– La première croisade fonda l’unité de l’Europe –
De toute part, vers la fin du XI° siècle, l’Eglise triomphait dans l’Europe par l’épée des Français. En Sicile et en Espagne, en Angleterre et dans l’empire grec, ils avaient commencé ou accompli la croisade contre les ennemis du pape et de la foi.
Toutefois, ces entreprises avaient été trop indépendantes les unes des autres, et aussi trop égoïstes, trop intéressées, pour accomplir le grand but de Gregoire VII et de ses successeurs : l’unité de l’Europe sous le pape, et l’abaissement des deux empires. Pour approcher de ce grand but de l’unité, il fallait que l’Église s’en mêlât, que le christianisme vint au secours. Le monde du onzième siècle avait dans sa diversité un principe commun de vie, la religion; une forme commune, féodale et guerrière. Une guerre religieuse pouvait seule l’unir; il ne devait oublier les diversités de races et d’intérêts politiques qui le déchiraient qu’en présence d’une diversité générale et plus grande; si grande qu’en comparaison toute autre s’effaçât. L’Europe ne pouvait se croire une et le devenir qu’en se voyant en face de l’Asie. C’est à quoi travaillèrent les papes, dès l’an 1000. Un pape français, Gerbert, Sylvestre II, avait écrit aux princes chrétiens, au nom de Jérusalem. Grégoire VII eût voulu se mettre à la tête de cinquante mille chevaliers pour délivrer le saint sépulcre. Ce fut Urbain II, Français comme Gerbert, qui en eut la gloire. L‘Allemagne avait sa croisade en Italie ; l’Espagne chez elle-même. La guerre sainte de Jérusalem, résolue en France au concile de Clermont, prêchée par le Français Pierre L’Ermite, fut accomplie surtout par des Français. Les croisades ont leur idéal en deux Français: Godefroi de Bouillon les ouvre; elles sont fermées par saint Louis. Il appartenait à la France de contribuer plus que tous les autres pays au grand événement qui fit de l‘Europe une nation.