Mahomet et Charlemagne (Henri Pirenne, 1937)

Descriptif
Quatrième de couverture – Edition Tempus Perrin 2016

La thèse qui a bouleversé la perception du Haut Moyen Age occidental et compte désormais parmi les classiques.
Selon Henri Pirenne, l’avancée de l’islam serait à l’origine de la rupture avec l’Antiquité. Séparant définitivement l’Orient et l’Occident, elle aurait mis fin à l’unité méditerranéenne et repoussé l’axe de la civilisation du Sud vers le Nord.
L’État franc, confiné au Nord, aurait donné naissance à un monde nouveau : le royaume mérovingien, dans lequel la dynastie des Carolingiens s’imposait. Le Moyen Age commençait.
Et Pirenne de conclure par cet aphorisme célèbre : » Sans l’islam, l’Empire franc n’aurait sans doute jamais existé, et Charlemagne sans Mahomet serait inconcevable. « Cette thèse, qui aujourd’hui encore suscite de nombreux débats, occupa Henri Pirenne durant les vingt dernières années de sa vie. Elle compte désormais parmi les classiques.
Un mot de l’auteur
Médiéviste belge, Henri Pirenne, qui a inspiré l’Ecole des Annales, est l’une des grandes figures de la résistance non violente à l’occupation allemande de la Belgique durant la Première Guerre mondiale. Il est notamment l’auteur de l’Histoire de Belgique et de l’Histoire de l’Europe, des invasions au XVIe siècle.
EXTRAIT – page 132 du pdf
De tous les États fondés en Occident par les Germains à la fin du Ve siècle, dans le bassin de la Méditerranée, les deux plus brillants au début, les royaumes vandale et ostrogoth, étaient tombés sous les coups de Justinien.
Les Francs étaient restés indemnes. Quant aux Lombards, il avait semblé un instant qu’ils allaient reconstituer le royaume d’Italie à leur profit. L’obligation où s’était trouvé l’Empire byzantin de se défendre contre les Perses avait favorisé leur entreprise ; il avait dû recourir contre eux à l’alliance franque qui ne s’était pas montrée sans danger. Pourtant la victoire d’Héraclius faisait présager une reprise de l’offensive byzantine, quand, tout à coup, l’Islam avait fait irruption.
Devant lui, l’Empire avait reculé définitivement. Il avait perdu l’Afrique et ses possessions d’Italie étaient menacées par les Musulmans établis en Sicile. Les Wisigoths avaient été anéantis. Les Francs entamés au sud s’étaient repris à Poitiers, mais n’en avaient pas moins été coupés de la mer. Seuls les Lombards n’avaient pas encore reçu les coups de l’Islam qui, au contraire, les avait favorisés d’une part, en desserrant l’emprise de Byzance obligée de faire front à l’est et, d’autre part, en les protégeant contre le péril franc.
C’était à la France pourtant, qui avait arrêté en Occident l’expansion continentale de l’Islam, qu’il était réservé de reconstituer l’Europe sur des bases nouvelles. D’elle dépendait l’avenir.
Mais la France, telle qu’elle apparaît à ce moment est bien différente de celle des Mérovingiens. Son centre de gravité n’est plus dans la Romania. Il s’est déplacé vers le Nord germanique et, pour la première fois, apparaît avec elle une force politique cessant de graviter vers la Méditerranée où domine l’Islam. Avec les Carolingiens, c’est une nouvelle orientation définitive que prend l’Europe.
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