuant leurs publications le 27 juillet, qui constitue le premier jour de ces Trois Glorieuses.

Les patrons des imprimeries laissent leurs ouvriers en congé qui se retrouvent donc dans les rues en ce 27 juillet. En réponse aux publications des journaux, le préfet de police de Paris fait détruire les presses et lance des mandats d’arrêt contre des journalistes. C’est alors que tout s’emballe. Les étudiants républicains viennent en aide aux ouvriers de la presse. Armés, ils s’organisent autour de la place Vendôme. On entend les premiers coups de feu en début d’après-midi pendant que des barricades sont construites. Un mort est à déplorer parmi les révoltés alors que la journée est loin d’être finie.

La violente insurrection parisienne

Nouvelle erreur de Charles X : le placement du maréchal Marmont à la tête des forces armées parisiennes. Connu pour sa trahison de Napoléon à la bataille de Waterloo en 1815, le maréchal ne parvient pas à se faire obéir des vieux soldats de l’armée impériale. Ces derniers grossissent les rangs de l’insurrection. Le nombre de barricades ne cesse de grandir. Le 28 juillet, Paris s’enfonce un peu plus dans le chaos. Les insurgés parviennent à s’emparer de l’Hôtel de Ville, sur lequel apparaît le drapeau tricolore, symbole républicain par excellence. Les morts se comptent par centaines, les blessés par milliers. Les députés tentent de mettre fin aux troubles en demandant à Charles X d’abandonner les ordonnances et de remplacer les ministres. Le refus entraîne une troisième et dernière journée de révolution.

Ce 29 juillet marque la victoire finale des révolutionnaires. Ils s’emparent de nouveaux points stratégiques et symboliques en occupant les Tuileries et le Louvre. Le gouvernement quitte Paris et rejoint le roi Charles X à Saint-Cloud. La réaction du roi est trop tardive puisqu’il ne supprime les ordonnances qu’à la fin de la journée du 29 juillet, lorsque son autorité est définitivement perdue. À Paris, ce sont les députés favorables à une monarchie plus libérale qui dominent les débats. Les républicains ne sont pas assez nombreux et sont trop mal organisés pour faire entendre leur voix.

Le roi de France est déchu, vive le roi des Français !

Le 30 juillet est décisif pour la mise en place d’un nouveau régime. Sous l’impulsion d’un Adolphe Thiers toujours plus important, le duc d’Orléans apparaît comme une solution crédible. Il s’engage à faire respecter la Charte. Son passé révolutionnaire et porteur des couleurs tricolores joue en sa faveur. Le lendemain, Louis-Philippe d’Orléans accepte les fonctions de lieutenant général du royaume. Les occupants de l’Hôtel de Ville l’accueillent à bras ouverts, signant ainsi son acceptation définitive par les révolutionnaires parisiens.

Il s’agit maintenant de s’occuper de Charles X qui est toujours détenteur de la couronne. Cela est fait le 2 août 1830, le dernier des Bourbons abdique et part en exil, laissant le champ libre au duc d’Orléans. La révision de la Charte est actée et Louis-Philippe monte sur le trône le 9 août. Se réclamant du peuple, il prend le titre de roi des Français. Le reste de l’Europe, dans un premier temps sceptique, accepte finalement volontiers le nouveau souverain, ce qui est une façon d’échapper à un éventuel retour de la république.

Il s’agit donc bien d’une nouvelle révolution française. Si le changement de régime n’est pas flagrant, les espoirs d’une monarchie constitutionnelle plus libérale sont forts. Les Français voient en Louis-Philippe un roi à l’écoute du peuple, mais aussi des députés et du pouvoir législatif dans son ensemble puisque le monarque n’a pas pris part à la révision de la Charte qui lui est imposée. Les journalistes, à l’origine de ce mouvement, s’alignent sur l’opinion générale et se contentent de cette Charte qui leur laisse la liberté d’expression nécessaire. C’est à la suite de cet événement à la fois bref et sanglant que s’installe en 1830 la monarchie de Juillet.

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