via ROBERT GUISCARD – Encyclopædia Universalis
Fils aîné du second mariage de Tancrède, seigneur de Hauteville-la-Guichard (Cotentin). Plusieurs des demi-frères de Robert Guiscard sont partis dans les années 1030 faire fortune en Italie méridionale : Guillaume Bras-de-Fer (1042-1046), puis Dreu (1046-1051) et Onfroy (1051-1057) ont pris la tête des bandes normandes qui, à partir de Melfi, conquièrent les territoires byzantins d’Italie du Sud. Robert arrive dans la région vers 1046, se met au service du prince de Bénévent, puis se livre pour son propre compte à des opérations de pillage et de conquête dans la Calabre byzantine. En 1057, il succède à Onfroy comme duc et partage la Calabre avec son frère Roger, futur comte de Sicile. Il jure fidélité au pape réformateur Nicolas II à Melfi (1059), s’empare de Reggio en 1060 et de Bari, capitale de l’Italie byzantine, en 1071. Dès 1060, il a entrepris avec Roger la conquête de la Sicile musulmane ; Palerme est prise en 1072. Il étend aussi sa domination sur les Abruzzes, au détriment de Grégoire VII, avec qui il se réconcilie en 1080. Amalfi en 1072, Salerne et sa principauté en 1077 tombent en son pouvoir. Il se lance en 1081 avec son fils Bohémond à la conquête de l’Épire (Durazzo, 1082) et de la Thessalie, mais doit rentrer en Italie pour mater une rébellion de ses vassaux et secourir Grégoire VII, assiégé par Henri IV : en 1084, les Normands saccagent Rome, Grégoire VII se retire à Salerne. Robert meurt en reprenant son expédition balkanique.
Il a fondé le duché de Pouille (dont le comté de Sicile est vassal), qui couvre toute l’Italie méridionale, sauf Naples et la principauté de Capoue. Sa principauté féodale, qui réunit des territoires lombards, byzantins et musulmans, est la base du royaume de Sicile de son neveu Roger II. La féodalité normande et l’Église latine réformatrice assurent à cet ensemble une cohésion encore fragile, que le duc Roger (1085-1111), fils de Robert et de la Lombarde Sykelgaite, préservera très difficilement.
Écrit par : Jean-Marie MARTIN : maître assistant à l’université de Paris-I